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Equipe de France: Les cinq enseignements des deux victoires des Bleus

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L’équipe de France a passé sans encombre et en séduisant ses deux premiers matches pour les qualifications pour l’Euro 2020 avec l’idée qu’un onze-type très fort se dégage et que des affinités se renforcent entre joueurs. Au détriment des absents ou des entrants avec qui l’écart s’est creusé.

Mbappé et Griezmann peuvent être complémentaires

Kylian Mbappé et Antoine Griezmann ont chacun marqué sur un service de l’autre, mardi face à l’Islande (4-0). Et cela veut dire beaucoup pour ces deux joueurs que la course au Ballon d’or 2018 aurait pu davantage déstabiliser. Ils ont tous les deux communiqué pour vanter leur mérite (parfois en oubliant celui de l’autre) sans oublier de mettre leurs egos de côté sur le terrain. Ça n’a pas toujours été flagrant mais le début des qualifications, surtout face à l’Islande, le prouve puisque les deux joueurs se sont souvent cherchés et trouvés avec Griezmann en soutien de Giroud et Mbappé à droite. Didier Deschamps a noté leur complémentarité en évacuant la sensation d’agacement perceptible chez Mbappé en Moldavie. 

"Lui (Mbappé, ndlr) comme d’autres, ils peuvent avoir des réactions mais il n’y a pas de problème avec lui ni avec les autres, a confié le sélectionneur à l’issue du match. Aujourd’hui, il fait marquer Antoine et Antoine le fait marquer. Sur un match, sur une action, ils sont dans le jeu, ils peuvent être énervés, ils peuvent avoir une réaction. Il ne faut pas avoir été joueur pour ne pas comprendre ça. Tout ça reste dans un cadre collectif et ils y sont tous."

Pogba en patron

Son intervention en conférence de presse la semaine avait révélé un sérieux assez inhabituel pour Paul Pogba, qui avait séduit toute l’assemblée lors du même exercice lors de la dernière Coupe du monde. "Vous voulez que je danse?", a-t-il lancé la semaine dernière à un journaliste qui l’interrogeait sur cette sobriété qui l’a accompagné lors des deux matchs des Bleus. Revigoré par l’arrivée d’Ole Gunnar Solskjaer à Manchester United, le milieu de terrain a pris les clés de l’entrejeu des Bleus avec des interventions tranchantes dans les duels. Il a aimanté le ballon et toutes les relances ou presque sont passées par lui. Le tout sans se départir de sa qualité technique au-dessus de la moyenne qui a permis d’éliminer les adversaires mais surtout d’être décisif sur les buts, comme celui de Griezmann en Moldavie ou sur celui de Mbappé, face à l’Islande, où il fut au départ de l’action. Un Pogba taille patron qui a fêté sa 66e sélection, lundi, à seulement 26 ans. 

Le 9, c’est toujours Giroud… mais pour combien de temps?

Muet pendant le Mondial, Olivier Giroud a conservé la confiance de Didier Deschamps comme l’attaquant de pointe titulaire. Il la lui a rendu puisque le joueur de Chelsea a marqué lors des trois derniers matchs des Bleus et vient de se hisser sur le podium des meilleurs buteurs de l’histoire de l’équipe de France (35). Une énorme performance qui arrive à point nommé pour le joueur de Chelsea puisqu’elle lui permet de repousser un peu le débat d’un repositionnement de Kylian Mbappé dans l’axe avec les Bleus. Elle confirme sa bonne forme avec Chelsea, où il joue très peu mais profite de chaque miette pour marquer. Ses prestations lui permettent de bénéficier d’un collier d’immunité au moins jusqu’aux matchs de l’été prochain (amical le 2 juin, puis en Turquie le 8, et face à Andorre le 11).

Son avenir dictera ensuite sa place en sélection ce n’est pas un hasard s’il multiplie les appels du pied pour un retour en France où son aura et ses qualités lui offriront un temps de jeu plus conséquent. Vendredi, Deschamps a confié qu’il n’était "là pour l’aider" à rejoindre Michel Platini (41 buts) au 2e classement des buteurs. Mais le sélectionneur lui voue encore une énorme confiance. "Sur les deux matches, il met un but à chaque fois, dans son registre, différent des autres joueurs offensifs. Cela amène de la complémentarité."

Les absents n’ont pas manqué

Ce n’était que la Moldavie et l’Islande mais les Bleus ont tellement bien fait le travail (ce qui ne fut pas toujours le cas par le passé face à des adversaires de la même renommée) que les absents sont passés inaperçus. Cela vaut pour Ousmane Dembélé, blessé, qui peut se demander comment récupérer une place dans le onze tant que cette ligne offensive (Mbappé-Giroud-Griezmann) carburera comme ça. Sur le côté gauche, Blaise Matuidi a encore répondu présent et cela ne fait pas les affaires des postulants comme Kingsley Coman, qui s’est blessé au plus mauvais moment alors que Deschamps voulait l’aligner, ou Anthony Martial, forfait. Les joueurs en forme avec leur club, comme Alexandre Lacazette (Arsenal), peuvent aussi se dire que la porte s’est encore un peu plus refermée. A moyen terme au moins. 

Un onze-type très fort se dégage

Si les absents n’ont pas manqué, c’est surtout parce que l’équipe alignée par Didier Deschamps en Moldavie et face à l’Islande a dégagé une très grosse force collective. A l’exception de Layvin Kurzawa (5e choix à gauche), les deux onze alignés étaient ceux de la finale de la dernière Coupe du monde. En huit mois, presque rien n’a changé et l’écart semble énorme entre cette composition et le reste du groupe puisque les entrants (Thauvin, Fekir, Lemar) n’ont presque rien apporté en Moldavie (une passe décisive pour Lemar quand même) et ont dû se contenter de miettes face à l’Islande (10 minutes pour Lemar, 5 pour Kimpembe, le temps additionnel pour Sissoko).

Nicolas Couet