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"Un truc de dingue", ces Français qui disputaient leur premier Tour racontent leurs souvenirs

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Le Poitevin Valentin Ferron (25 ans, TotalEnergies), le Savoyard Simon Guglielmi (26 ans, Arkéa Samsic) et l’Alsacien Axel Zingle (24 ans, Cofidis) découvraient tous les trois le Tour de France cette année. A l’heure de rejoindre les Champs-Elysées ce dimanche, ils racontent à RMC Sport comment ils ont vécu cette expérience.

Leur meilleur souvenir sur le Tour

Valentin Ferron (25 ans, TotalEnergies): "Ce qui m’a le plus marqué, c’est le monde présent au bord des routes et encore plus dans les cols. Voir tout ce public pour nous encourager en montagne, ça restera gravé dans ma mémoire. Ça n’a rien à voir avec les autres courses, sur le Tour c’est la folie. Il faut profiter de chaque instant. Je me souviens surtout du monde dans le Col de Joux Plane (14e étape), c’était très impressionnant. Le bruit, le nombre de personnes, l’ambiance… C’était festif, on sentait bien les odeurs de bière et de barbecue (rires)."

Simon Guglielmi (26 ans, Arkéa Samsic): "Avoir été dans l’échappée le premier jour de mon premier Tour de France (à Bilbao), en plus le jour de mon anniversaire, je vais m’en rappeler toute ma vie! C’était grandiose. Ça faisait plusieurs années que j’attendais ça, que j’espérais être au départ du Tour. Quand ça arrive et qu’on réalise son rêve, c’est quelque chose de très fort. J’ai essayé de profiter de ce moment. Il y avait beaucoup de monde, les gens m’encourageaient, c’était une ambiance de dingue sur le bord de la route et ça faisait vraiment plaisir."

Axel Zingle (24 ans, Cofidis) : "La 20e étape restera un super souvenir. J'ai pu être acteur en début d'étape en sortant dans un coup avec des costauds. Ça me donne envie de revenir sur le Tour en étant à 100% de mes moyens. Là je n'étais pas du tout à 100%, ce qui était un peu frustrant, mais je suis quand même content de ce premier Tour. Même les journées galères, comme dans le Col de la Loze où j'en ai vraiment chié, resteront de bons souvenirs, alors que sur le coup tu te dis: quelle course à la con! On se souviendra aussi des victoires d’étapes de Victor (Lafay) et Ion (Izagirre). Ce sont des sensations à part de gagner sur le Tour. Je n'ai pas forcément contribué à ces succès mais j'ai quand même eu l'impression d'avoir gagné moi-même. J'avais déjà "gagné" des courses par procuration avant, mais je n'avais jamais connu ces sensations. Pour mon premier Tour, vivre ces deux victoires, un top 10 au général (avec Guillaume Martin)... C'est quasiment un sans-faute pour l'équipe."

Ce qui les a le plus surpris

Valentin Ferron: "On est préparés à l’intensité de la course et l’ambiance autour, mais ce n’est qu’une fois sur le Tour qu’on se rend compte que c’est un truc incroyable. Ça roule vite sur toutes les étapes, il y a toujours de grosses batailles pour prendre l’échappée. C’est ce qui rend cette course unique. C’est une superbe course, une expérience incroyable. Le niveau est extrêmement dense et c’est dur d’exister parce que tous les classements sont disputés. Il faut bagarrer pour être dans la moindre échappée et pouvoir se retrouver à l’avant, mais ce Tour m’a vraiment progresser. J’ai pris de l’expérience en trois semaines, même si mon bilan personnel n’est pas exceptionnel. Je n’ai pas eu de supers résultats mais l’équipe a bien marché. Mathieu Burgaudeau a fait de très bonnes étapes, Pierre Latour aussi. C’est ce qu’il faut retenir."

Simon Guglielmi: "Ce qui m’a le plus marqué, c’est le public. J’ai fait d’autres grands Tours (le Giro en 2020 et 2021, la Vuelta en 2022), mais là c’est deux, trois voire quatre fois plus de personnes. Je ne m’attendais pas à autant de monde. Quand on regarde le Tour à la télé, on sait qu’il y a beaucoup de public, comme à l’Alpe d’Huez par exemple. Mais quand on le vit en vrai, c’est un truc de dingue! C’est tellement fort qu’on entend même plus le bruit."

Axel Zingle: "Ce Tour était assez conforme à ce que j'attendais. On m'avait dit: 'Tu vas voir, ça roule tout le temps à fond.' Mais comme j'avais de bonnes sensations en première semaine, je me suis dit : 'Ça va, c'est pas si terrible finalement.' Mais après j'ai eu pas mal de galères en étant malade. Il faut savoir gérer ses efforts, remettre ça encore et encore."

Leur pire souvenir

Valentin Ferron: "Je n'ai pas spécialement de pire souvenir parce que je touche du bois ! Je n’ai pas été malade et je ne suis pas tombé, je n’ai pas eu de pépin. Quand je vois des coureurs qui sont tombés et qui ont continué la course avec des pansements partout… Regardez ce qu’a fait Adrien Petit (le coureur d’Intermarché-Circus-Wanty n’a pas abandonné malgré une grosse chute lors de la 14e étape), moi je dis respect! Même sans être tombé je suis bien fatigué, alors quand je pense à ceux qui ont été victimes de chutes… Les chutes font partie de notre vie de cycliste pro, on y est confronté au quotidien mais ça force le respect ! Moi j’ai eu de la chance, je n’ai pas eu de journée galère à lutter pour finir dans les délais. On n’a pas non plus eu de temps de chien (sourire). Je m’en sors bien!"

Simon Guglielmi: "L’étape de Roanne (la 12e). J’avais des problèmes gastriques et je me suis retrouvé dans les derniers avec le gruppetto. J’ai dû m’accrocher toute la journée, c’était super dur. Le soir, je me suis dit: ‘J’espère que ça ne va pas continuer comme ça parce que je ne prends pas du tout de plaisir.’ Heureusement, ça s’est arrangé deux-trois jours après et j’ai pu repartir dans les échappées. Mais je vais m’en souvenir de cette journée! Pour tenir, il faut positiver, se dire qu’il y a forcément des mauvais jours sur un grand Tour et que l’orage va finir par passer. Il faut savoir serrer les dents."

Axel Zingle: "Je pense forcément à ma chute à Nogaro. Je m'en suis bien sorti, le Tour aurait pu s'arrêter pour moi dès la 4e étape. La galère, c’était surtout en fin de première semaine quand j'étais malade, notamment l'étape de Limoges où j'ai fait 40 bornes tout seul devant la voiture-balai. C'était vraiment galère. Les deux journées d'après étaient aussi horribles, j'étais dans le mal et c'était compliqué de s'accrocher. Je ne pouvais pas du tout m'alimenter, j'étais vraiment très faible. Je pense que je n'ai jamais galéré comme ça sur le vélo. Ça va me forger pour la suite. Dans des moments comme ça, il faut juste se concentrer sur l'étape du jour, essayer de finir et ne pas trop penser à la suite. Se dire qu'il va falloir remettre ça le lendemain alors qu'on est complètement mort, ça peut être difficile. Mais parfois avec une bonne nuit de sommeil, on se réveille et on est un autre homme. Je me suis accroché à ça, je tenais à finir mon premier Tour. J’étais sur le Tour pour prendre de l'expérience pour les années prochaines, c'était important d'aller au bout. Seuls les quatre abandons au sein de l’équipe viennent un peu gâcher la fête."

Rodolphe Ryo, à Saint-Quentin-en-Yvelines