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Equipe de France: Kolo Muani ou Giroud, duel pour la pointe de l'attaque des Bleus

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Sans Karim Benzema, désormais retiré de la sélection, Randal Kolo Muani et Olivier Giroud sont les deux candidats qui se détachent pour occuper le poste de n°9 des Bleus contre les Pays-Bas (vendredi) et l’Irlande (lundi). Zoom sur les arguments des deux joueurs.

La retraite internationale de Karim Benzema ne privera pas Didier Deschamps d’un choix cornélien à la pointe de son attaque. À l’aube d’un nouveau cycle, débuté ce vendredi contre les Pays-Bas dans le cadre des éliminatoires à l’Euro 2024, l’équipe de France n’a pas encore son n°9 titulaire pour épauler le capitaine Kylian Mbappé. À deux jours de défier les Oranjes au Stade de France pour le premier match post-Coupe du monde, deux candidats se détachent clairement: Olivier Giroud et Randal Kolo Muani. Un duel qui ne peut pas se résumer qu’à une opposition entre expérience et avenir.

Si les Bleus ont perdu des tauliers avec les retraites internationales d’Hugo Lloris, Steve Mandanda, Raphaël Varane et Karim Benzema, le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (53), lui, est toujours là. À 36 ans, l’insubmersible Giroud ne compte pas refermer le chapitre de son histoire avec la sélection et postule toujours à une place de titulaire. La continuité joue en sa faveur, puisque c’est lui qui a débuté huit des neuf derniers matchs des Bleus (Ligue des nations en septembre + Coupe du monde). La seule fois où l’ancien Montpelliérain n’a pas été aligné au coup d’envoi sur cette série, c’était lors du troisième match de poule des Bleus au Mondial contre la Tunisie, quand Deschamps avait décidé de faire souffler ses titulaires.

Giroud, le taulier

En l’absence de Benzema, Giroud était donc le n°1 incontestable dans la tête du sélectionneur et de son staff. La fameuse question de son statut a d’ailleurs longtemps été un argument utilisé par Deschamps pour expliquer la période où il ne l’a pas sélectionné après l’Euro 2021. Quand Benzema était là, le technicien basque justifiait alors l’absence de Giroud par l’impossibilité de mettre ce dernier sur le banc en raison de son historique avec les Bleus. "Quand je l'ai pris pour la Coupe du monde, l'interrogation (de lui donner un statut de remplaçant) avait été levée. La situation n'a pas changé aujourd'hui, je n'ai plus à me poser la question", a tranché Deschamps en conférence de presse en début de semaine. Comprenez entre les lignes: ce n’est pas parce que Giroud fait partie de cette liste qu’il sera obligatoirement titulaire.

Pourtant, le champion du monde 2018, qui se voit bien participer aux Jeux olympiques 2024, a des arguments. Avec 12 réalisations en 34 matchs toutes compétitions confondues cette saison, il ne présente pas les statistiques les plus ronflantes. Mais il est tout de même le deuxième meilleur buteur de l’AC Milan derrière le phénomène Rafael Leao (14 buts) et, en l’absence de Zlatan Ibrahimovic, reste le titulaire indiscutable de Rossoneri en course pour la deuxième place de Serie A et qualifiés pour les quarts de finale de Ligue des champions. Sur ses dernières sorties en Bleu, il a par ailleurs toujours répondu présent avec cinq buts sur les huit derniers matchs, dont quatre lors du Mondial qatari. Même si sa performance en finale face aux Argentins ne plaide pas en sa faveur.

Kylian Mbappé et Olivier Giroud lors du huitième de finale de Coupe du monde France-Pologne, le 4 décembre 2022
Kylian Mbappé et Olivier Giroud lors du huitième de finale de Coupe du monde France-Pologne, le 4 décembre 2022 © ICON Sport

Contre les futurs champions du monde, il est - comme d’autres cadres - passé à travers et a été sorti dès la 41e minute de jeu. Ce que certains observateurs n’ont pas oublié. "Ok, il a fait sa Coupe du monde. Contrairement à 2018, il a marqué des buts. Par contre, dans la façon d’évoluer à chaque fois que l’équipe de France a galéré dans cette Coupe du monde... Le choix de la finale aurait pu arriver contre l’Angleterre ou contre le Maroc, c'est-à dire le sortir avant la mi-temps et le remplacer par des attaquants plus jeunes", pestait Jérôme Rothen sur RMC avant l’annonce de la liste de Deschamps pour ce rassemblement.

