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Tour de France : comment le peloton juge le retour de Lance Armstrong

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Deux ans après ses aveux de dopage, Lance Armstrong est de retour sur le Tour de France pour disputer les 13e et 14e étapes avec un jour d’avance sur les coureurs. Cette présence du septuple vainqueur déchu de la Grande Boucle, pour une association caritative qui lutte contre la leucémie, suscite des réactions contrastées au sein du peloton.

Il y a comme un vent de provocation qui souffle sur la Grande Boucle avec la réapparition programmée de Lance Armstrong sur ses routes. L’Américain va remonter sur un vélo pour disputer deux étapes du parcours 2015, avec un jour d’avance sur le peloton : Muret-Rodez jeudi et Rodez-Mende vendredi. Un retour pour la bonne cause puisqu’il est destiné à lever des fonds en faveur de l’association Cure Leukaemia, qui lutte contre la leucémie, sur une initiative de l’ancien footballeur anglais Geoff Thomas.

Voilà pour le postulat. Pour le reste, comme toujours avec Armstrong, tout n’est que provocation. Prenez la date par exemple : le 16 juillet, jour d’une des étapes reine de cette édition, avec une arrivée sur le Plateau de Beille. 2015, soit dix ans après le dernier de ses sept sacres sur le Tour, qu’il perdra tous pour cause de dopage. Le lieu : la montagne, là où l’ancien cannibale des routes prenait tant de plaisir à humilier ses adversaires.

Braillard : « Ce garçon n’a pas à être au bord des routes »

Autant dire que tous les ingrédients sont réunis pour susciter l’agacement des coureurs et des représentants du cyclisme en général, qui tentent chaque jour de faire oublier les scandales passés pour afficher l’image d’un sport propre. « Il est libre de faire ce qu’il veut, tempère Alain Gallopin, directeur sportif de la Trek Factory Racing, qui a eu le banni sous ses ordres lors de son comeback en 2009, chez Astana puis RadioSchack. Je n’ai rien à dire de spécial là-dessus. La seule chose, c’est que ça ne me dérange pas. »

Un discours bien rare dans le peloton, où demeure davantage la rancœur d’un exemple de triche qui lui pourrit la vie. « Je serais à sa place, j’irais dans un autre pays passer mes vacances, tranche Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports. La façon dont il a trompé tous les amateurs de sports, tous les amateurs de cyclisme… Ce garçon n’a pas à être au bord des routes. »

Un « non-événement » pour Froome

Des routes du Tour sur lesquelles plane toujours le soupçon après la démonstration de Chris Froome sur la première étape pyrénéenne, dans un style rappelant étrangement celui d’un certain… Lance Armstrong. Pour l’actuel maillot jaune, qui lui souhaite « bonne chance pour récolter un maximum de fonds », la venue « LA » est un « non-évènement ». Un avis que ne partage pas vraiment Jean-René Bernaudeau. « Je trouve que c’est malhonnête de la part d’Armstrong, se désole le manager de l’équipe Europcar. Il a incarné cette décennie avec tout ce que ça engendre. Moi qui suis dans un registre formation, on a beaucoup souffert et aujourd’hui je trouve qu’il y a un peu d’indécence à revenir sur les lieux du crime. »

Le petit mouton noir, ou plutôt le grand méchant loup du cyclisme, se sait particulièrement attendu par les médias, qui pourraient être plus nombreux que sur une étape du Tour pour scruter le sourire ravi de l’un des plus grands tricheurs du sport. Car comme le confirme Cyrille Guimard, tout est toujours dans l’image pour Armstrong. « Il a toujours été dans la provoc’. En s’appuyant sur une œuvre caritative… Plutôt que de revenir sur les lieux du crime, il n’avait qu’à faire un gros chèque. » Oui mais à quelques semaines de l’ouverture de son procès, l’Américain espère peut-être redorer, ne serait-ce qu’un peu, une image ternie depuis bien longtemps.

A.Bo avec P.Ta, G.Q et PYL