Madiot, l’obsédé du pavé

Marc Madiot - -
Le débit s’accélère. La voix monte dans les tours. Quand Paris-Roubaix approche, difficile pour Marc Madiot de cacher son excitation. Car « l’Enfer du Nord », le directeur sportif de la FDJ-BigMat connaît. Mieux il vit, mange et respire pour la reine des classiques. « Il y a une espèce d’aura qui entoure cet évènement. J’aime l’ambiance d’avant-course, du départ ou pendant la course, explique-t-il. Beaucoup de gens vont dire que je suis cinglé, et que le vrai vélo ce n’est pas ça. Mais le vrai vélo c’est du suspens, de l’adrénaline, des retournements de situation. Il se trouve que dans Paris-Roubaix, il y a tout ça multiplié par dix. »
L’histoire d’amour entre Madiot et Paris-Roubaix ne date pas d’hier mais trouve ses origines dans les débuts du coureur dans l’équipe Renault, au début des années 80. Et va être définitivement officialisée en 1985, date du 1er sacre du Mayennais sur le vélodrome nordiste. Un exploit qu’il rééditera 6 ans plus tard, mais qui ne le rend pas pour autant nostalgique. « Les trophées ? Ils sont quelque part à Renazé dans ma maison, glisse-t-il. Je ne sais même pas où mais ils ne sont pas mis en valeur car ce n’est pas l’heure. Je ne suis plus dans le présent. Le passé m’intéresse mais sans plus. »
Chainel : « Le chef est à fond ! »
Meneur d’hommes de génie, capable de coups de gueule mémorables comme de moments de très grande proximité avec ses coureurs, le technicien de 52 ans n’a plus qu’une envie : voir un de ses protégés s’imposer ce dimanche. Ce goût du succès « par procuration », Madiot l’a déjà vécu en 1997 grâce à Frédéric Guesdon, qui disputera sa dernière course ce dimanche. « C’est presque mieux quand on est directeur sportif, avoue-t-il avec malice. Car quand on est coureur, on sait qu’une fois la ligne passée, le lendemain on aura mal aux jambes et que quelques jours après il va falloir recourir. Quand on est directeur sportif, on peut apprécier davantage. »
Lui, l’ancien spécialiste des courses d’un jour, champion de France en 1987, n’a en tout cas pas besoin de chercher ses mots pour motiver ses troupes. « Le chef est à fond, lance Steve Chainel, coureur à la FDJ-BigMat. C’est sa course, on le sait tous. Il a envie de nous faire partager son expérience, ses émotions. Automatiquement, on est pris au jeu. » Et même si le succès n’est pas au rendez-vous cette année, Madiot reviendra dans un an. Avec toujours la même flamme dans les yeux.