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"Le meilleur joueur sur le terrain": qui est Mathys De Carvalho, le jeune milieu qui a impressionné les Lyonnais contre Utrecht

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Titulaire jeudi soir lors de la victoire de l'Olympique Lyonnais sur la pelouse d'Utrecht en Ligue Europa, Mathys De Carvalho a marqué de précieux points aux yeux de son entraîneur Paulo Fonseca.

Il a poussé son entraîneur à sortir de sa traditionnelle réserve lui qui d’ordinaire "n’aime pas parler d’individualité". Mais à chaud, juste après la courte victoire de l'OL sur la pelouse d'Utrecht en Ligue Europa (0-1), Paulo Fonseca ne peut s’échapper. Et ne veut surtout pas s’échapper: "Je dois ce soir (jeudi) faire une exception: Mathys (De Carvalho) a été le meilleur joueur sur le terrain". Clinton Mata, l’expérimenté défenseur, en remet une couche, sans se concerter avec son boss, les deux hommes s’exprimant en même temps jeudi soir: l’un au 2e étage du stade en conférence de presse, (Fonseca), l’autre juste avant de monter dans le bus (Mata): "Nous sommes tous fiers de lui, ce petit gars de l’Académie."

Ils sont donc tous unanimes: Mathys de Carvalho a assuré pour sa première titularisation en professionnelle, après une apparition de neuf minutes face à Angers, vendredi soir en Ligue 1. "Son stress de début de match était logique", constate de l’intérieur Clinton Mata. "Ce n’est quand même pas n’importe quelle compétition, c’est la Coupe d’Europe."

Le foot, une affaire de famille

A 20 ans, le jeune Lyonnais qui a débuté à l’OL dès l’école de foot à cinq ans avant d’intégrer l’Académie, touche désormais de près ce qu’il rêve de faire depuis tout petit, lui qui baigne dans le ballon rond depuis tout petit, emboitant les pas de son papa. Alexandre est éducateur et entraîneur, notamment dans les clubs de l’ouest de l’agglomération lyonnaise, de Sainte Foy les Lyon à Vourles. Il en avait déjà les prémices en "papier" avec la signature, en juillet dernier à 20 ans, de son premier contrat professionnel jusqu’en 2028. Il en a les suites sur le terrain depuis cet été, au cours d’une préparation remarquée. "Il a travaillé dur en pré-saison", reconnait Tanner Tessmann, le buteur d’un soir parfait dans le Galgenwaard Stadion d’Utrecht. "Il touche les fruits de tout son investissement dans une semaine incroyable. Sa première, vendredi en Ligue 1 et ses premiers pas en Coupe d’Europe ce soir. En quatre jours, c’est remarquable."

Un inattendu déclic pendant le Covid

Et s’il éclate un soir européen dans le nord de l’Europe, Mathys de Carvalho le doit à une abnégation de tous les instants, lui qui pouvait avoir des doutes dans les équipes U15 de l’OL, où il ne faisait pas forcément partie des éléments convoqués le dimanche. Mais un événement va tout changer: le Covid. Si pour certain, le virus fut un frein, pour lui, il agit comme un révélateur. Privés de matchs officiels, les dirigeants de l’Académie lyonnaise organisent des oppositions sur les terrains de Meyzieu. Il manque alors un milieu de terrain pour ce match de la catégorie du dessus (De Carvalho est en U16 à l'époque, ndlr). Ils vont piocher un joueur qu’ils installent, pour faire le nombre, au milieu de terrain, lui le défenseur central de formation.

Et soudain, c’est la révélation. Les éducateurs le repèrent et ne le feront plus jamais redescendre, ni de catégorie, ni de poste. Sa carrière au milieu de terrain débute à 16 ans. A l’Académie, on loue ses qualités de "vitesse de décision et de qualité de passe qui compensent un manque de rapidité, de roublardises qu’il faut avoir au milieu de terrain, avec un énorme jeu de tête et une capacité à faire la différence sur les coups de pied arrêtés avec de l’agressivité bien placée".

De la personnalité et du caractère

Patiemment, il fait ses armes avec la réserve de Gueida Fofana en National 3, où il est régulier et repéré par Paulo Fonseca qui le fait monter sur quelques séances collectives des professionnels en fin de saison dernière avant de l’intégrer au groupe dans la préparation estivale dans la foulée de la signature de son premier contrat professionnel, le 11 juillet dernier. "Un jeune joueur qui joue pour la première fois en compétition européenne avec ce caractère, c’est top, encense encore Paulo Fonseca. Je suis très content parce qu'il a démontré beaucoup de personnalité, beaucoup de caractère."

Les statistiques amplifient le commentaire, avec 84% de passes réussies, tous ses duels (hormis ses quatre premiers au moment où comme tous ses coéquipiers, il n’arrivait pas à se sortir du pressing batave) gagnés, cinq transversales réussies, des tacles et des dégagements chauds réussis. "Il a joué, il a gagné les deuxièmes ballons", se félicite Paulo Fonseca. "A la fin, il a semblé être un joueur avec beaucoup d’expérience. C’était incroyable. J'ai beaucoup aimé ce qu'il a fait aujourd'hui." Vu du terrain, l’impression est la même, signée de Clinton Mata. "Il a montré du caractère en étant lancé dans le grand bain. Il n’a pas craint de demander le ballon, de proposer. Ça fait vraiment plaisir."

Dans la lignée de Lacazette et Tolisso ?

Des débuts réussis qui démontrent que, loin des commentaires tranchés et déformés qui évoquent une formation lyonnaise en déliquescence, l’Académie peut (une nouvelle fois) sauver l’équipe professionnelle, comme l’avaient fait, les générations 1989 (Gonalons), 1990 (Lopes), 1991 (Grenier, Lacazette), Ferri et Ghezzal (1992), Umtiti et Fekir (1993), Tolisso (1994).

Dans la foulée des premiers pas remarqués de Khalis Merah, titulaire indiscutable au milieu de terrain, Mathys de Carvalho, 609e joueur lyonnais de l’histoire depuis ses premiers pas professionnels face à Angers, offre des perspectives de rotation supplémentaires à Paulo Fonseca, privé de Corentin Tolisso (suspendu) et de Tanner Tessmann et Khalis Merah, au coup d’envoi.

Dans la période où les matches s’enchaînent – dès dimanche à Lille (17h15) avant l’Europa League, jeudi – cet enseignement ramené d’Utrecht prouve aussi, que le technicien lyonnais peut faire confiance à tous ses joueurs. Quelle que soit son expérience, ou pas. De quoi donner de belles perspectives aux jeunes au bord du groupe professionnel, qui piaffe d’impatience là où l’entraîneur portugais demande travail, abnégation et patience. Mathys de Carvalho peut leur servir de repère.

Edward Jay