OL: "Je faisais des paniers alimentaires", Tetê détaille sa fuite de l'Ukraine

Le meilleur buteur de l’OL a emprunté un chemin particulièrement tortueux pour arriver dans le Rhône. Entre une enfance compliquée au Brésil et la fuite de l’Ukraine fin février, Tetê se confie longuement dans les colonnes de L’Équipe, et espère rester au club, alors qu’il est prêté par le Shakhtar Donetsk jusqu’à la fin de saison.
"Comme j'ai une bonne condition financière, j'ai pu aider avec ma femme beaucoup de réfugiés ukrainiens qui arrivaient en Pologne"
"C'était très compliqué, raconte-t-il à propos de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février dernier. C'est arrivé au petit matin. On n'a pas réfléchi longtemps avec ma femme. On a pris la voiture avec quelques affaires et on est partis vers la Pologne. À la frontière, on a mis vingt-deux heures pour faire les deux derniers kilomètres. Il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Mais on y est arrivés et on était soulagés. On a pris un hôtel, j'ai pris un abonnement dans une salle de sport pour m'entraîner. Ça a duré deux mois".
Privé de match et d’entraînement, Tetê a pu mettre son temps libre à contribution des personnes dans le besoin. "Comme j'ai une bonne condition financière, j'ai pu aider avec ma femme beaucoup de réfugiés ukrainiens qui arrivaient en Pologne, poursuit le joueur. Je faisais des paniers alimentaires, avec tous les produits de base et pour les besoins essentiels, et je les donnais aux gens qui arrivaient. On voyait débarquer tellement de gens... Certains avaient traversé le pays et n'avaient plus rien car ils avaient tout abandonné. C'était normal de les aider".
"Je venais de passer plusieurs semaines sans dribbler personne, sans même toucher un ballon!"
Plus tard, Tetê a donc rejoint Lyon et réussi ses débuts, en marquant deux minutes après son entrée en jeu contre Angers (3-2) pour son premier match, alors qu'il était arrivé trois jours auparavant seulement. "C'est allé vite, revient-il. Je venais de passer plusieurs semaines sans dribbler personne, sans même toucher un ballon ! La première fois que j'ai retouché à un ballon, c'était ici à Lyon, au stade, et j'ai marqué tout de suite (Rires.) J'étais trop heureux à ce moment-là".
L’ailier de 22 ans n’avait pas connu non plus de difficulté particulière à s’intégrer à l’Ukraine et à son climat. "Ce n'était pas si difficile que ça car j'aime parler aux gens, déjà, note Tetê. Et j'y allais pour ce que j'aime, jouer au foot. C'est sûr que c'est complètement différent là-bas. Mais je suis un Brésilien spécial, j'aime le froid ! (Rires.) J'adore la sensation d'avoir froid, je préfère ça que la chaleur. Quand je suis arrivé, le premier soir, il faisait -18°C et j'ai dormi toute la nuit avec la fenêtre ouverte. Tout le monde rigolait".
"Je l'ai déjà dit et je le redis: je veux rester ici"
"On a eu beaucoup, beaucoup de difficultés quand j'étais enfant, explique aussi Tetê au sujet de son enfance au Brésil. On vivait dans une toute petite ville à côté de Porto Alegre (Alvorada, au sud-est du Brésil). Souvent, mes parents ne mangeaient pas pour que moi je mange et que je puisse m'entraîner. J'avais beaucoup de tentation de faire le mal autour de moi. Mes copains d'enfance ont pris la mauvaise route et j'aurais pu être comme eux. Mais heureusement le football était là. Pablo, mon agent, m'a connu à 8 ans et il m'a mis au Grêmio. Ça m'a sauvé car j'ai défini très tôt que je voulais être professionnel".
Enfin, Tetê explique qu’il souhaite rester au club au-delà de son prêt. "Je veux ce contrat, je l'ai déjà dit et je le redis: je veux rester ici. Tous les gens autour de moi doivent travailler pour trouver un accord pour que je puisse m'engager définitivement à l'OL". Les dirigeants lyonnais sont prévenus, et ce n’est pas le début de saison du Brésilien (4 buts et 3 passes décisives en 7 matchs) qui vont les dissuader d’exaucer son souhait.