Tour de France: serein et en grande forme, Pinot envoie un signal fort

Un 14 juillet avant l’heure. A la veille de la Fête nationale, Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot ont offert une démonstration de panache dans le final de la 8e étape du Tour de France, ce samedi entre Mâcon et Saint-Etienne. A 13 kilomètres de l’arrivée, le puncheur de la Deceuninck-Quick Step a placé une attaque décisive dont il a le secret dans la très raide côte de la Jaillière. S’ils ont finalement échoué à six secondes du vainqueur du jour, le Belge Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), ils ont tous les deux réussi une belle opération en franchissant la ligne avec 20 secondes d’avance sur le groupe de favoris. Alaphilippe en a profité pour reprendre le maillot jaune à l’Italien Giulio Ciccone (Trek-Segafredo).
Avec huit secondes de bonifications empochées grâce à sa deuxième place, Pinot a lui réussi un bond au classement général en passant de la septième à la troisième place. Le voilà désormais avec 19’’ d’avance sur Geraint Thomas (Ineos), 23’’ sur Egan Bernal (Ineos), 34’’ sur Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma), 45’’ sur Rigoberto Uran, 49’’ sur Jakob Fuglsang (Astana), 54’’ sur Adam Yates (Mitchelton-Scott) ou encore 1’11’’ sur Nairo Quintana (Movistar). Romain Bardet (AG2R La Mondiale) pointe quant à lui à 2’27’’ de Pinot, qui a confirmé son excellente forme du moment.
"Je suis en très grande forme"
Il avait pu prouver qu'il avait de bonnes jambes dès la deuxième étape à Bruxelles en prenant avec ses troupes une très prometteuse huitième place sur le contre-la-montre par équipes, à seulement 12’’ d’Ineos. A l’arrivée à Epernay le lendemain, il avait été le seul parmi les favoris, avec Bernal, à reprendre cinq secondes aux autres prétendants à la victoire finale. Il a encore répondu présent jeudi en brillant dans la dernière pente pour terminer cinquième à La Planche des Belles Filles, derrière Thomas pour deux petites secondes, mais devant Quintana, Fuglsang, Bernal et les autres. Serein et accompagné de certitudes, ce Pinot version 2019 est assez bluffant.
"J'étais à fond, c'était vraiment dur à la fin. Julian (Alaphilippe) prenait des virages un peu trop vite pour moi, on s'est fait un peu peur. J'avais intérêt à collaborer avec lui, et lui avec moi. Je savais qu'il allait attaquer là. Toute la journée j'attendais ce moment parce que j'avais de très grandes jambes, je le sentais, j'étais prêt à me faire mal dans la roue de Julian. Je suis en très grande forme. Je suis très détendu. Je suis dans les temps. Après il reste encore deux semaines", a-t-il confié ce samedi à l’arrivée au micro de France TV.
Adversaire numéro 1 pour Ineos
La concurrence, elle, a bien conscience que ce Pinot, qui a souvent entretenu une relation de "je t’aime moi-non plus" avec le Tour de France, s’affirme de plus en plus comme un candidat crédible au maillot jaune.
"Est-ce que Pinot est l'adversaire numéro un ? Oui forcément. Il n’y a pas que lui, mais c’est clair qu’il commence à montrer de bonnes choses", estime ainsi Nicolas Portal, directeur sportif du Team Ineos. Ce n’est pas David Gaudu qui le contredira. "C’était le seul à pouvoir suivre le punch de Julian Alaphilippe dans la dernière bosse. Il était très fort. Je ne suis pas forcément étonné. Ça s’est fait à la pédale. Il s’assume comme leader. Il est venu pour performer, pas pour faire une 80e place au général. Pour l’instant ça marche et on espère que ça va tenir jusqu’à la fin", nous a confié le jeune grimpeur breton, que Pinot avait sollicité jeudi pour durcir le ton et essorer les favoris avant d’attaquer la montée finale vers La Planche des Belles Filles.
Pour Cyrille Guimard, ex-sélectionneur de l’équipe de France sur route et consultant pour RMC Sport, Pinot a envoyé un nouveau signal fort à ses rivaux. "Il n’a jamais été aussi détendu et serein. Il n’a pas calculé quand Julian est sorti. Ils n’ont pas eu besoin de parler, ils savaient très bien ce qu’ils devaient faire", explique-t-il. Ce qu’Alaphilippe a confirmé à l’arrivée: "J’étais très content de voir Thibaut dans ma roue, on a allié nos efforts. On avait chacun nos intérêts: moi pour récupérer le maillot et lui pour creuser l’écart sur les favoris." Des favoris dont Pinot fait aujourd’hui plus que partie.