Coupe du monde 2022: le maire de Bordeaux annonce lui aussi un boycott du Mondial, pas d'écran géant dans sa ville

Les habitants de Bordeaux vont devoir se contenter de réunions en petits groupes pour suivre la Coupe du monde 2022. En signe de boycott, aucun écran géant ne sera installé dans la ville durant la compétition. Une manière de dénoncer la politique environnementale menée par le Qatar et le traitement réservé aux ouvriers sur ses chantiers.
C’est ce qu’a fait savoir le maire Pierre Hurmic, ce dimanche, lors de son passage dans Bartoli Time sur RMC: "Oui, la décision est prise, même si on ne l’a pas encore annoncé. Ça fait un moment que cette situation me préoccupe et que j’ai pris la décision que nous ne pouvions pas être complices d’une telle gabegie écologique. Sans parler du reste. On ne fera pas partie des villes qui retransmettront sur écran géant cette Coupe du monde."
"Une gabegie énergétique"
Comme ses homologues de Lille, Reims ou Strasbourg, l’élu d’Europe Écologie Les Verts officialisera son choix lors du prochain conseil municipal, prévu ce mardi. Mais il se défend de toute manœuvre démagogique, à un mois et demi du Mondial, dont le Qatar s’est vu confier l’organisation il y a plusieurs années.
"Ce qui était démagogique, c’est d’attribuer la Coupe du monde de football au Qatar. C’est-à-dire de céder à la pression qu’a exercé le Qatar, nous le savons tous, pour avoir la Coupe du monde, rétorque Hurmic. On n’a pas été consultés, et il n’y avait pas de raison qu’on le soit, pour l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, dont tout le monde dit que ça a été fait dans des conditions d’opacité assez étonnantes. Nous, les maires, sommes aujourd’hui concernés par cette retransmission sur écran géant dans nos villes. Et c’est notre rôle de dire que nous ne voulons pas être complices de cette gabegie énergétique."
"Au moment où on appelle nos concitoyens à la sobriété, en leur demandant de dépenser moins d’énergie, nous donnerions le triste spectacle d’être complice d’un pays qui gaspille l’énergie, poursuit-il. Ce sont des aberrations économiques. Sans parler du débat sur le respect des droits humains dans ces pays-là, des nombreux ouvriers immigrés qui sont morts en construisant des stades magnifiques et des pavés pour accueillir la Coupe du monde."
"Mon poste de télévision ne sera pas allumé"
A titre personnel, le maire de Bordeaux assure qu’il ne suivra pas ce Mondial 2022: "Mon poste de télévision ne sera pas allumé un quart de seconde pour regarder cette manifestation extravagante. C'est hors de question. Je vous le garantis. Quand vous êtes élu, il faut être un peu en cohérence avec les décisions que vous prenez et avec votre conscience. A aucun moment, mon poste ne sera allumé pour regarder ce genre de pitrerie!"
En revanche, il tient à ce que ses habitants puissent être libres de regarder les matchs, s’ils le souhaitent. Des bars et des restaurants devraient diffuser la compétition un peu partour en ville. "Je ne suis pas le directeur de conscience des Bordelais, conclut Pierre Hurmic. Chacun réagit comme il veut. Et loin de moi l’idée d’imposer mon point de vue à quiconque. Je suis très respectueux des libertés individuelles".