Equipe de France: Hernandez, une autre solution pour l'axe

Lucas Hernandez - @AFP
Cessera-t-on un jour de considérer Lucas Hernandez comme un pompier de service en équipe de France ? Axial au Bayern Munich depuis qu’il a rejoint la formation bavaroise cette année, l’international devrait être titularisé à gauche de la défense française samedi (20h45) au Stade de France, contre l’Albanie. Et ce n’est sans doute pas prêt de changer, la faute en partie à une faible concurrence dans ce secteur de jeu.
"Cette situation ne me gêne pas, avoue le Français à L'Equipe. J’ai presque toujours vécu cette polyvalence depuis que je suis pro. Je suis habitué. Ce sont deux postes que je connais à la perfection. Les habitudes, les mouvements, les repères, les principes, je suis à l’aise aux deux places. Je maîtrise les mécanismes." Pour son retour en sélection, onze mois après sa dernière convocation avec les Bleus, Hernandez ne se fait pas trop d’illusions.
"C’est moi qui me suis davantage installé dans l’axe en club, a expliqué le joueur de 23 ans. Mais je vais rester à gauche en sélection." Didier Deschamps avait déjà les idées claires sur la façon dont il souhaitait l’utiliser en mars 2018. "Je le prends pour être latéral gauche", avait prévenu le sélectionneur. Et cela n’a pas changé depuis. Bien lui en a pris puisque Lucas Hernandez est devenu champion du monde en Russie, cinq mois seulement après sa première cape avec les Bleus. Il s’est d'ailleurs révélé aux yeux du grand public à cette occasion. Irréprochable dans l’état d’esprit et l’engagement, il s’est naturellement installé au poste de latéral gauche, comme il avait su le faire à l’Atlético de Madrid.
Axial de formation, latéral par défaut
Défenseur central de formation, Lucas Hernandez avait profité de la blessure de Filipe Luis pour prouver qu’il pouvait être bien plus qu’une solution de repli dans le couloir gauche. Car c’est bien dans l’axe qu’il a disputé la plupart de ses matchs lors de ses deux premières années à Madrid. Et c'est à ce poste qu’il a éteint la MSN en quarts de finale de la Ligue des champions, en 2016. Aussi bien à l’Atlético qu’en équipe de France, Lucas Hernandez a d’abord dépanné puis confirmé toute l’étendue de son talent à gauche.
"C’était mon arrière gauche titulaire. Parce que j’avais personne, déjà, et parce qu’il avait la vitesse et l’explosivité pour apporter offensivement, racontait Patric Gonfalone, son entraîneur chez les moins de 19 ans, à 20minutes. A l’époque, il manquait un peu de puissance et de taille pour jouer dans l’axe, mais il avait déjà cette lecture du jeu supérieure à ses coéquipiers grâce sa formation espagnole."
Diego Simeone avait une autre lecture de la situation en 2017, avant de finalement changer d’avis, pour le bien de son équipe avant tout. "Pour moi, il est plus axial. Il peut devenir un grand central dans une défense à trois. Il a une bonne sortie de balle, il est rapide, il sert très bien son vis-à-vis. Il est amené à devenir l'un des meilleurs défenseurs axiaux d'Europe", estimait alors l’entraîneur des Colchoneros, interrogé par le magazine L’Equipe en 2017.
Didier Deschamps ne semble pas très enclin à opérer des modifications tactiques de cette ampleur pour un joueur qu’il n’a jamais envisagé dans l’axe gauche de sa défense. Seul un cataclysme pourrait l’en persuader. De très grandes prestations dans l’axe, où il est associé à Süle au Bayern Munich, pourraient aussi plaider en faveur d’un recentrage de l’international. En attendant, Süle est déjà conquis par son nouveau coéquipier. "Je pense que nous nous complétons parfaitement sur et à côté du terrain. C'est un très bon garçon, un joueur agressif qui nous fait du bien avec son physique. Jusqu'à présent, cela a bien fonctionné. J'espère que ça continuera comme ça."
Un compétiteur "jamais rassasié"
Lucas Hernandez honorera peut-être sa 16e sélection ce samedi et on a pourtant l’impression qu’il appartient au paysage de l’équipe de France depuis une décennie. "C’est parce que je suis vite entré dans l’histoire en devenant champion du monde, explique-t-il à L'Equipe. Cela a mis moins de quatre mois entre mon premier match en bleu (le 23 mars 2018 contre la Colombie, 2-3) et le titre mondial à Moscou. Mais je suis tellement à l’aise dans cette équipe. C’est ma mentalité aussi, mon caractère. Je me sens bien avec tout le monde. ça ne fait même pas deux ans que je suis en sélection mais je veux l’emmener toujours plus haut. Je suis un gagnant, un compétiteur, jamais rassasié. J’ai aussi l’âme d’un leader."
Et on comprend, dès lors, à la lumière de cette déclaration, les raisons qui ont poussé Deschamps à convoquer un joueur qui était prêt à tomber dans les bras de la Roja. Lucas Hernandez est un joueur en qui le sélectionneur a toute confiance, auquel il peut se fier en toutes circonstances lorsque l’adversité s’élève. Un profil plus bagarreur qu’il s’agirait de conserver le plus longtemps possible, à gauche ou dans l’axe, où la paire Varane-Umtiti n’a pas toujours offert les garanties attendues ces derniers temps. Le second ayant perdu sa place de titulaire au Barça, le débat est plus que jamais d’actualité.