RMC Sport

Cyclisme: "Tu te vois presque partir", le témoignage effrayant d’Alaphilippe après sa chute sur Liège-Bastogne-Liège

placeholder video
Julian Alaphilippe est revenu sur sa terrible chute sur Liège-Bastogne-Liège il y a deux mois qui l’a privé du Tour de France malgré un retour à la compétition sur le fil. Il raconte n’avoir jamais eu aussi peur.

Julian Alaphilippe est déçu mais il relativise. Il ne participera pas au Tour de France pour la première fois depuis 2017, comme l’a annoncé son équipe lundi malgré son retour à la compétition, dimanche lors des championnats de France. Le champion du monde a été jugé trop juste pour tenir trois semaines, deux mois après sa terrible chute sur Liège-Bastogne-Liège qui lui occasionné de sérieuses blessures: un hémopneumothorax, une omoplate et deux côtes cassées. Dans une interview à L’Equipe, il est revenu sur ce jour traumatisant dont l’évocation reste encore "douloureuse".

Il conserve des souvenirs intacts "de la vitesse (plus de 70 km/h), de l'impact et surtout du bruit de l'impact", énumère-t-il. "Ce qui m'a le plus marqué, c'est le fait d'être en détresse respiratoire, de ressentir ce truc qui t'envahit, poursuit-il. Tu ne peux rien faire, tu ne contrôles plus rien. Tu te vois presque partir... Ça m'émeut d'en reparler, là. Je ne l'ai pas beaucoup fait pour avancer, ne pas remuer cette douleur, ce choc. En plus, personne ne m'avait vu dans le fossé, à part Romain (Bardet, ndlr) qui a essayé de me secourir en voyant mon état. Je lui serai éternellement reconnaissant du geste qu'il a eu à mon égard. Revenir sur tout ça, ça me fait encore quelque chose aujourd'hui..."

"J'étais vraiment effondré psychologiquement"

Il confie ne plus être "le même qu'avant" après cette chute qui lui fait voir les choses différemment. "Je me suis posé tellement de questions, ajoute Alaphilippe. Pouah, j'ai vraiment souffert. Je ne souhaite ce genre de truc à personne. À l'hôpital (en Belgique, où il a passé quatre jours), j'essayais de faire bonne figure devant mes proches, ça me faisait plaisir de leur donner des nouvelles, mais j'étais vraiment effondré psychologiquement. Je ne faisais que de penser au fait que ça aurait pu être plus grave, que cette chute aurait pu arrêter ma carrière. C'est un moment que je redoutais, d'avoir un très gros pépin de santé comme ça. Et il est clair que ça change l'approche des choses. Du vélo bien sûr - l'appréhension est plus grande, je l'ai ressenti pendant le Championnat de France, je n'ai pas passé ma journée à toucher les freins mais j'ai senti que ce n'était pas comme avant - mais aussi du quotidien. C'est un sentiment nouveau."

S’il regrette de ne pas s’aligner au départ de Copenhague vendredi, le coureur de la formation Quick-Step Alpha Vinyl vit aussi cette décision comme un soulagement après avoir vécu les deux derniers mois dans la souffrance pour tenter de prendre le départ. "J'aurais aimé y être, mais est-ce que j'aurais vraiment aimé y être et ne pas faire tout ce que j'espérais?, s’interroge-t-il. Je pense que j'aurais trouvé ça chiant."

NC