Vuelta: Thibaut Pinot voit "beaucoup d'opportunités" pour oublier sa frustration du Tour de France

Qu'est-ce qui vous a motivé à participer à cette Vuelta ?
Je suis sorti vraiment frustré du Tour de France. Je n'ai vraiment pas fait ce que je voulais faire sur le Tour. En sachant très bien que la fin de la fin de saison, hormis deux ou trois courses en Italie, il n'y a pas grand-chose qui aurait pu me faire plaisir. J’avais vraiment envie de faire des étapes de montagne, faire ce que j'aime. Je ne voulais pas finir comme ça la saison. Avant le départ du Tour, c'était une possibilité. Et durant le Tour, quand j'ai compris que j'aurais du mal à être à 100 % et vraiment peser sur la course, je savais très bien que j'allais sur la Vuelta après le Tour. J'ai connu deux victoires cette année, j'ai envie de continuer là-dessus. Pour moi, faire une belle saison, c'est gagner sur un grand tour. C'est ce qui manque vraiment cette année. Je n'ai pas pu le faire sur le Tour, je viens vraiment avec beaucoup d'envie sur la Vuelta.
Vous parlez de frustration sur le Tour de France, la 15e place au général c'est une position qui dépassait vos attentes ?
La 15e place je ne lui accorde vraiment pas d'importance du tout. Moi, ce que j'aurais aimé, c'est être vraiment au niveau que j'avais au Tour de Suisse. J'étais vraiment un cran en dessous. Avec le Covid j’ai eu du mal à vraiment retrouver mon potentiel à 100 %. Même à 90 %, j'étais capable de peser certains jours sur les échappés. C'est surtout ça qui m'a frustré, c'est qu'à 100 %, ça aurait pu être un tour vraiment top.
Sur le Tour, est-ce-que vous pensez avoir fait des erreurs ou c’est le Covid qui explique cette frustration ?
Non, je ne pense pas que j'ai fait des erreurs. J'ai toujours tout mis sur mon vélo, tous les jours. Mes sensations étaient vraiment en dents de scie. Le peu de jours où je n'étais pas trop mal, j'étais quand même devant. Le Covid a fait plus de mal qu'on ne croit à beaucoup de coureurs qui ont été malades après ou avant le Tour de Suisse. C'est une maladie un peu fourbe et ça laisse des traces vraiment sur le corps assez longtemps. Stefan Küng qui a eu le covid en même temps a eu les mêmes sensations. Donc pour moi, c'était vraiment la principale cause. Maintenant ça va faire presque deux mois, donc j'espère vraiment ne plus avoir à parler de ça.
Comment avez-vous géré cette frustration du Tour? Comment vous êtes-vous préparé à cette Vuelta?
Tout de suite après le Tour de France, je suis tombé malade. J'ai chopé ma bronchite semestrielle on va dire. Comme d'habitude. Même si j'étais déçu de tomber malade en vacances, je dois dire que j'étais content de l'avoir maintenant et pas sur la Vuelta. Parce que ça m'est déjà arrivé que ça tombe sur un grand Tour, donc j'étais aussi soulagé. C'est un poids en moins et après j'étais tout de uite dans l'optique de la Vuelta. J'ai passé quinze jours dans le Sud de la France en vacances, mais tous les jour, j'ai été roulé. J'avais vraiment beaucoup d'envie. C'est la première fois de ma carrière que je sortais d'un Tour de France aussi frais physiquement et mentalement. Et je pense que ça, ça a vraiment joué pour bien me préparer pour la Vuelta et j'avais vraiment hâte. Dès le lendemain du Tour de France, j'avais vraiment envie de préparer la Vuelta. Cette fraîcheur je l’explique par le fait de ne pas avoir fait le général. C’est la première fois pour moi depuis 2012 que je faisais un grand Tour sans faire le général. J'ai vu une différence, que ce soit au niveau de la pression et du stress par rapport à quelqu'un qui fait le général. Et je pense que c’est la principale raison pour laquelle je suis sorti vraiment frais du Tour de France. J'ai vu le Tour de France d'un autre côté que d'habitude. Et c'était plutôt sympa aussi de profiter du Tour sans la pression d’être leader.
Ça vous évoque quoi la Vuelta ? Votre abandon en 2020 ou vos deux victoires d'étapes en 2018 ?
