Equipe de France féminine: David Ducci, le monsieur data des Bleues, dévoile les performances tricolores

David, comment fonctionnez-vous? Quel est votre rôle précis au sein du staff de l’équipe de France ?
On a un staff bien structuré comme l’a voulu la Fédération. A l’image de ce que l’on faisait déjà en Arabie saoudite, les rôles sont très bien définis avec Hervé en général, Laurent (Bonadei) qui est son capitaine avec Eric (Blahic). On a des outils comme le suivi de la performance et des datas que je gère. Avec des relevés, que ce soit en live lors des séances ou en différé selon les cas. Cela nous permet de suivre un certain nombre de données pour que cela colle à la préparation physique.
Votre présence et ce staff élargi, c’est un indicateur fort pour faire passer enfin ce palier à l’équipe de France ?
La demande des joueuses était claire dans ce sens-là. Après, la Fédération a répondu. Nous, au niveau du staff, on était déjà dans cet esprit-là en Arabie saoudite. Pour nous cela ne change pas grand chose. Après ce sont des outils qui sont mis à la disposition du coach, Hervé, pour pouvoir prendre les meilleures décisions possibles et amener son groupe à atteindre les objectifs que l’on s’est fixés.

Votre mallette de GPS en bord terrain est désormais un équipement indispensable de chaque séance. Quelles données traitez-vous ?
En live, on suit les distances, le métrage par minute, les données cardiaques sur les périodes de récupération, d’effort etc pour voir par exemple si elles ont bien récupéré, si on peut repartir sur un nouvel exercice. A froid, on va regarder les distances parcourues sur des paliers particuliers de vitesse que l’on découpe. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes avec les garçons et les filles mais la variable est minime. Cela nous permet d’avoir des repères pour se rapprocher des paramètres du très haut niveau et des meilleures performances mondiales.
En temps réel, vous êtes capables de voir si une joueuse fait une bonne séance physiquement ?
Avec la durée, on arrive à mieux connaître les athlètes. Pour nous comme ce sont nos premiers rassemblements, cela reste une découverte de chaque joueuse, après l’idée c’est ça : avoir un meilleur suivi, et mieux coller à l’état de forme de la joueuse pour lui permettre de l’amener au top lors des entraînements et en compétition
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné ?
Ce qui m’a étonné le plus ce sont les distances parcourues en match par les féminines qui sont aussi élevées voire même plus que ce que l’on avait avec les garçons habituellement. C’est un premier paramètre qui m’a surpris. Il y a aussi les paramètres de vitesse qui sont un petit peu inférieurs, mais pas tant que ça finalement. Là où on aurait pu s’attendre à des grands gaps, ce n’est finalement pas si important. On est dans des donnés assez proches des garçons.
Quelle est la distance moyenne parcourue par les joueuses en match ?
Les meilleures qui vont faire 90 minutes vont être aux alentours de 11,5 km, alors que l’on a connu chez les garçons plutôt 10/10,5 km.
C’est peut-être dû au temps de jeu effectif important chez les féminines ?
Je crois que le premier paramètre est là. A partir du moment où vous avez un temps de jeu effectif plus long, vous allez forcément courir plus. C’est la première donnée qui impacte les amplitudes et la différence de distance que l’on peut trouver en match.
Blessée, Delphine Cascarino n’est pas présente sur cette préparation mais en avril sa pointe de vitesse a dû vous alerter ?
De mémoire, sur le match de la Colombie elle est montée à 31,5 km/h, ce qui est la pointe de vitesse la plus haute que l’on ait eu. On a fait des pointes à 30 à l'entraînement ce qui est pas mal (sourire).
Avez-vous ciblé un secteur de progression en particulier ?
On peut progresser un petit peu partout. Si on se met des objectifs très élevés, il faut avoir cette ambition. On est très exigeants sur beaucoup de domaines avec elles
Les joueuses sont demandeuses sur ces données, comment fonctionne votre rapport avec elles ?
Cela se construit petit à petit et cela se passe très bien. Elles sont bien évidemment demandeuses. A l‘issue des stages, on leur transmet leurs données, on les transmet aussi aux clubs. Pendant les séances, le lendemain ou l’après-midi, on affiche les datas de toutes les joueuses dans les vestiaires pour qu’elles en aient connaissance. Si elles ont des questions, elles viennent, elles sont demandeuses. Et si un paramètre leur échappe, elles viennent nous voir. C’est agréable, on sent qu'elles sont pleinement investies et que cela les intéresse. C’est un paramètre différent de ce que l’on peut trouver avec les garçons qui sont moins dans l’échange là-dessus.
En début de préparation, des tests physiques ont été effectués, qui a été la meilleure ?
On a eu deux lauréates : Amel (Majri) et Léa (Le Garrec). Cela monte à un peu plus de 17 ! On a eu 4/5 joueuses dans un mouchoir de poches d'ailleurs, pour un retour de vacances c'était pas mal !
Comment planifiez-vous la montée en puissance physique du groupe par rapport au Mondial ?
L’objectif c’est de les amener à être prêtes pour la compétition et être prêtes pour aller le plus loin possible. Il faut arriver à gérer tout ça. On a travaillé sur cette planification avec Laurent (Bonadéi) et surtout Thomas Pavillon (préparateur athlétique) qui a planifié tout ça sur les volumes, les quantités, les intensités. Avec les datas, on est là pour suivre qu'on est bien dans les attentes. Tout a été mis en place pour que les filles soient prêtes pour cette compétition et pour aller le plus loin possible".