Tour de France (4e étape) – Pour Pinot, c’était l’enfer du Nord

Deux images pour résumer une journée. Un Thibaut Pinot qui attend un vélo de rechange qui ne viendra pas puis peste contre un membre de son équipe, la FDJ.fr, qui ne le pousse pas au moment de repartir de l’avant-dernier secteur pavé (Fontaine-au-Tertre). Quelques kilomètres plus tard, un Thibaut Pinot au visage rempli de frustration qui frappe sa monture sur le sol et met pied à terre pour en attendre une nouvelle. Pour la troisième journée de suite, le troisième de la Grande Boucle 2014 a vécu l’enfer sur la route du Tour. Dimanche, il avait sombré dans le vent et la pluie le long des côtes néerlandaises. Lundi, ses jambes n’étaient pas à la hauteur du défi de la montée du Mur de Huy.
Ce mardi, c’est sa mécanique (dérailleur) qui l’a trompé. Et qui a fini d’enfoncer un leader de la FDJ.fr qui tentait de s’accrocher en queue de peloton. « Pinot était court mais il aurait tenu car le rythme n’était pas extravagant avec le vent de face », se désolait Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. A l’arrivée, le chrono fait mal : 3’23’’ de retard sur Tony Martin, vainqueur du jour, et 3’20’’ de débours sur le groupe des favoris du Tour. Aie. Au général, l’écart s’affiche désormais abyssal : le Français compte 6’30’’ de retard sur Martin et 6’18’’ sur Chris Froome, premier des grands leaders. Même les Français voient leur compatriote dans le rétro. Warren Barguil ? 5’11’’ devant. Jean-Christophe Péraud ? 4’11’’. Romain Bardet ? 3’24’’. Aie, encore. Et dire que le garçon avait fait la bonne opération du chrono individuel du premier jour…
Madiot : « Il y a de belles étapes pour Thibaut »
Samedi, à l’heure de commenter son beau résultat sur l’effort individuel, certains s’interrogeaient même sur la possibilité de le voir aborder les montagnes en tête de la meute des prétendants à la victoire. Trois jours plus tard, on en est loin. A un point où l’objectif va certainement changer. « Est-ce que j’ai les boules ? Oui, c’est sûr… On va voir avec l’équipe ce soir si on retrouve de nouveaux objectifs, explique un Pinot dont le ton trahit le désabusement. Le Tour n’est pas fini, il reste deux semaines et demie, donc voilà… » Des victoires d’étape ? Le maillot à pois ? Le champ des possibles reste ouvert.
« Il y a des années et des moments où ça va bien, d’autres où ça va moins bien. On n’est pas dans la bonne série, confirme Marc Madiot, le manager de la FDJ.fr. Mais il fera jour demain. Il reste encore deux semaines de course, il y a de belles étapes pour Thibaut. On va voir comment on procède mais il y a encore matière à s’exprimer. Il n’était plutôt pas trop mal puisqu’il était dans le bon groupe. Il serait sûrement allé à l’arrivée avec eux mais c’est comme ça. La vie peut à nouveau changer de sens donc il faut rebasculer vers autre chose. Ce n’est pas une question psychologique. C’est le dérailleur qui décide à un moment de ne pas marcher et ça ne se passe pas dans la tête du dérailleur. »
Guimard : « Quand ça veut pas, ça veut pas »
Après trois jours d’enfer, le visage du garçon trahit pourtant la perte de confiance, conscient que cette Grande Boucle ne sera pas la sienne. « J’espère… », a même répondu Thibaut à la question de savoir si son talent était toujours là. « On n’est plus dans une dynamique psychologique favorable pour Pinot, estime Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Quand ça veut pas, ça veut pas. Quand les circonstances vous amènent à ce genre de choses, que voulez-vous faire ? Il n’y a plus qu’à attendre que le vent tourne. » Enfin, sauf s’il y a une bordure.