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Comment Geraint Thomas est passé de pistard à vainqueur du Tour de France

Troisième de la 20e étape du Tour de France ce samedi, Geraint Thomas a conservé son maillot jaune à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées. Ancien spécialiste de la piste et champion olympique, le coureur britannique va remporter la plus prestigieuse course de sa carrière.

La passation de pouvoir entre Chris Froome et son équipier chez Sky devrait donc bien avoir lieu ce dimanche après l’arrivée du Tour de France sur les Champs-Elysées. Ce samedi, Geraint Thomas a conservé son maillot jaune à l’issue de la 20e étape de la course et s’est un peu plus rapproché d’une première victoire sur la Grande Boucle. Après Paris-Nice en 2016 et le Critérium du Dauphiné en juin dernier, le Gallois va atteindre la consécration.

Le maillot jaune pour un pistard en or

Cette victoire annoncée de l’habituel lieutenant de Chris Froome au sein de l’équipe Sky symbolise encore la réussite de tout le cyclisme britannique aussi bien sur piste que sur route. Avant même ses débuts pro en 2006, Geraint Thomas avait déjà fait parler de lui parmi les pistards avec plusieurs titres en poursuite ou en course scratch. Intégré à l’équipe nationale britannique, il participe aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 et y rafle l’or en poursuite par équipe avec un certain Bradley Wiggins, lui aussi vainqueur du Tour. La même année, il remporte le titre mondial dans la même catégorie. "J’ai fait les JO en 2008 à Pékin. Il était dans la poursuite qui a gagné, se souvient Christophe Riblon au micro de RMC. À cette époque il ne faisait pas beaucoup de route encore mais je n’ai pas été étonné de le voir arriver sur la route."

Quatre ans plus tard au Jeux de Londres, Geraint Thomas et l’équipe de Grande-Bretagne doublaient la mise en poursuite. A cette époque-là, le Gallois poursuivait aussi sa carrière professionnelle au sein de l’équipe Sky mais avait pris un peu de recul pour cette olympiade à domicile.

Riblon: "La piste est un vrai plus"

Et pour cause, si le passage de la piste aux courses sur route peut sembler risqué, Christophe Riblon y trouve de la complémentarité. "La transition de la piste à la route elle est complètement faisable, on l’a largement prouvé par le passé, a poursuivi l’ancien coureur français. Il y a eu Wiggins, il y en a eu d’autres, des coureurs comme moi, j’ai gagné à l’Alpe d’Huez. Geraint Thomas, il ne s’est pas préparé pour le Tour de France sur la piste. Il se sert de ses acquis au niveau musculaire et vasculaire pour les transformer sur la route. Je pense même que c’est un vrai plus."

Bien aidé par une équipe Sky capable d’investir beaucoup de ressources pour développer des entraînements spécifiques et mettre ses coureurs dans de bonnes conditions, Geraint Thomas n’a jamais cessé de progresser.

La poursuite offre du coffre pour les rouleurs

Son passé de spécialiste de la poursuite lui a donc permis de gravir les échelons dans le peloton. Sur la piste, Geraint Thomas enchaînait les kilomètres. Depuis son passage définitif sur route c’est la même chose. Les étapes de presque 200 km ne paraissent pas l’effrayer et très rapidement, ses qualités en contre-la-montre sautent aux yeux. "C’est avant tout un homme d’endurance qui a toujours fait des courses de 250 km, abonde François Pervis, septuple champion du monde sur piste. Plusieurs fois par an et il vient sur piste de temps en temps pour parfaire son intensité, sa puissance, sa connaissance sur des épreuves comme le contre la montre."

Ancien champion olympique de poursuite pour la France, Jean-Michel Monin partage cet avis. Selon lui, le Gallois garde une faculté à multiplier les efforts grâce à son passé de poursuiteurs. "On est habitué à faire des efforts violents et à développer beaucoup de puissance", estime le médaillé d’or par équipe à Atlanta.

Sky l’a transformé en montagne

Finalement la plus grosse surprise de ce Tour de France à propos de Geraint Thomas reste sa faculté à tenir le coup en montagne. Outre un programme d’entraînement adapté, le Gallois a ensuite profité au maximum du travail de ses équipiers comme Egan Bernal, Wout Poels et même Chris Froome.

Fort de l’armada composée par l’équipe Sky, Geraint Thomas a passé les étapes alpestres et pyrénéennes sans trop d’encombres. Mieux, il a même réussi à y façonner sa victoire sur ce Tour de France 2018. Une réussite exceptionnelle pour un coureur habitué à tout gagner, sur piste comme sur routes. Ne lui reste plus qu’à atteindre l’Avenue des Champs-Elysées et il pourra fêter cette nouvelle étape dans sa riche carrière.

JGL