Tour de France; "Les courses sans public sont nulles", les photographes racontent la journée au Puy de Dôme

Une arrivée du Tour de France sans le moindre spectateur. Ce dimanche, 35 ans après, la Grande Boucle est revenue sur les pentes du Puy de Dôme mais les quatre derniers kilomètres étaient interdits au public. Site protégé par le patrimoine mondial de l'Unesco, le volcan endormi a proposé une drôle d'ambiance aux cyclistes. En dehors des coureurs, seules de rares personnes étaient autorisées sur place. Parmi les rares chanceux, des photographes ont raconté cette drôle d'expérience.
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"Vraiment étrange"
Sur son compte Instagram, Jered Gruber a indiqué qu'il avait ressenti "un silence assourdissant". "Même pendant les années COVID, j'ai l'impression qu'il y avait une sorte de bruit. Quelque chose", s'est étonné le photographe, peu habitué à travailler dans de telles circonstances, du moins sur le Tour de France. "Quand Michael Woods (le vainqueur de l'étape, NDLR) est entré dans mon cadre, j'ai été profondément troublé pendant une seconde parce que je n'avais rien entendu, je pensais que c'était un touriste qui avait envahi le parcours ou quelque chose comme ça. J'ai vu cette forme et j'ai compris que c'était Woods."
"Les courses sans public sont nulles, a tranché le photographe Zac Williams. J'ai eu l'impression d'être de retour sur une course locale à 7 heures du matin un dimanche." L'Australien n'a pas apprécié non plus le dispositif renforcé sur le site, avec une forte présence policière: "Ils ont appliqué des règles stupides, décidant des endroits où nous pouvions être ou non, tout en étant eux-mêmes à ces endroits. Je comprends pourquoi les Français aiment tant protester."
Présents sur le site de l'arrivée, les photographes ont dû prendre le train, qui emmène au sommet, quatre heures avant l'arrivée des coureurs. L'attente a ainsi été longue. Harry Talbot, un photographe venu de Nouvelle-Zélande, a rejoint lui aussi l'avis de ses collègues: "Le Puy de Dôme était censé être emblématique et historique, une ascension peut-être déterminante pour le Tour de France cette année. Les coureurs sont arrivés un par un au début et on avait l'impression de photographier une course organisée par un club, sans bruit à entendre. C'était vraiment étrange."
Prudhomme dresse un bilan très positif
Directeur du Tour de France, Christian Prudhomme rêvait lui d'une arrivée au Puy de Dôme depuis son arrivée chez ASO, l'organisateur de l'épreuve, en 2004. Les contraintes logistiques et environnementales ont longtemps repoussé le projet.
Dans les colonnes de Le Montagne, le patron du Tour dressait un bilan positif: "Il y a évidemment eu un contraste saisissant entre justement la folie totale jusqu’à 5 km et le silence ensuite. Mais c’est l’absence de public qui a permis aux champions de s’exprimer. Parce que quand il y a autant de public comme ça, c’est juste injouable, a estimé l'ancien journaliste. C’était très impressionnant, entre deux champions de haut vol et dans un lieu mythique."
Heureux de "l'engouement incroyable" avant les quatre derniers kilomètres et d'avoir "donné une fierté" aux Auvergnats, Christian Prudhomme a été logiquement interrogé sur un retour à terme du Tour de France au Puy de Dôme. S'il n'a pas donné de réponse précise, il a glissé dans un sourire: "35 ans, ça faisait un petit peu long en tout cas…"