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TOUR DE FRANCE - Pinot devant les favoris : les gagnants et les perdants de la 1ère étape

Thibaut Pinot a réussi un bon chrono individuel

Thibaut Pinot a réussi un bon chrono individuel - AFP

Dix-huitième du chrono de 13,8 kilomètres remporté ce samedi à Utrecht (Pays-Bas) par l’Australien Rohan Dennis, Thibaut Pinot a fait mieux que tous les grands favoris du Tour. Le Français se place déjà. RMC Sport distribue les bons et les mauvais points de la première étape.

Thibaut Pinot met tous les favoris derrière

Avec un seul contre-la-montre individuel, très court (13,8 km), les spécialistes s’accordaient sur une chose : le Tour 2015 collait au profil de Thibaut Pinot. Alors si le grimpeur tricolore met aussi tous les favoris derrière lui sur le chrono… C’est la belle surprise du jour. Le leader de la FDJ a pris la 18e place à 41 secondes. Les « Quatre Fantastiques » ? Tous derrière. Vincenzo Nibali à 2 secondes, Chris Froome à 9, Alberto Contador à 17 et Nairo Quintana à 20. Bien sûr, imaginer Pinot toujours devant eux à l’entrée des Pyrénées paraît compliqué. D’ici là, le Français devra éviter un paquet d’embûches. S’il passe quand même entre les gouttes, le chrono par équipes – la sienne est moins performante sur l’exercice – devrait se charger de remettre la hiérarchie en ordre avant les cimes. Mais tout temps gagné sera autant de temps perdu en moins en cas de mauvais moment dans ces dix premiers jours. D’autant que Pinot a aussi mis les autres outsiders derrière : les Français Jean-Christophe Péraud (à 18 secondes) et Romain Bardet (53’’ de retard sur son compatriote), mais aussi l’Américain Tejay Van Garderen (à 1’’) et les Espagnols Alejandro Valverde (à 15’’) et Joaquim Rodriguez (à 45’’)

Vincenzo Nibali, le requin est prêt à mordre

Sept secondes sur Froome et quinze sur Contador, les deux grosses déceptions du jour, dix-huit sur Quintana. Trop souvent mis de côté à l’heure des pronostics, le tenant du titre a remis les pendules à l’heure. Vincenzo Nibali prend la tête des favoris dès le chrono initial. Quand on sait que la suite des neuf premiers jours sied à ses qualités de coureur offensif, avec notamment ces pavés où il avait pris du temps aux autres grands leaders en 2014, voir l’Italien aborder le contre-la-montre par équipes puis les Pyrénées avec un petit matelas n’est pas inimaginable. Le leader de l’équipe Astana, qui pourra finalement bien compter sur Lars Boom, a des fourmis dans les jambes. Ses adversaires ont intérêt à le tenir à l’œil dans les prochains jours. Le « requin de Messine » n’hésitera pas à les croquer partout où il le pourra.

Rohan Dennis, né un 4 juillet

Son début de saison avait prouvé sa belle forme. Ancien pistard, spécialiste de l'effort individuel, Rohan Dennis avait d’abord remporté le Tour Down Under (plus une étape), chez lui en Australie, avant de battre le record de l’heure (le Britannique Alex Dowsett, depuis battu lui aussi par son compatriote Bradley Wiggins, lui enlèvera la marque début mai). Il avait également pris la deuxième place du prologue de Paris-Nice et remporté le chrono individuel du Dauphiné. Mais rien ne remplacera son samedi 4 juillet. A 25 ans, Dennis s’offre le plus beau succès de sa carrière. Et avec la manière. Avec 55,446 km/h de moyenne sur 13,8 km, l’Australien premier maillot jaune de la Grande Boucle 2015 réalise tout simplement le chrono à la moyenne horaire la plus rapide de l’histoire du Tour ! Mieux que Chris Boardman et ses 55,152 km/h sur 7,2 bornes à Lille en 1994. Mieux que les grandes années Armstrong-Ullrich. C’est beau, le vélo.

Wilco Kelderman se place

Il ne fait pas partie des favoris. Il rentre à peine dans le chapeau des outsiders. Mais de ces deux catégories, il est celui qui a réalisé le meilleur chrono. Champion des Pays-Bas de la spécialité, Wilco Welderman a pris la neuvième place à 30’’ de Rohan Dennis. A 24 ans, le coureur polyvalent – il grimpe également très bien – de l’équipe Lotto-Jumbo se place comme l’un des favoris pour le maillot blanc de meilleur jeune. Et comme un sérieux candidat au top 10. Septième du Giro et quatrième du Dauphiné en 2014, le Néerlandais sera-t-il la belle surprise de ce Tour ?

Martin, Cancellara, Dumoulin : les spécialistes déchantent

Un à un, ils y ont cru. Un à un, ils se sont cassés les dents sur Rohan Dennis. Porté par tout un peuple, le Néerlandais Tom Dumoulin finit quatrième à 8 secondes. Vainqueur à… cinq reprises du prologue ou d’un chrono sur la première étape (2004, 2007, 2009, 2010 et 2012), champion olympique (2008) et quatre fois champion du monde (2006, 2007, 2009, 2010) de la spécialité, le Suisse Fabian « Spartacus » Cancellara fait à peine mieux avec une troisième place à 6’’. Trois fois titré sur le plan planétaire dans le chrono, l’Allemand Tony Martin n’a lui non plus pas réussi à prendre le jaune, deuxième à cinq secondes. Trois spécialistes de l'effort individuel favoris pour le premier paletot de leader, trois déceptions. Dur, surtout quand on sait que c’était le seul chrono individuel de ce Tour…

Nairo Quintana, un débours limité

Il est le dernier des « Fantastiques ». Avec déjà 18 secondes de retard sur Nibali, qui pourrait encore lui jouer des tours dans les jours à venir, on serait tenté de ranger la journée de Nairo Quintana dans la colonne négative. Pas faux. Mais pas totalement vrai. S’il devra rattraper du temps sur ses rivaux, et si le profil des neuf premiers jours pourrait lui en faire perdre encore plus, le Colombien de la Movistar a bien limité la casse : 11 secondes de retard sur Froome et seulement 3 sur Contador, pourtant bien plus spécialiste de l’exercice du chrono. Grimpeur extraordinaire et toujours très fort en troisième semaine, Quintana doit surtout passer la première partie du Tour à limiter ses pertes. Chose faite pour la première étape.

Romain Bardet devra aller chercher du temps

1’34’’ de retard sur le vainqueur et 53’’ derrière Pinot. Vu par beaucoup comme le coureur tricolore le plus complet, Romain Bardet (AG2R La Mondiale) n’a pas passé un bon samedi à Utrecht. Si le reste de la première semaine ne tourne pas non plus en sa faveur, il pourrait déjà compter un important retard sur son compatriote et sur les autres favoris/outsiders avant les montagnes. Pas la meilleure façon, loin de là, d’entamer une quête de podium déjà un peu hypothéquée au premier soir.

Alexandre Herbinet