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CAN 2022: 132e nation mondiale, la belle histoire des Comores pour leur première participation

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Qualifiés pour la première CAN de leur histoire, les Comores affrontent le Gabon, ce lundi (20 heures). Un événement historique pour le pays, reconnu par la Fifa en 2005.

A quoi vont penser les Comoriens lorsqu’ils vont fouler la pelouse du stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé aux alentours de 20 heures? Sans doute à tout le chemin parcouru par la 132e nation mondiale, qui dispute ce lundi le premier match de son histoire dans une Coupe d’Afrique des nations face au Gabon. Un moment historique pour les Comores, archipels de 870 000 habitants, qui ne vont pas louper une miette des premiers pas de leur équipe dans la compétition, organisée au Cameroun du 9 janvier au 6 février.

Mais avant de pouvoir vivre ces moments inoubliables, l’équipe nationale des Comores a dû emprunter un chemin semé d’embûches. Si la sélection coachée par Amir Abdou existe depuis 1979, elle n’a été reconnue par la FIFA qu’en 2005. Une éternité pour ses représentants, qui ont dû se contenter des Jeux des îles de l’océan Indien pendant des années.

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Des galères à la pelle

Le jour de gloire intervient finalement en septembre 2006, lorsque les Comores participent aux qualifications pour la Coupe arabe 2009, un an après avoir zappé les qualifs pour la CAN, faute d’infrastructures aux normes. Inscrits pour les éliminatoires de la CAN 2012, les Coelacanthes terminent derniers de leur groupe avec un seul point. Et les jours suivants sont loin d’être roses.

Après avoir déclaré forfait pour les qualifications pour la CAN 2013 à cause de problèmes financiers, la sélection accumule les forfaits pour la Coupe COSAFA et les Jeux des îles de l’océan Indien, ce qui entraîne sa chute au classement FIFA. Malgré tout, les Comores participent aux éliminatoires de la CAN 2015 et 2017, sans parvenir à se qualifier. Lors de la campagne pour l’édition 2019, la Fédération va même plus loin, en lançant une procédure au Tribunal arbitral du sport contre la décision de la CAF de maintenir le Cameroun dans la compétition, qui devait être le pays hôte avant de refuser à cause de leur incapacité à organiser la compétition. Une manœuvre dans le vide, puisque le TAS déboute la FFC le 4 juin 2019

Le 25 mars 2021, à jamais gravé

Avec un effectif issu des quartiers marseillais qui prend peu à peu forme, les Coelacanthes commencent à obtenir des résultats convaincants, en accrochant notamment le Ghana lors des qualifications pour le Mondial 2018, avant de se faire éliminer au deuxième tour préliminaire. L’histoire des Comores s’écrira finalement le 25 mars 2021, face au Togo. Engagée dans les qualifications pour la CAN 2021 en compagnie du Kenya, de l’Egypte et du Togo, la sélection d’Amir Abdou est en passe de se qualifier pour la compétition à deux journées de la fin.

C’est chose faite lors du match retour face au Togo (0-0), plongeant l'archipel dans une liesse inoubliable. Deuxièmes de leur groupe derrière l’Egypte, les Comoriens ont d’ores et déjà écrit l’histoire de leur pays. Et cela n'a pas échappé à Youssouf M'Changama, la star de l'équipe, qui mesure les progrès. "Le premier entraînement, c’était sur de la terre. Maintenant, on a un nouveau stade (Malouzini, 14.000 places). Il prouve à quel point on a fait du chemin", a confié le Guingampais dans les colonnes du Télégramme.

Et les hommes d'Amir Abdou, qui a laissé temporairement de côté sa casquette d'entraîneur de Nouadhibou (Mauritanie), se sont envolés en Arabie Saoudite le 26 décembre pour un stage de préparation, où ils n'ont pu disputer qu'un match amical face au Malawi (défaite 2-1), après le report de la rencontre face à la Côte d'Ivoire en raison du Covid.

Une majorité de joueurs jouent en France

Le groupe de 26 joueurs, emmenés par Youssouf M'Changama, est arrivé le 5 janvier au Cameroun et se prépare dans la bonne humeur, en profitant de chaque instant. Le capitaine de Guingamp est accompagné de son frère Mohamed, attaquant à Nouadhibou, Ali Ahamada (ex-Toulouse), ainsi que de nombreux joueurs qui évoluent dans le milieu amateur en France (Ben Salim Boina, Kassim Abdallah, Nadjim Abdou, Kassim Mdahoma, Bendjaloud Youssouf, Nakibou Aboubakari et Moussa Djoumoi).

"Aller à la CAN, ce n’est pas rien, souffle Youssouf M'Changama. Ce sont de grandes nations, on sait qu’on est le Petit Poucet mais on va jouer le coup à fond. L'équipe est très joueuse, parfois un peu trop. En Afrique, ça bombarde devant ! J’espère revenir de cette CAN avec des étoiles plein les yeux." Et pourquoi pas ajouter un ou deux chapitres au cours de la compétition, où ils affronteront le Gabon, le Maroc et le Ghana ? Tous les rêves sont permis.

Analie Simon