"Ces matchs-là, rassurez-moi, c’est bien pour préparer l’Euro 2024, non? L’Euro arrive dans un an et demi. Si je fais le calcul, il aura quasiment 38 ans, a poursuivi notre consultant dans l’émission Rothen s’enflamme. Donc Deschamps va m’expliquer qu’en équipe de France - car on ne parle pas des Îles Féroé hein - un attaquant de 38 ans va être le plus performant et être à la pointe de l’attaque pour accompagner Kylian Mbappé, qui est l’un des meilleurs joueurs du monde? Je suis bien assis mais je vais forcément tomber."

Kolo Muani, l'évidence

Pour les partisans de ce fameux "place aux jeunes", Randal Kolo Muani apparaît comme un choix évident. Avec Marcus Thuram, il incarne la relève des Bleus. Tout en présentant une candidature encore plus solide que celle de l’attaquant de Mönchengladbach au regard des derniers mois écoulés. Avec 16 buts et 12 passes décisives toutes compétitions confondues depuis le début de la saison sous le maillot de Francfort, l’ancien Nantais, 24 ans, a passé un véritable cap. Capable de prendre les espaces mais aussi de faire briller ses partenaires d’attaque, le quatrième meilleur passeur des cinq grands championnats derrière Lionel Messi, Kevin De Bruyne et Neymar est perçu par beaucoup comme un complément idéal à Kylian Mbappé.

Déjà excellent avant la Coupe du monde, il est revenu du Qatar, où il a inscrit le but de la délivrance en demi-finale contre le Maroc (2-0), en folie totale. Sur ses cinq premiers matchs post-Mondial, il a trouvé le chemin des filets à six reprises, déclenchant une véritable "Kolo Mania" en Allemagne. Ses courses incessantes, son volume de jeu et son goût pour le duel font de lui l’un des chouchous des supporters de Francfort et de la Bundesliga en général. Au point d’être sur les tablettes des plus grands clubs européens, avec notamment des approches du grand Bayern Munich.

Son entrée en jeu à la 41e minute face à l’Argentine en finale à la place d’Ousmane Dembélé, au même moment où Giroud a été remplacé par Marcus Thuram, a été particulièrement remarquée. Contre l’Albiceleste, il a sans douté été le meilleur Bleu sur le terrain avec Kylian Mbappé. Même si son face à face manqué contre Emiliano Martinez au bout de la prolongation reste une grande blessure ("Ça aurait pu changer ma vie", confie-t-il dans les colonnes de L’Equipe ce mercredi), il est revenu du Qatar métamorphosé.

"La Coupe du monde l’a fait progresser dans sa personnalité, il a davantage confiance en lui, faisait remarquer Oliver Glasner, le coach de Francfort, au début du mois de janvier. Je le trouve plus présent. J’ai l’impression qu’il se lâche. Même dans les exercices, il est devenu plus bruyant. C’est positif."

Un constat partagé par Deschamps. En début de semaine, le sélectionneur des Bleus a laissé entendre que Kolo Muani, qui vit seulement son troisième rassemblement en équipe de France, poussait très fort pour cette place de titulaire en n°9: "Il continue de prouver qu'il était au Qatar pour de bonnes raisons. Il a enchaîné derrière. Il a emmagasiné de la confiance. Il n'a pas d'étiquette de titulaire indiscutable mais il a encore plus d'arguments en sa faveur qu'il n'en avait avant la Coupe du monde. C'est factuel."

Dans un entretien accordé à L’Equipe ce mercredi à deux jours de défier les Pays-Bas, Kolo Muani n’a pas caché son ambition d’être aligné d’entrée face aux hommes de Ronald Koeman. "Je suis prêt pour ça, mais ce sera au coach de décider. (...) Ça va venir si je continue comme ça et que je continue à être appelé. C'est un objectif que je me fixe." Reste à savoir s’il se réalisera dès vendredi au Stade de France.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport