Mondial 2022: le Qatar essaie de poursuivre sa métamorphose

"Quelqu’un qui serait venu dans ce pays en 2006 et qui reviendrait maintenant pourrait croire que ce n’est pas le même pays", affirme Fabrice, expatrié à Doha depuis 2006. Cet architecte a vu depuis les premières loges la transformation du Qatar. Dès la descente de l’avion, le désert de la carte postale est très loin. Après seulement quelques kilomètres en partant de l’aéroport, aux couleurs de la Coupe du Monde, les grues et les travaux sur les bords des routes font rapidement leur apparition. Les embouteillages aussi.
"Tout sera terminé pour le mois de juillet, maximum août, et ça n’impactera pas la Coupe du Monde", affirme un qatari présent devant le décompte officiel du Mondial 2022. Depuis l’attribution du Mondial en 2010, le pays a changé, le visage n’est plus le même. Les tours ont poussé, le tourisme est plus important. Les critiques, elles, sont toujours là. Les ouvriers des chantiers aux quatre coins de la ville travaillent en permanence. Samedi matin, sous les 31 degrés à 10h, ils étaient tous là dans une tenue jaune pour arranger les derniers détails de la Corniche de Doha qui mène au centre de la ville.
"J’ai vu le Qatar changer"
Le Qatar continue de faire parler. Le thème des travailleurs immigrés est au centre des discussions à l’étranger. "Il y aura toujours des critiques et ça montre qu’il y a aussi une liberté de parole", affirme Fabrice. Les critiques, elles, sont surtout entendues en dehors du Qatar. Trouver des voix discordantes sur le Mondial 2022 reste quand même très rare dans les rues de la capitale. Après quelques minutes de marche dans les allées du Souk Waqif de Doha, la transformation du pays est tout simplement décrite comme une évolution positive.
"J’ai vu le Qatar changer, c’est une évolution qui n’est pas encore terminée, décrit Mohamed, habitué des balades dans les rues de Doha. C’est un progrès à tous les niveaux, tant dans le domaine économique qu’industriel." Le Qatar a changé, les expatriés présents depuis plusieurs années sur place décrivent ça comme une "modification progressive". Certains reconnaissent même une "occidentalisation" de la vie sur place.
Mondial 2022: Pas le droit à l’erreur
"Il y a un fort souci de garder la culture. Le pays est devenu encore plus sophistiqué pour pouvoir accueillir encore plus d’étrangers", conclut Fabrice. Au Qatar, les citoyens qatariens ne représentent que 10% de la population totale. On les estime entre 250 000 et 300 000 sur les 2,8 millions d’habitants. En novembre, le Qatar, pays considéré comme "fermé" accueillera plus de 1 million de supporters venus de l'extérieur. Les questions sont nombreuses sur leur accueil et leur liberté sur place.
Le petit état compte sur cet événement pour surfer sur une vague touristique dès 2023. Même avec des investissements pharaoniques depuis quelques années dans beaucoup de domaines, le Mondial 2022 reste l’objectif ultime de l’Emir du Qatar. Après 12 ans d’attente, les Qataris ont compris quelque chose: ils n’auront pas le droit à l’erreur en novembre prochain.