Euro 2022: Melvine Malard, le joker des Bleues arrivé à maturité

Ce n’était pas le plan initial, mais dans une compétition au long cours comme un championnat d’Europe, la physionomie d’un groupe et les rapports de force peuvent changer. A la suite du forfait de Marie-Antoinette Katoto après le match face à la Belgique, Corinne Diacre a dû revoir ses plans offensifs. Sur le principe, Ouleymata Sarr était la "suppléante" de Katoto à la pointe de l’attaque tricolore, c’était en tout cas la raison principale de sa présence dans la liste pour cet Euro. Mais, avec des performances en-deçà des espérances, la sélectionneure des Bleues a choisi de faire confiance à Melvine Malard (22 ans, 5 buts en 16 sélections) pour la rencontre face à l’Islande. À raison. Séduite par "une joueuse qui ne calcule pas ses efforts", elle a peut-être trouvé sa pointe pour le reste de la compétition.
Avec un but inscrit au bout de 45 secondes de jeu, la Lyonnaise a prouvé que la pression ne l’impactait pas franchement. Sa coéquipière, Selma Bacha; acquiesce: "C’est une travailleuse, elle a beaucoup d ‘objectifs, elle ne lâche jamais rien. Sur le terrain, je suis fière de son match. Elle a prouvé qu’elle était là et qu’elle pouvait aider l’équipe. J’espère qu’elle va nous mettre encore des buts."
Une attaquante polyvalente et technique
Finalement, Malard a le profil qui se rapproche le plus de celui Marie-Antoinette Katoto. Elle a les qualités pour s’épanouir dans l’axe selon Gilles Eyquem, son ancien sélectionneur en équipe de France jeunes: "Melvine a cette capacité à jouer sur tous les postes mais aujourd’hui il me semble qu’elle a plus de marques dans l’axe. C’est certainement lié au fait qu’elle a dû suppléer Ada Hegerberg avec l’OL. Elle est capable de s’adapter partout, elle a fait beaucoup de progrès sur le plan technique, elle est beaucoup plus concernée par le jeu. Dans l’axe on la voit, on la trouve en appui, elle arrive à voir s’il faut jouer en déviation, ou garder le ballon." Comme elle le confiait après la rencontre face à l’Islande, elle aime combiner avec ses partenaires et participer au jeu.
La Réunionnaise a surtout connu une forte progression depuis 18 mois avec des titularisations en Ligues des champions, des buts importants, et un temps de jeu accru en championnat avec l’OL. Elle s’est fait une place dans la rotation de Sonia Bompastor. Au-delà du sportif, elle a aussi appris à se canaliser pour Gilles Eyquem: "Elle était toujours à rigoler, le foot ce n’était que du plaisir, mais parfois elle était un peu moins concentrée, on avait envie de lui dire c’est une compétition, c’est une finale ! Elle a toujours le sourire en tout cas."
Soulier d’or de l’Euro des moins de 19 ans
Melvine Malard, c’est aussi un fort potentiel ayant pour idole Wendie Renard. Elle a été repérée à tout juste 14 ans lors d’un tournoi local à La Réunion par Sonia Bompastor, qui aura un grand rôle dans sa venue à l’Académie de l’Olympique lyonnais. Elle avait été une des seules joueuses à surnager lors de l’élimination en demi-finale de la Coupe des moins de 20 ans en Bretagne en 2018. Son sélectionneur de l’époque, Gilles Eyquem, se souvient: "Melvine a un énorme potentiel, il lui fallait du temps. Même à l’Euro 2019, elle fait des choses superbes et en n’étant pas toujours titulaire, quand elle rentrait, elle n’avait pas d’état d’âme. Elle apportait à l’équipe. Cela a été pour moi un atout majeur. Dans ces situations beaucoup de jeunes filles sont moins performantes, mais elle rentrait avec l’envie de montrer que je m’étais trompé."
Depuis, le travail a payé, Malard continuer d’avancer sans hésiter, et la voilà dans un possible costume de numéro 9 de l’équipe de France pour le quart de finale tant attendu face aux Pays-Bas, vice-championnes du monde et tenantes du titre continental.