Equipe de France féminine: la FFF dénonce les manœuvres des frondeuses et veut des résultats

Quelques lignes pour garder la face. Dans son communiqué annonçant l’éviction de Corinne Diacre de son poste de sélectionneur de l’équipe de France féminine ce jeudi, la Fédération française de football (FFF) a taclé le procédé de Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani et Perle Morroni. Ces trois joueuses ont publiquement annoncé leur retrait de l’équipe de France fin février tant que Diacre serait toujours à sa tête. En actant le départ de cette dernière moins de deux semaines après, la FFF pourrait donner l’impression de céder à la pression des joueuses, ce qui pourrait créer un précédent dangereux.
"La manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable"
L’instance s’en est défendu dans la dernière partie de son communiqué en dénonçant la manœuvre des trois joueuses. "Le Comex a par ailleurs constaté que la manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable dans l’avenir et compte proposer dans la gouvernance de l’Equipe de France féminine une mission complémentaire entre le Comex et le sélectionneur", indique le texte.
La FFF veut montrer qu'elle garde la main alors qu'elle va désormais devoir se pencher sur le choix d'un nouveau sélectionneur. Gérard Prêcheur (PSG) aurait les faveurs des joueuses même si la Fédé n'a officiellement contacté aucun candidat potentiel avant jeudi. Les quatre membres du Comex qui ont mené la réflexion concernant le sort de Corinne Diacre - à savoir Jean-Michel Aulas, Marc Keller, Aline Riera et Laura Georges - sont chargés par Philippe Diallo de "procéder, dans les huit à dix jours, aux auditions des candidats qui seraient intéressés par cette mission" de sélectionneur.euse.
Philippe Diallo, président par intérim, a reconnu avoir tranché entre "mauvaises solutions": maintenir Diacre ou céder à la pression de l'équipe et la faire partir. "J'ai été confronté à un malaise qui s'était créé depuis plusieurs années déjà, a-t-il expliqué. Il m'appartient aujourd'hui de le trancher, je l'ai fait en choisissant entre deux mauvaises solutions. Mon souhait, c'est que pour l'échéance qui arrive, c'est à dire la Coupe du monde, j'ai choisi avec le Comex de doter l'équipe de France des meilleurs moyens pour être performantes. J'ai choisi le succès sportif et la performance sportive. Avec un nouveau profil et des moyens nouveaux, la balle est dans le camp des joueuses qui ont fait part de leur malaise - à mes yeux de la mauvaise manière - et il leur appartient d'être exigeantes avec elle-mêmes et avec l'équipe de France. On a pris nos responsabilités et on a fait en sorte que l'équipe de France soit dans les meilleures conditions pour performer."
Longtemps défendue et protégée par Noël Le Graët (qui avait prolongé son contrat jusqu'en 2024 en eoût 2022), Corinne Diacre a payé le départ de l’ancien président de la FFF, qui a annoncé sa démission la semaine dernière. Dans la foulée, les digues ont sauté avec la mise en place d’une commission de quatre membres du comité exécutif de la FFF (Laura Georges, Aline Riera, Jean-Michel Aulas et Marc Keller) chargée d’étudier les dysfonctionnements en équipe de France féminine. Aulas, président de Lyon, a publiquement affiché sa volonté d’un départ de Diacre.
"Une fracture très importante avec des joueuses cadres"
Cette dernière avait contre-attaqué mercredi par le biais d’un communiqué dénonçant un "déchainement médiatique honteux" et assurant qu’elle comptait bien conserver son poste jusqu’à la Coupe du monde 2023 (du 20 juillet au 20 août). Elle l’a perdu ce jeudi, comme annoncé par la FFF dans la première partie de son communiqué.
"Les nombreuses auditions menées ont permis d’établir le constat d’une fracture très importante avec des joueuses cadres et mis en lumière un décalage avec les exigences du très haut niveau, justifie le communiqué. Cette fracture a atteint un point de non-retour qui nuit aux intérêts de la sélection. Si la FFF reconnait l’implication et le sérieux de Corinne Diacre et son staff dans l’exercice de leur mission, il apparait que les dysfonctionnements constatés semblent, dans ce contexte, irréversibles. Au regard de ces éléments, il a été décidé de mettre un terme à la mission de Corinne Diacre à la tête de l’Equipe de France féminine."