Tour de France: une étape spéciale pour Van der Poel, sur les terres de son grand-père Poulidor

L’icône Raymond Poulidor (sept victoires d'étapes sur le Tour, huit podiums), décédé en novembre 2019, s’affiche sur les murs de Saint-Léonard-de-Noblat, sa ville de presque toujours, d’où le peloton prendra le départ de la neuvième étape du Tour de France ce dimanche. "Poupou" comme on le surnommait, y a sa statue. "Poulidor l’intemporel" est aussi célébré le temps d’une exposition jusqu’au 9 juillet, ce dimanche donc.
Une journée hommage placée sous le signe de la nostalgie, qui verra Mathieu van der Poel pédaler sur les traces de son grand-père, vers le sommet du Puy-de-Dôme (13,3 km à 7,7%), un sacré morceau qu’il n’a "jamais grimpé", décor d’un duel épique et historique que l'éternel second Poulidor a livré à son rival Jacques Anquetil en son temps (1964). Tout un symbole.
Mathieu van der Poel n’était pas né pour assister à ce duel mythique, pas plus que sa maman d’ailleurs. Mais tous deux concèdent que la journée sera "spéciale". "Le fait que Papy ne soit pas là avec nous, c’est la plus grosse émotion, confessait Corinne Poulidor à notre micro, samedi. Il (Mathieu van der Poel) n’en parle pas trop, mais je sais que ça va lui faire mal au cœur. Il le dit tout le temps qu’il aurait voulu faire un Tour avec son Papy."
Peu loquace sur le sujet, pudique, de peur peut-être que l’émotion l’étreigne face caméra, Mathieu van der Poel ne s’est pas trop épanché sur le sujet, assurant devant les micros que le plan était surtout de "passer une bonne journée" sur les routes qu’il arpentait plus jeune, quand la famille passait les vacances chez les grands-parents, dans le Limousin de Poulidor.
"Un moment dont j'ai hâte"
"L'été, on allait là-bas pendant une semaine tous les ans pour revoir la famille. Il y avait un peu de dénivelé, des routes calmes: c'était assez bien, ça changeait des routes plates en Belgique", s’est souvenu pour l’AFP son frère David van der Poel, membre de l'équipe de développement d'Alpecin-Deceuninck.
Âgé de 14-15 ans à l’époque, Mathieu van der Poel faisait déjà forte impression à son frère, qu’il défiait sur des sorties pouvant durer jusqu’à trois heures quand les deux jusqu'au lac de Vassivière où passera l'étape de dimanche arrivant au Puy de Dôme. "Ce sera spécial. Je m'entraînais gamin sur ces routes, autour de Limoges et Saint-Léonard-de-Noblat, c'est un moment dont j'ai hâte", a confié Mathieu van der Poel, qui aurait sans doute préféré aborder cette journée dans la peau d’un vainqueur d’étape.
Las, la Deceuninck n’a pas misé sur lui samedi, et le poisson-pilote de Jasper Philipsen s’est encore rabattu dans l’ombre, laissant la lumière à son sprinteur dans les rues de Limoges, au terme d’une étape qui pouvait lui permettre de briller dans le final, davantage que celle de demain. Le petit-fils en rêvait pourtant, selon la maman Corinne, qui n’aime pas beaucoup parler de vélo, pas plus avec les journalistes qu’avec son fils d’ailleurs.
Les chances de voir Mathieu van der Poel lever les bras ce dimanche, comme en 2021 lorsqu’il avait pris le maillot jaune au passage, sont minces, mais en ce jour si particulier, il n’est pas interdit de penser qu’il voudra peut-être se montrer dans une échappée, en ayant une pensée pour son papy Poupou, la gorge serrée. "Cela va être très émouvant pour Mathieu et Corinne", prédit Adrie, le papa.