RMC Sport

Mondiaux de cyclisme: comment capitaine Voeckler a vécu le triomphe d'Alaphilippe

placeholder video
Au lendemain du sacre mondial de Julian Alaphilippe, le héros a posé le pied en France avec l'équipe et son sélectionneur, Thomas Voeckler, encore admiratif de la partition collective récitée à la perfection par ses troupes.

Les héros sont de retour au pays. Hormis quelques caméras, l'équipe de France de cyclisme a atterri à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle sans comité d'accueil, lundi midi au lendemain du sacre mondial de Julian Alaphilippe, 23 ans après le dernier en date pour un Français, arraché par Laurent Brochard en 1997. L'évènement est pourtant de taille. L'émotion aussi après le rush final du héros du jour amorcé dans les cent derniers mètres de la Cima Gallisterna, à 12 kilomètres de l'arrivée. 

"Je me refusais d'y croire à sept kilomètres de l'arrivée même si je savais que c'était bon, raconte Thomas Voeckler, le sélectionneur. Puis, à deux kilomètres je me suis dit: 'sauf s'il tombe ou s'il a un pépin mécanique, c'est bon vu la situation de la course'."

"L'impression qu'ils couraient ensemble depuis dix ans"

Nommé à la tête de la sélection en juin 2019 en remplacement de Cyrille Guimard, Voeckler a encore loué la performance collective parfaite de ses troupes. "On est un sport individuel mais dans une équipe, rappelle-t-il. Nous ne sommes pas une équipe de France de foot ou de rugby où les mecs sont réunis une dizaine de fois dans l'année. Il faut bien se mettre dans la tête que les gars sont adversaires toute l'année, courent pour des équipes de marque qui mettent de l'argent pour porter haut les couleurs de leur sponsor. Et, en une journée, on leur demande de courir en équipe sans oreillette, sans possibilité de communiquer avec eux durant la course. C'est mon job de faire cette cohésion mais à ce niveau là, ils ont été énormes. Ils ont adhéré à mon discours certes, mais on a l'impression qu'ils couraient ensemble depuis dix ans."

L'ancien porteur du maillot jaune sur le Tour de France en 2004 et 2011 a fait part de sa "fierté" et du respect des consignes des coureurs qu'il avait impliqués dans la stratégie du jour. "Ils ont fait ce que j'ai demandé mais après, il faut les jambes pour l'appliquer", souligne-t-il. "Je suis fier de la façon dont on a gagné, répète-t-il. L'année dernière, j'avais la même conviction mais on avait fait 28e (Alaphilippe, le premier Français Tony Gallopin avait fini 23e). Si je suis là en train de vous répondre, c'est parce que ça a marché et peut-être que l'an prochain, ça ne marchera pas. Je crois en ce que je fais et je prends énormément de plaisir surtout avec un groupe comme on a eu ce week-end."

"Je ne suis même pas allé voir Julian après l'arrivée"

Voeckler raconte aussi les derniers moments de la course qu'il a pris soin de vivre, seul ou presque. Il a ainsi quitté sa voiture de suiveur pour se poster à l'arrivée. "Ça fait longtemps que je m'étais dit: 'si un jour, on est en bonne position, je veux que ce soit un moment à moi pour analyser'", explique-t-il. Je me suis foutu assis par terre contre une grille, devant l'écran géant, juste avec Manu Brunet de la FFC. Dans les dix derniers kilomètres, si on a échangé deux phrases, c'est le maximum. Le truc était fait, il n'avait plus qu'à appuyer sur les pédales. C'était à la fois très collectif mais aussi personnel. J'ai dû hurler deux fois dans les dix derniers kilomètres. Je ne suis même pas allé voir Julian après l'arrivée, j'attendais plus les autres, les équipiers. J'avais plus à coeur de dire merci à ses équipiers qu'à lui parce qu'il y a assez de gens qui vont lui cirer les pompes. Je ne suis pas là pour ça." Le tout dit très calmement avant d'inviter Julian Alaphilippe, présent à proximité, à se joindre à lui pour l'étreindre.

NC avec Valentin Jamin