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Apprentissage, victoire d'étape... ce serait quoi un premier Tour de France réussi pour Paul Seixas en 2026?

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Le Tour de France 2025 tout juste terminé, les regards se tournent déjà vers l'édition 2026, qui pourrait donner lieu aux grands débuts du prodige français Paul Seixas (18 ans). Consultants pour RMC, Jérôme Coppel et Jérôme Pineau sont convaincus qu'il doit y aller, sans se fixer un quelconque objectif au classement général.

Le voilà enfin débarrassé. Plus de long périple en bus, plus de journée à subir le froid ou la pluie, plus de protocole interminable et plus de guéguerre médiatique avec Jonas Vingegaard ou les Visma (à défaut d’en avoir une sur le vélo). Tadej Pogacar, glouton devenu boudeur, a tellement exprimé sa lassitude vis-à-vis du Tour de France qu’il doit savourer ces premières heures loin de la lessiveuse de juillet. Un peu de repos en attendant d’en savoir plus sur son calendrier de fin de saison, et ses intentions, aussi, à court et moyen terme. Son usure mentale le poussera-t-elle à faire l’impasse sur le Tour 2026? Ou reviendra-t-il chatouiller l’histoire de son sport pour aller chercher le record de cinq victoires partagé par Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain? Et puis, rêvons grand, peut-être voudra-t-il voir à l’œuvre ce petit nouveau aux dents longues que beaucoup imaginent le détrôner à l’avenir.

Un casting réunissant Tadej Pogacar et Paul Seixas aurait de quoi réchauffer une ambiance un brin refroidie cet été. Tout cela ne relève encore que de l’hypothèse, même si Dominique Serieys, directeur général de Decathlon-AG2R La Mondiale (Decathlon CMA CGM à partir du 1er janvier 2026) a récemment semé quelques indices au micro de RMC. "Je suis favorable à ce qu'il fasse le Tour de France", et ce dès 2026", a-t-il déclaré au sujet de celui qui suscite bien des espoirs auprès d’un public cocardier qui n'en peut plus d'attendre un héritier à Bernard Hinault, dernier coureur tricolore à avoir remporté le Tour en 1985. "Si vous ne le faites pas, vous ne prenez pas de l'expérience", avait complété Serieys, alors que l’objectif affiché de Decathlon CMA CGM est de gagner le Tour à l’horizon 2030. Avec un projet ambitieux articulé autour de Seixas, 19 ans en septembre et un potentiel dingue à même de relancer la machine à fantasmes.

Coppel croit à une victoire d'étape et un top 15

Champion du monde juniors du contre-la-montre, propulsé chez les pros sans passer par la case espoirs, le Lyonnais à la bouille juvénile n’en finit plus de sauter les classes, à l’image de sa 8e place finale obtenue en juin sur le Critérium du Dauphiné. Parce qu’il affiche une maturité jamais vue en France et rare à l'international, certains estiment qu’il serait pertinent de l’aligner rapidement sur le Tour, quitte à zapper le Giro ou la Vuelta, là où les grands espoirs ont l’habitude d’être envoyés pour se tester. "Il faut arrêter de dire que ça pourrait le cramer. C’est totalement faux. Il est bien entouré et l’idée ce serait qu’il y aille sans pression, avec comme premier objectif de le terminer, pour prendre de la caisse sur une course de trois semaines. Il serait là pour tenter des choses, sans penser au général", souligne notre consultant RMC, Jérôme Coppel.

Paul Seixas à l’issue de sa troisième place sur le contre-la-montre des championnats de France, le 26 juin 2025
Paul Seixas à l’issue de sa troisième place sur le contre-la-montre des championnats de France, le 26 juin 2025 © AFP

"Il faut qu’il apprenne à découvrir le Tour et tout ce que ça représente: la pression médiatique, le public, un plateau ultra relevé, les hélicoptères, les bordures, etc... Ce serait normal qu’il connaisse des trous d’air mais il a besoin de cette préparation. Le Giro et la Vuelta, c’est très bien, mais ce n’est pas du niveau du Tour. Si ton but est de gagner le Tour, il faut aller sur le Tour", appuie Coppel, curieux de voir Seixas se jauger en haute montagne et sur le chrono, son terrain de jeu favori. "Je vais peut-être aller loin, mais ça ne me surprendrait pas qu’il remporte une étape du Tour dès l’année prochaine et qu’il finisse dans le top 15. Avec le talent qu’il a, il en est capable", conclut-il. Garçon posé et réfléchi, Seixas est-il toutefois prêt à encaisser si jeune la charge mentale d’une course aussi exigeante que le Tour?

Et d’un point de vue physique, ne prendrait-il pas le risque de bousculer sa courbe de progression? S’il faut parfois se méfier du jeu des comparaisons, Pogacar s’était d’abord attaqué à la Vuelta, en 2019, où il avait révélé toute sa classe en repartant avec trois étapes, le maillot de meilleur jeune et la troisième place du général. C’était seulement une année avant de s'imposer sur le Tour dès sa première participation. Nouveau protégé d’UAE Emirates, le Mexicain Isaac Del Toro (21 ans) a lui aussi commencé par le Tour d’Espagne en 2024, dans un rôle de soldat au soutien de ses leaders, avant de prendre date pour l’avenir en terminant deuxième du Giro au printemps. Un résultat remarquable qui aurait pu pousser ses dirigeants à l’amener sur le Tour cet été. La question s’est posée, mais le choix de la patience a pris le dessus.

Risqué de découvrir si jeune le Tour?

Autre exemple encore plus marquant: Remco Evenepoel a lui carrément attendu de vivre quatre Grands Tours - et d’ajouter quelques lignes à son palmarès dont un titre de champion du monde en ligne et un autre du chrono - avant de se présenter pour la première fois au départ de la Grande Boucle, en 2024. Le Belge avait répété qu’il ne voulait surtout pas être ce gamin surdoué qu’on jette dans la fosse aux lions. "Chacun est différent et moi je pense que Seixas doit essayer le Tour l’an prochain, avec une grosse équipe autour de lui. Pas pour décrocher une bonne place au général mais pour qu’il apprenne auprès des meilleurs", souligne l’ex-coureur et manager Jérôme Pineau, aujourd'hui consultant pour RMC.

"Réussir son premier Tour de France, ce serait déjà le finir indemne. Sans blessure ni grosse chute. Après, je l’imagine bien se montrer sur deux ou trois étapes, signer un bon chrono face au gratin mondial, et tenter des coups en montagne. S’il vient sur le Tour dès 2026, ce sera uniquement pour apprendre et prendre de l’expérience. Un jour viendra où il sera leader unique de son équipe avec l'ambition de gagner le Tour. Ça passe par cette découverte l’an prochain, avec l’idée de se mesurer sans pression à ce qui se fait de mieux." En rêvant, par exemple, à de premières batailles face à Pogacar.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport