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Tour de France: après sa 4e place, jusqu'où peut aller Gaudu sur la Grande Boucle ?

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Quatrième et premier Français du Tour de France 2022, David Gaudu a pris rendez-vous avec l'avenir, lui qui disputait pour la première fois la Grande Boucle dans un rôle de leader unique. Le Breton pense déjà au podium pour les années à venir.

A 25 ans, David Gaudu compte déjà cinq participations au Tour de France. Mais il a vécu l'édition 2022 dans la peau du leader unique, pour la première fois de sa carrière sur la Grande Boucle. S'il termine à 13 minutes et 39 secondes du vainqueur Jonas Vingegaard, le Français a pris la quatrième place finale. Une position pleine de promesses pour l'avenir.

Une équipe à la hauteur, à l'image de son ami Madouas

Depuis le début de saison, la Groupama-FDJ maintenait un petit suspense sur la question du leadership entre David Gaudu et Thibaut Pinot. Mais le plus expérimenté, diminué par un Covid avant l'épreuve et refroidi par ses expériences passées, a préféré se mettre en retrait. Le Breton est sorti peu à peu de l'ombre de son aîné, qu'il avait épaulé lors du Tour de France 2019. Néanmoins, "l'ange-gardien" annoncé a eu des libertés, tentant à plusieurs reprises sa chance en échappée. Pour autant, David Gaudu assure avoir profité de l'expérience du "capitaine de route" Pinot en montagne.

Outre le Franc-Comtois, leader historique de l'équipe de Marc Madiot, David Gaudu a surtout pu compter sur son ami Valentin Madouas. Les deux hommes, concurrents chez les jeunes, ont grandi ensemble, des équipes de France chez les jeunes jusqu'à leur passage chez les professionnels. "Valentin, à chaque fois, il me sauve le cul", résumait Gaudu au soir de la 17e étape, remerciant Madouas pour son apport en montagne: "Je ne l'ai jamais vu à ce niveau-là. Il me dit bravo mais moi je lui dis merci."

Recruté cette année, le grimpeur australien Michael Storer semble aussi peu à peu prendre ses marques au sein du collectif. Polyvalent, le Luxembourgeois Kevin Geniets a souvent accompagné Gaudu cette saison. Passé par la continentale Groupama-FDJ, Geniets pourrait être le premier d'une longue série. A moyen-terme, les talents français Lenny Martinez (19 ans) et Romain Grégoire (19 ans) auront sans doute aussi un rôle à jouer aux côtés de Gaudu. En misant sur la formation, la Groupama-FDJ aura en principe les moyens d'épauler son nouvel homme fort.

Une nouvelle stratégie face à un manque de confiance

En 2021, David Gaudu cohabitait avec le sprinteur Arnaud Démare et ses coéquipiers. Onzième du général, le grimpeur craquait lors de la première montée du Ventoux, sur les deux proposées. Cette fois, c'est "au tempo", souvent entouré par ses coéquipiers, que Gaudu a couru. Lâché rapidement lors de l'étape du Granon, il avait fini cinquième, déposant Tadej Pogacar dans le final, en pleine défaillance. "J'ai voulu tenter une stratégie des années précédentes, où j'allais à la limite de l'explosion avant de faire les comptes à l'arrivée, a-t-il expliqué ce lundi à l'Equipe. Là, je savais que je n'avais pas physiquement les moyens d'aller chercher Vingegaard et Pogacar au moment où cela se mettrait en route."

Mais à l'Alpe d'Huez, David Gaudu levait une part de mystère sur sa nouvelle manière de courir, motivée aussi par d'autres raisons. "Putain, ça fait chier, j'ai pas confiance en moi, regrettait-il après avoir été décramponné assez tôt dans la montée finale. J'ai peur d'exploser, du coup je monte à mon rythme alors que je peux peut-être les accrocher. Je suis déçu, je manque de confiance depuis le Dauphiné." En juin, sur le très difficile Plateau de Salaison lors de la dernière étape du Dauphiné, David Gaudu avait déboursé plus de 7 minutes.

Revanchard à Mende lors de cette 14e étape du Tour de France, il terminait troisième des favoris, en "lâchant les chevaux". "Parfois, dans la tête, il y a des verroux qui sautent", confiait-il avant les Pyrénées, qui devraient aussi lui donner confiance pour la suite de sa carrière. Victime d'un début de saison difficile, perturbé par les chutes et les blessures, Gaudu a en tout cas sauvé largement sa saison.

"Un Tour ça change un coureur, vraiment"

"Le Tour continuera de rester l'objectif numéro 1 de mes prochaines saisons, promet désormais Gaudu. Même si j'ai envie de découvrir le Giro et de revenir sur les ardennaises, surtout Liège. Mais ce Tour m'a permis de passer un cap, physique et mental. Quand tu roules vingt et un jours avec un braquet de 54x11 sur le plat et que tu montes à 400 watts dès que ça monte, tu ne peux que progresser. Alors quand en plus tu fais quatrième... Un Tour, ça change un coureur, vraiment."

Dès le début d'année, Marc Madiot avait fixé l'objectif de podium à ses hommes. Si David Gaudu s'est collé à la tâche, il lui a manqué plus de six minutes par rapport à la troisième marche occupée par Geraint Thomas. "La ligne de crête, c'était le podium. On n'est pas loin du podium donc on avait raison de se fixer cette ligne, revient le manager, à l'heure du bilan. Je trouve que les objectifs sont atteints dans la manière, dans l'image qu'on a dégagée, dans la performance avec trois coureurs français dans les 15 premiers."

"Cela représente beaucoup une quatrième place sur un Tour pour un coureur, juge Thibaut Pinot, troisième en 2014. C'est quelque chose de fort. Cela montre que tu peux jouer le podium." "Maintenant dans la tête, on est tous focalisés sur le podium", lance déjà Madouas pour la suite. Forcément, avec le niveau d'écart constaté cette année entre le duo Vingegaard-Pogacar et le reste des favoris, l'objectif peut apparaître élevé, d'autant plus avec des Primoz Roglic, Egan Bernal ou Richard Carapaz qui reviendront ou Jai Hindley, dernier vainqueur du Giro, qui veut découvrir l'épreuve.

"Maintenant, le plus dur est de confirmer. Mais ça me motive pour continuer à progresser, pour viser encore plus haut, a admis David Gaudu. Mais on a vu Pogacar faire une fringale sur l'étape du Granon. Personne n'est à l'abri. Ça m'inspire pour travailler encore plus et tenter de rattraper leur niveau. Si je vais y arriver? Je n'en sais absolument rien. Mais je vais essayer." Rendez-vous semble donc déjà désormais pris avec le Tour de France 2023.

GL