Pavel Sivakov: "Mes meilleures années sont à venir"

Pavel, on vous voit très souriant, on vous sent heureux et épanoui dans cette équipe. Vous nous confirmez que c’est bien le cas ?
Pavel Sivakov: Oui c’est vraiment le cas. En 2024, j’ai pris énormément de plaisir et ça c’est très bien passé. Du coup je me sens très bien, je suis épanoui et j’ai hâte d’attaquer 2025. Tout va bien.
La saison 2024 ponctuée d’une victoire d’étape au Tour des Abruzzes et de plusieurs belles place d’honneur a un peu été une année charnière pour vous. Vous la voyez comme un coup de boost pour la suite ?
Oui, ca a été une très belle année. Après six ans chez Ineos, j’avais vraiment besoin de ce changement. J’en ai vraiment parlé l’hiver dernier et ça a été le cas, ça a été confirmé. En tant qu’équipier de Pogacar, c’est la première fois que je fais partie d’une équipe qui gagne le Tour de France et ça c’est exceptionnel, je mesure vraiment ma chance. D’avoir été sur le podium à Nice c’était exceptionnel. Sur le plan personnel, j’ai senti que j’avais passé un cap physiquement. J’ai retrouvé le plaisir d’attaquer, de tenter des choses, de jouer la gagne. Quelques fois il m’a peut-être manqué cet instinct de "killer" pour lever les bras, mais comme vous dîtes, c’est une année charnière pour retrouver ce plaisir sur le vélo. J’ai 27 ans, mes meilleures années sont à venir. J’ai hâte de voir ce que 2025 va donner.
"Pogacar a une aura de dingue"
Vous parlez de Tadej Pogacar que vous avez épaulé depuis l’an passé, il vous fait forcément progresser ?
Il a une aura de dingue. On sait tous pourquoi on est là, il n’a même pas besoin de parler pour nous faire savoir qu’il est le boss sur les courses. Mais nous on respecte ça énormément notamment parce qu’on sait que ça va presque toujours scorer et qu’il va lever les bras en montagne. C’est un plaisir pour nous. Sur le Tour, le groupe était exceptionnel. L’alchimie qu’on a créé entre nous joue énormément. On a passé trois semaines à rigoler. Un leader relax comme lui, ça nous enlève de la pression et c’était vraiment super.
Sans faire injure au travail probablement colossal que vous abattez à l’entraînement, on a l’impression que tout n’est qu’un jeu avec UAE ?
On prend ça très sérieusement. En amont, on bosse dur et on se prépare hyper professionnellement. On fait tout ce qu’on doit faire en termes de nutrition et d’entraînement mais après en course, c’est du plaisir, c’est du sport. C’est notre travail mais c’est aussi notre passion. De l’extérieur, ça peut paraître être un jeu mais c’est vrai on s’amuse, on se régale vraiment sur le vélo et c’est le plus important.
En 2025, vous espérez passer un cap supplémentaire. Quels seront vos objectifs personnels ?
J’aimerais remporter des épreuves World Tour, que ce soit des courses d’un jour ou par étapes, ça me ferait passer un cap dans ma carrière et ça serait une saison réussie pour moi. Je l’ai déjà fait dans le passé de gagner en World Tour, mais je n’ai jamais confirmé après. J’aimerais vraiment retrouver la gagne à très très haut niveau. Et puis bien sûr l’objectif sera de retourner sur le Tour de France et de jouer la gagne avec Tadej.
"Je me sens vraiment Français"
Vous êtes le petit frenchie dont on ne connaît pas vraiment le nom car vous avez été naturalisé en 2022, mais depuis vous avez déjà connu les joies de l’équipe de France pour les championnats du monde en 2022 et en 2024. En 2025 au Rwanda, ce sera aussi un objectif ?
J’ai déjà porté le maillot de l’équipe de France à deux reprises, et ça m’a même étonné. J’ai été surpris quand j’ai fait le switch de la Russie pour la France en 2022. Thomas Voeckler m’a appelé directement. J’avais un peu d’appréhension, je ne savais pas trop comment on allait m’accueillir mais finalement c’était super, en Australie en 2022 comme en Suisse en septembre dernier. Retrouver l’équipe de France en 2025 fait aussi partie de mes objectifs bien sûr. A moi d’être performant pour y retourner.
Être né Russe, mais avoir passé le plus clair de sa vie en France (en Haute-Garonne près de Saint-Gaudens) depuis votre plus tendre enfance vous fait forcément vous sentir Français. Pourtant sur les routes la ferveur ne vous accompagne pas forcément. Vous imaginez un jour être aussi populaire dans l’Hexagone qu’un Romain Bardet ou qu’un Thibaut Pinot ?
Autant que Thibaut Pinot, non. Je suis Français c’est sûr, j’ai grandi en France, mais j’ai toujours mon nom, Sivakov. Mes parents sont Russes donc je n’ai pas le nom français même si moi je me sens vraiment Français. Je suis allé à l’école en France, j’ai appris le vélo en France. Mais je suis réaliste, ça ne pourra jamais être pareil qu’un Thibaut Pinot. Mais ça me ferait énormément plaisir d’avoir plus de ferveur sur le Tour, ça serait très agréable, ça serait quelque chose de rêvé.