"Il y a un vrai problème": la grosse colère du président du syndicat des coureurs après la chute au Pays basque

Comment réagissez-vous après l'énorme chute survenue ce jeudi sur le Tour du Pays Basque ?
Ce n'est pas d'aujourd'hui que je parle de sécurité. Ça fait déjà 5 ou 6 ans. Et cette année, c'est bien pire parce que l'évolution technologique fait qu'aujourd'hui ça roule plus vite. Le matériel qui est mis à disposition des coureurs pose un vrai problème. Il y a du matériel qui n'est pas adéquat par rapport au très haut niveau et ça c'est juste pas normal. Voilà aujourd'hui il y a un vrai problème et je pense qu’il va falloir se mettre autour d'une table et puis faire des états généraux sur la sécurité et là je ne parle pas uniquement de l'urbanisme. Aujourd'hui, le matériel mis à disposition des coureurs est tellement avant-gardiste, technologique, parce que les vélos sont de plus en plus rigides et aéros. On a travaillé sur les positions des coureurs, les vélos, mais aujourd'hui on voit qu'on leur met à disposition des cintres de plus en plus étroits. Le freinage à disque pose problème. Sur du freinage d'anticipation, c'est merveilleux. Mais dès que vous êtes dans du freinage d'urgence et que l'instinct de sauvegarde fait que vous êtes dans le blocage, immédiatement vous partez à la faute parce que vous gardez de l'adhérence.
Les freins à disques semblent cristalliser pas mal de tensions ?
Sur la sécurité, la première bataille qu'on a perdue, c'est celle des freins disques. Et aujourd'hui, on en voit les conséquences. Alors les industriels vous diront, mais non, mais non, vous sortiront des études pour nous montrer que c'est faux. Moi je vous dis que c'est vrai aujourd'hui.
L'image de la chute de Vingegaard est quand même terrible à voir...
Mais c'est pareil pour tous les coureurs. Parce que là on est sur un des meilleurs coureurs du monde, on en parle, mais on a eu un mort l'année dernière (Gino Mäder). On a des accidents partout.
L’UCI doit légiférer ?
L’UCI n'est pas seule dans l'histoire sauf que c'est notre organe de régulation et à un moment donné il faut qu’elle le montre. Rappelez-vous la F1. A un moment tout le monde s’est mis autour d'une table pour ralentir les véhicules. Elle a interdit les moteurs turbo, elle est revenue sur de l'atmosphérique, elle a imposé des pneumatiques identiques pour toutes les équipes. Et tout ça sur sur une seule obligation : la sécurité de leurs pilotes.
Les coureurs aussi sont parfois pointés du doigt, surtout les jeunes ?
La faute, elle appartient à tous. La sécurité, c'est l'affaire de tous. C'est exactement pareil. Regardez les polémiques sur l'histoire de Paris-Roubaix. On a fait une chicane pour ralentir les coureurs. Mais bon sang, les coureurs, ils ont des freins. Ils ont le droit de les utiliser aussi aussi. Il y a des coureurs qui passent de junior à professionnel, et y a de moins en moins d'éducation, il y a de moins en moins de formation. Alors on va mettre des cartons jaunes et rouges parce que les coureurs le demandent. Ils disent, Pascal, il faut absolument qu'on trouve un moyen de sanctionner les coureurs. Je leur dis, il y a peut-être les cartons jaunes pour éduquer. Donc on va mettre en place des cartons jaunes. Ça c'est une très bonne chose. Ça va dans le bon sens.
Les industriels aussi ont leurs torts ?
Ce sont les premiers fautifs. Aujourd'hui, les industriels ont voulu complètement modifier le parc cycliste mondial. Ils ont réussi. Ils vendent plus de vélo à patins, ils vendent que des vélos à disques. Très bien. Mais aujourd'hui, les premiers tributaires de la situation c’est nous. A un moment donné il va falloir être fort et se dire là il y a un problème et le problème c'est pas d'aujourd'hui qu'on le dit.