Tour de France: belle performance pour Pinot, Bardet lâche déjà du temps

Pour ceux qui en doutaient encore, la deuxième étape du Tour de France est venue confirmer ce dimanche que le contre-la-montre par équipes est tout sauf la spécialité de la formation AG2R La Mondiale et de son leader Romain Bardet. Sur un tracé sinueux de 27,6 kilomètres dessiné dans les rues de Bruxelles, l’Auvergnat et sa garde rapprochée ont échoué à la 19e place. Sur 22 équipes.
Si les Champs-Elysées sont encore loin et que les occasions de passer à l’attaque seront multiples dans les prochaines semaines, perdre du temps sur ses principaux rivaux si tôt dans la course n’est jamais une bonne opération.
Au classement général, Bardet pointe déjà à 1’19’’ du Néerlandais Steven Kruijswijk, vainqueur du chrono avec la Jumbo-Visma et candidat sérieux à la victoire finale. Il accuse également 59’’ de retard sur les deux leaders d’Ineos, le Gallois Geraint Thomas et le Colombien Egan Bernal.
C’est simple, tous les favoris possèdent aujourd’hui de l’avance sur Bardet. Entourés par des formations qui maîtrisent bien l’art du chrono, des coureurs comme l’Espagnol Enric Mas de la Deceuninck-Quick Step (à 31’’ au général du leader Mike Teunissen), le Colombien Rigoberto Uran de la EF Education First (à 38’’) ou encore le Danois Jakob Fuglsang d’Astana (à 51’’) possèdent tous moins d’une minute de retard sur Kruijswijk. Bardet, lui, a déjà pris une belle claque.
Certes, AG2R n’a pas été aidé par les chutes qui ont touché samedi Benoît Cosnefroy et Alexis Vuillermoz lors de la première étape, venues s’ajouter aux forfaits actés avant le départ du Tour de Silvan Dillier et Pierre Latour, deux spécialistes du chrono. Mais le constat reste malgré tout assez terrible. Seuls Total-Direct Energie, Arkéa-Samsic et Wanty-Gobert ont fait moins bien qu'AG2R à Bruxelles.
Groupama-FDJ a travaillé le chrono et ça a payé
Vincent Lavenu préférait toutefois voir le verre à moitié plein. "En ce qui nous concerne, c’est plutôt satisfaisant. On a encore du travail pour être au niveau des meilleurs. Mais on va dire qu’on a limité la casse et qu’on est plutôt satisfait de la journée", confiait le manager d’AG2R La Mondiale à l’arrivée.
"C'était cohérent, et ça reste correct même si on espère toujours mieux. On a été dans le match. On se dit que ça reste honorable. La barrière de la minute est très intéressante psychologiquement", insistait le directeur sportif de l'équipe, Julien Jurdie. Malgré ses limites dans cet exercice, AG2R avait décidé de préparer ce chrono… sans vraiment le préparer. "Cette année, on l’aborde un peu plus relax, on l’a moins travaillé que l’an passé", expliquait avant le départ Tony Gallopin auprès de L’Equipe. L’approche a été totalement différente du côté de Groupama-FDJ.
En amont du Tour, Thibaut Pinot et ses équipiers ont fait un stage de quelques jours dans les Vosges dédié à l’art du chrono. Une stratégie payante puisqu’ils ont pris la huitième place dimanche, ne terminant qu’à douze secondes d’Ineos. "On l'a travaillé, c'est important d'en récolter les fruits", savourait Pinot après avoir franchi la ligne.
Il aurait tort de ne pas se réjouir de cette performance. Car avec un temps de 29’29’’, Groupama-FDJ a par exemple fait mieux que Bahrain Merida, Astana, Mitchelton-Scott, UAE-Team Emirates, Movistar ou encore Trek-Segafredo. "On savait très bien où on se situait. On avait une équipe homogène, et on avait bien bossé. On sentait qu'on était dans l'allure. C'était inespéré pour beaucoup de gens mais pour nous, on savait qu'on était capables de réaliser une belle perf", se félicitait Pinot, qui a pris le temps de remercier son coéquipier Stefan Küng, champion de Suisse de la discipline à trois reprises et recruté par Marc Madiot justement pour réaliser ce genre de performance.
"C'était un peu mon job de mettre l'équipe en confiance. Mais dès que je suis arrivé, j'ai vu que le niveau était très bon. On a beaucoup travaillé, on a fait des erreurs à l'entraînement et ça nous a montré qu'il fallait penser comme une équipe et laisser l'ego derrière soi", analysait Küng, qui sera à nouveau chargé de distiller de précieux conseils à Pinot pour le contre-la-montre individuel programmé lors de la 13e étape.