Pour moi, c'est le Tour d'Espagne que j'ai fait en 2018 avec deux ictoires d'étapes. 2020, si vous ne me l'aviez pas rappelé, je ne savais même pas que je l'avais fait, je pense. Donc c'est vraiment rester sur ce que j'ai fait en 2018. C'est vraiment ce que j'ai envie de faire cette année. Courir comme j'ai couru en 2018, en étant libre. Il y a vraiment de belles arrivées au sommet. J'ai bien récupéré, je suis en forme par rapport aux sensations que j'avais au début du Tour. Il y a tout pour réussir.
Il y a des étapes qui vous conviennent ?
J'ai survolé les parcours, j'ai vu qu'il y avait beaucoup d'arrivées au sommet. Il y a vraiment de quoi faire. Il y a les trois jours ici aux Pays-Bas, mais dès la semaine prochaine, c'est presque une arrivée au ommet tous les jours ou une étape de montagne presque tous les jours. Donc beaucoup d'opportunités, que ce soit pour les échappées ou pour la bataille avec les meilleurs. Donc je pense que tous les jours, il y aura quelque chose. J'ai compté cinq sprints, je crois. Donc ça reste vraiment très peu.
Quelles sont les consignes générales qui vous ont été données ?
Pour l'instant, on n'a pas fait vraiment le briefing général, les grandes lignes de l'équipe. Mais on aura vraiment une équipe offensive. On ne va pas calculer, on ne va pas courir derrière un leader comme on l'a fait sur le Tour de France. Donc on sera à peu près tous libres en courant tout simplement pour gagner des étapes. Au vu de l'équipe, il y a vraiment de quoi faire et il y a beaucoup de coureurs qui peuvent gagner des étapes. Si ce n'est pas moi, ce sera un autre et l'important ce sera de lever les bras et j'espère pas qu'une fois.
Vous n’avez jamais pensé que sur la Vuelta vous pouviez aller chercher plus que des étapes ?
Je ne suis pas venu beaucoup de fois au final. Avant 2018 j'avais vraiment peur de la Vuelta. Ma première crainte de la Vuelta, c'était souvent la chaleur. En 2014 justement, j'ai abandonné parce que j'avais fait un coup de chaud sur une étape en Andalousie je crois. En 2018 on a eu chaud, mais ce n'était pas vraiment des grosses canicules comme on a déjà eu. Depuis que je me suis adapté à tout ça, c'est différent. Mais voilà, aujourd'hui, j'ai besoin aussi de lever les bras et de gagner. Et je pense que le meilleur moyen pour moi, c'est vraiment de courir comme je l'ai fait sur le Tour
Comment qualifiez-vous cette saison ? Celle du renouveau ?
Ce que je voulais pour avoir une bonne saison, comme je l'ai dit, c'est vraiment de gagner sur les grands Tours. J'ai fait pour l'instant une saison correcte, mais pour moi, ça ne me suffit pas. Le gros objectif quand même de ma saison c’était le Tour de France. J'ai échoué dans ma quête de victoire d'étape, mais j'espère vraiment me rattraper sur la Vuelta. La Vuelta a toujours été une seconde chance pour ceux qui ratent le Tour ou le Giro. J'espère vraiment rattraper ce que j'ai loupé sur le Tour.
La suite c’est quoi ?
Je suis un des coureurs au départ de la Vuelta qui a le plus de jours de course. Je suis à une soixantaine, je crois, donc ça fera plus de 80 jours. On fera vraiment le bilan à la fin de la Vuelta. Depuis début avril j'ai eu très peu de temps mort. On verra si ça tient jusqu'à la Vuelta. Et ensuite on verra pour les classiques italiennes. Mais en aucun cas je ne prépare quelque chose sur la Vuelta. C'est vraiment un objectif d'être à 100 % ici et la suite m'importe peu pour l'instant.
Julian Alaphilippe sera à vos côtés au départ de la Vuelta, vous avez une complicité avec lui ?
Dès qu'on se voit en course on se parle presque tous les jours. Mais depuis 2019, on a eu très peu de jours de course ensemble. Il y a eu le Tour 2020. Mais moi, j'étais plus à l'arrière et lui plus devant. On a un programme qui n'est pas vraiment le même. Ça fait longtemps que je n'ai pas couru avec lui. Peut-être le Tour 2020. C'est vrai que ça remonte, mais on a vraiment des bons contacts et là, ça va faire plaisir de courir avec lui.
Vous espérez être aux Championnats du monde ?
Je ne pense pas. Je n'ai pas eu de contact avec Thomas (Voeckler, le sélectionneur) et honnêtement, je ne pense pas que ce soit vraiment un parcours qui me corresponde malheureusement.