Mondiaux de cyclisme: "3-4 jours pour nous sentir bien", taux d'humidité, altitude, pollution... ils racontent leur expérience au Rwanda

267 km pour 5.475 mètres de dénivelé positif chez les hommes, 164 km pour 3.350m de dénivelé positif chez les femmes, ajoutez à ça 30 degrés, un taux d'humidité pouvant monter jusqu'à 80% et 1.500 mètres d'altitude. "On est bien mieux dans la voiture ou à commenter!", sourit Thomas Voeckler, sélectionneur de l'équipe de France masculine, invité de Grand Plateau lundi 15 septembre.
Habitués à courir en Europe, les coureurs découvrent, pour certains, le Rwanda, tout premier pays du continent africain à accueillir des championnats du monde de cyclisme. Mais le pays des mille collines n'est pas un novice dans l'organisation de courses cyclistes puisqu'il organise chaque année le Tour du Rwanda, épreuve par étapes souvent destinée aux espoirs du cyclisme.
Ugo Fabries a participé à l'édition 2025 avec la continentale de la Team UAE. "On n'avait rien fait de particulier parce que c'était le début de saison mais c'est vrai que si j'avais été amené à faire les championnats du monde, j'aurais fait une acclimatation. C'est l'humidité qui n'est pas du tout la même. Il nous avait bien fallu trois ou quatre jours pour nous sentir bien", raconte le Toulousain de 20 ans. En moyenne, le taux d'humidité depuis un mois est d'environ 65% à Kigali, avec des pics à 80%. Supportable mais tout de même un facteur à prendre en compte pour Jordan Jegat, dixième au classement général du dernier Tour de France. Il sera au départ de la course en ligne dimanche. "En termes de performance, il y a quand même une réelle différence. Rien qu'au niveau de la transpiration. Ca crée du stress à l'organisme parce que c'est différent de ce qu'on peut connaître", explique le coureur de TotalEnergies, venu rouler un mois au Rwanda l'année dernière. "Il pouvait faire 35 degrés et d'un coup, on se prenait une averse d'une demi-heure."
1.500 mètres d'altitude et mauvaise qualité de l'air
Pour aller chercher le si convoité maillot arc-en-ciel, les coureurs devront aussi faire avec l'altitude. La capitale du Rwanda est déjà située à 1.500 mètres et la course connaîtra un passage à 1.800, à 90 km de l'arrivée. "Là où le slovène (Tadej Pogacar) devrait s'en aller", selon Thomas Voeckler. Pour Jordan Jegat, l'altitude ne sera pas un facteur clé dimanche. "Je ne pense pas qu'on soit en déficit d'oxygène à 1.500 mètres d'altitude. J'ai vu pas mal de gens en parler mais j'ai regardé le parcours, on n'a que sept kilomètres où on passe à plus de 1.500 mètres, donc je ne suis pas sûr que ça joue réellement sur la course."
Ce qui pourrait jouer, c'est surtout la qualité de l'air, très pollué au Rwanda. Selon les mesures de la pollution de l'air à Kigali, respirer en extérieur cette semaine dans la capitale équivaut à fumer 7,5 cigarettes. "Je pense que la qualité de l'air n'est pas optimale", déclarait Urska Zigart, qui court pour la sélection slovène, après le contre-la-montre mercredi. La compagne de Tadej Pogacar a aussi exprimé ses difficultés à s'acclimater, toussant après chaque entraînement. Une forte pollution liée à plusieurs facteurs, notamment le trafic routier. "C'est vrai qu'en ville, il y a beaucoup de motos, de taxis-motos, des vieux véhicules", se remémore Joris Delbove, lui aussi au départ du Tour du Rwanda 2025, pour la TotalEnergies. La localisation de la capitale, située au cœur d'une vallée, qui bloque la dispersion des polluants, n'arrange pas la situation.
Soit des routes neuves, soit des chemins
Autre point qui questionnait: l'état des routes. Jordan Jegat a pu en faire le tour l'année dernière. "C'est tout l'un ou tout l'autre. Soit c'était vraiment des routes très bien goudronnées ou alors des routes en chemin, il n'y avait pas trop d'entre-deux. Chez nous, il y a un peu tous types de routes, alors que là-bas, ce sont soit de belles routes neuves ou alors des chemins."
Pour la course en ligne, les coureurs ne devraient emprunter que des belles routes où des milliers de Rwandais ont déjà prévu de se réunir. 'Au Tour du Rwanda, chaque fois qu'on passait dans un village, je pense que tous les habitants du village étaient dehors", se souvient Ugo Fabries. Nul doute que tous les yeux seront rivés sur Tadej Pogacar, qui pourrait se montrer revanchard après son énorme contre-performance sur le contre-la-montre.