Tour de France: "Je ne peux pas aller plus vite", pourquoi Gaudu n'y arrive toujours pas ?

Mardi, il se disait "désolé" pour ses coéquipiers après avoir subi un coup de chaud dans le Massif Central. Vendredi, il affichait une mine résignée, le visage marqué par la chaleur, et reconnaissait qu’accrocher un top 3 à Paris allait être "compliqué". En ce moment, les jours se suivent et se ressemblent pour David Gaudu. Alors quand il est arrivé à son bus ce samedi soir, suivi par une foule de journalistes à Morzine, le Breton n’a pas varié de discours. Avec la même tonalité fataliste.
"On a fait ce qu’il fallait. Là je suis juste fatigué"
"J’étais à fond du début à la fin. J’ai basculé ras des pâquerettes sur le col de Joux Plane. C’était dur. Je ne peux pas aller beaucoup plus vite. J’étais beaucoup moins bien que les autres journées, j’étais un cran en-dessous et ça ne pardonne pas sur le Tour. Je n’ai pas grand-chose à dire… Ma performance n’est pas bonne aujourd’hui. On va vite oublier cette journée pour être focus sur demain", lâchait-il, tout en assurant ne pas être "désabusé".
"Ce n’est pas le mot. Je viens de sortir de cinq heures de courses, à bloc, avec 4200 mètres de dénivelé, donc je suis forcément fatigué. Vous pensez peut-être que je suis désabusé, mais non, au fond de moi j’ai de l’envie. On a tous de l’envie, on ne vient pas sur le Tour la fleur au fusil. On a fait ce qu’il fallait. Là je suis juste fatigué", soufflait-il avant de retrouver sa compagne et un peu de calme.
Onzième de la 14e étape, la première disputée au cœur des Alpes, il s’est encore éloigné du podium final. Passé de la 9e à la 10e place du classement général, il pointe à plus de huit minutes de l’Espagnol Carlos Rodriguez, le meilleur du reste du monde derrière les fusées Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar. Les plus optimistes diront que la course par élimination est loin d’être terminée et qu’il lui reste une semaine pour claquer un succès de prestige et/ou grignoter quelques rangs.
Pinot l'avocat: "On sous-estime beaucoup une 10e place sur le Tour"
C’est du moins ce que pense Thibaut Pinot, reconverti en avocat de luxe pour son leader de 26 ans. "Il fait ce qu’il peut, il donne le maximum avec les moyens qu’il a, insistait le Franc-Comtois. S’il fait 10e du Tour, il fera 10e du Tour. On sous-estime beaucoup une 10e place sur le Tour, on ne se rend pas compte de ce que c’est, de l’investissement de l’équipe sur toute une année. Il va se battre, il va continuer, il est jeune et je pense qu’il n’y a rien d’alarmant." Pour Philippe Mauduit, directeur sportif de la Groupama-FDJ, Gaudu serait même à "son meilleur niveau", au point d’être "plus fort que l’an passé".
Mais alors quel est le problème? Comment expliquer qu’il soit si loin de ses objectifs? "Sur son état de forme, il n’y a pas d’anomalie, il n’y a rien d’anormal, dixit Maudiut. J’ai entendu des débats qui disaient : ‘Oui mais s’il est plus fort et que les autres sont encore plus forts, ça veut dire qu’ils ne savent pas s’entraîner et qu’ils n’ont pas fait ce qu’il faut en stage.’ Des leçons, on en prendra jusqu’à la fin du Tour. C’est le sport de haut niveau, on tombe de temps en temps sur des os et on n’arrive pas à les ronger. Est-ce que les autres sont plus forts? Clairement, on le voit depuis une dizaine de jours. On perd un peu de temps chaque jour alors que les garçons font tout ce qu’il faut. On nous reproche de ne pas passer à l’attaque, mais on l’a fait et ça n’a servi à rien. C’est comme ça." Sans tirer totalement un trait sur le général, l’idée semble donc d’avoir assez de liberté pour se glisser à l’avant et tenter de décrocher une victoire qui échappe à la Groupama-FDJ depuis Pinot sur le Tourmalet en 2019.
"Il faut s’adapter et essayer de donner le meilleur chaque jour, poursuit Maudiut. On voulait être offensifs aujourd’hui. On essaie, ça ne marche pas toujours. On reste ambitieux, on va essayer de prendre des échappées pour gagner une étape. Au général, je crois qu’on voit que c’est figé et que les positions sont prises. Il y a de gros écarts entre chacun des coureurs du top 10. Certains compteront sur des défaillances pour gagner des places, mais nous on n’est pas dans ce jeu." La 15e étape tracée dimanche entre Les Gets et Saint-Gervais représentera une nouvelle opportunité pour Gaudu. Avec au menu 179 kilomètres et cinq ascensions répertoriées, dont trois de première catégorie, jusqu'à l'arrivée au sommet à Saint-Gervais, au pied du Mont-Blanc. Le terrain idéal pour se relancer. Ou s'enfoncer dans ses doutes.