Coupe du monde 2022: les drapeaux arc-en-ciel pourraient être confisqués... pour "protéger" les fans

Un non-sujet. Pour Gianni Infantino, rien ne sert d’aborder l’épineuse question sur les droits de l’homme au Qatar. "Bien sûr, tout n'est pas parfait, bien sûr ce n'est pas le paradis, mais aucun pays n'est le paradis", a-t-il évacué jeudi lors du congrès annuel de la Fifa, à la veille du tirage au sort de la Coupe du monde 2022 (ce vendredi à 18h).
La désignation du Qatar comme pays hôte de cette compétition a pourtant suscité une foule de critiques, polémiques, accusations et enquêtes depuis l’annonce du scrutin le 2 décembre 2010. Les organisateurs ont beau répéter que les supporters LGBTQ+ seront en sécurité à Doha, beaucoup font part de leur inquiétude. Et les récents propos tenus par le général Abdulaziz Abdullah Al Ansari, un haut responsable chargé de la sécurité du Mondial, ne sont pas de nature à les rassurer.
Les associations inquiètes
Dans un entretien diffusé ce vendredi par l'agence de presse AP, il conseille clairement aux supporters de ne pas exhiber de drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel. Il prévient même que ces drapeaux pourraient être confisqués pour des... mesures de sécurité. "Si un fan montre un drapeau arc-en-ciel et que je lui prends, ce n'est pas parce que je veux vraiment mais parce que je veux le protéger. Parce que sinon, quelqu'un pourrait s'en prendre à lui. Si vous voulez démontrer votre point de vue sur la situation LGBTQ, démontrez-le dans une société où il sera accepté. (...) Ici nous ne pouvons pas changer les lois. Vous ne pouvez pas changer la religion pendant 28 jours de Coupe du monde", a-t-il déclaré, en assurant que ses propos n'étaient pas discriminatoires.
Fin 2021, Nasser Al-Khater, le président du comité d'organisation du Mondial, avait déjà rappelé que "l'homosexualité n'est pas autorisée" dans l'émirat. Tout en ajoutant dans une interview donnée à CNN : "Les démonstrations d'affection en public sont mal vues, et cela vaut pour tous. Le Qatar et les pays environnants sont beaucoup plus pudiques et conservateurs. C’est ce que nous demandons aux fans de respecter. Nous sommes certains qu’ils le feront. Ils viendront au Qatar en tant que supporters."
En réponse aux propos d'Abdulaziz Abdullah Al Ansari, Kick It Out (association luttant contre le racisme dans le football) et le réseau anti-discrimination FARE ont fait part de leur "préoccupation". "L'idée que le drapeau, qui est désormais un symbole universel reconnu de diversité et d'égalité, soit retiré aux gens pour les protéger ne sera pas considérée comme acceptable et sera considérée comme un prétexte", a déclaré la directrice exécutive de FARE, Piara Powar, auprès de l'agence AP.