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Comment Football Manager est devenu un vrai outil pour les clubs

Jeu vidéo incontournable pour les amateurs du ballon rond, Football Manager est aussi devenu ces dernières années un instrument de plus en plus apprécié par les clubs professionnels. Une tendance qui se confirme d’année en année.

« Des joueurs comme Benzema, on savait qu’ils allaient percer. Et maintenant, ce sont des internationaux. C’est fou ! Des fois, je me demande si ce jeu n’est pas un recruteur finalement ! » Le gardien remplaçant de Montpellier, Jonathan Ligali, n’a pas tort : on n’en est plus vraiment loin. Fort d’un listing de 650 000 joueurs actifs et de 116 compétitions couvertes, le contenu de Football Manager, le jeu aux 10 millions de copies vendues dans le monde, a de quoi donner le tournis à n’importe quelle cellule de recrutement. Et ce n’est pas le club de Watford, l’équipe de cœur du créateur du jeu, Miles Jacobson, qui dira le contraire. 

Karim Benzema, toujours bien noté dans Football Manager
Karim Benzema, toujours bien noté dans Football Manager © AFP

Etienne Capoue relancé grâce à… Football Manager !

Comme Nice par le passé avec le Serbe Nemanja Pejcinovic, le promu anglais a récemment eu recours à Football Manager pour affiner son recrutement. Notamment grâce au fameux réseau de scouting propre au jeu, ces milliers d’observateurs (1 300 exactement à travers le monde) qui assurent, chaque année, une évaluation précise des joueurs. Et parmi eux, s’est glissé cet été un certain… Etienne Capoue.

« On essaie de choisir les meilleurs éléments pour la Premier League pour jouer dans ce club, assure le chef des scouts de Watford, Filippo Giraldi, qui travaille également avec les clubs d’Udinese et de Grenade. Tous les joueurs qui ont signé viennent de chez nous : Diamanti, Ake, Britos et Capoue, qu’on le connait depuis Toulouse. On l’a suivi à Tottenham. On lui fait confiance, c'est un super joueur qui va pouvoir jouer à un grand niveau cette saison. »

Toujours au point sur le potentiel d’un joueur

Ce qui a aidé les scouts de Watford à miser sur Capoue, ce sont ces notes toujours plus réalistes, basées sur 36 attributs et affinées à l’aide du staff d’une équipe, des joueurs eux-mêmes et d’une connaissance pointue du ballon rond. Plus que du jeu, finalement. « Etre fort à FM n’est pas nécessaire pour être un bon scout mais ça aide pas mal, concède Filippo Giraldi. Le jeu vous donne beaucoup de données utiles. C’est important de connaitre les joueurs. »

Vitali Kutuzov, un des anciens "cracks" du jeu... mais qui n'a jamais décollé en vrai
Vitali Kutuzov, un des anciens "cracks" du jeu... mais qui n'a jamais décollé en vrai © AFP

Les vrais, eux, sont bluffés. «Dans l’ensemble, les notes sont cohérentes, martèle le portier remplaçant de Montpellier, Jonathan Ligali. Surtout dans les évolutions de potentiel. Je me rappelle de Marcelo. Il était inconnu et maintenant il est au Real Madrid. » Les ratés ne sont pas à exclure. Les To Madeira, Maxim Tsigalko, Fabio Paim ou Vitali Kutuzov n’ont jamais connu la gloire que le jeu leur promettait. « Il y a deux ans, je m’étais amusé dans le championnat danois à essayer de sortir un joueur par poste, raconte le défenseur de Rennes Romain Danzé. Depuis, il y a quelques-uns de ces joueurs qui sont arrivés en France. C’est vrai que c’est un jeu vidéo mais il est tellement basé sur du réel… »

Encore plus réaliste avec ProZone

Une authenticité qui devient légitime d’année en année, à l’image de l’achat de la base de données par le club d’Everton. Et qui devrait encore franchir un cap grâce au partenariat avec ProZone, une plate-forme de statistiques qui dissèque les performances des joueurs à partir de 2 500 événements… par match. « Ils ont une étendue de collecte de données qu’on ne pourra jamais produire, confie le fondateur de ProZone, Antoine David. Nous, on essaie de la compléter avec des données d’analyse de la performance pour créer des modèles, reliés à la vidéo, qui vont permettre aux clients de sourcer des pays difficiles d’accès et d’être de plus en plus fin dans la façon de chercher leurs joueurs. »

L’idée forte ? Ne pas totalement se substituer aux recruteurs des clubs. « Cela n’enlève en rien la nécessité d’aller superviser les joueurs sur place, assure Antoine David. C’est un outil, une indication. » Un plus qui a un coût. « La fourchette ira de 10 000 à 50 000 euros l’abonnement selon la volumétrie demandée par le club. On va lancer des bêtas dès le début de l’année prochaine. On a commencé à sonder un certain nombre de nos clients. L’appétit est là. » On n’a pas fini d’entendre parler de Football Manager.

Alix Dulac