Le Graët : « Deschamps, c’est un très bon choix »

A l’heure de dresser un bilan de l’Euro, Noël Le Graët s’est montré plutôt satisfait du volet sportif mais n’a pas apprécié certains comportements. Pour la succession de Laurent Blanc, le président de la FFF ne cache pas son envie de convaincre Didier Deschamps.

Noël, quel bilan tirez-vous de l’Euro ?

La Fédération française de football se retrouve une nouvelle fois en difficulté car plusieurs joueurs ont failli à leur mission relationnelle. Je n’ai pas l’impression que le football en lui-même ait été attaqué. On a été en quarts. Ça ne s’est pas trop mal passé. L’Angleterre était un très bon match, l’Ukraine un bon match et la Suède une catastrophe. J’étais présent presque tout le temps en Ukraine et j’ai parfois eu l’impression de ne pas vivre la compétition comme vous (les journalistes, ndlr).

Qu’avez-vous pensé des insultes de Samir Nasri à l’encontre des journalistes ?

A mon avis, on a grossi cette affaire. Bien entendu que sa réaction n’est pas digne. Bien entendu que je ne suis pas content. Je suis vexé, j’ai honte, mais enfin, est-ce que Lloris, Mandanda, Carrasso, Debuchy, Clichy sont de mauvais garçons ? Sportivement, on ne méritait pas mieux. Mais dans le comportement, on a fait énormément de progrès jusqu’au but de Nasri (face à l’Angleterre lors du premier match). 

Les joueurs toucheront-ils leurs primes ?

L’ensemble des primes de l’équipe de France sont gelées, sans exception. C’est de l’argent bloqué qui sera peut-être distribué, ou pas. Personne ne percevra son chèque dans les semaines qui viennent. Est-ce que les primes restent un système intéressant ? Je vais demander à Hugo Lloris et 2 ou 3 copains qu’il désignera de venir passer une demi-journée avec nous, avec notamment Philippe Piat et Sylvain Kastendeuch, les délégués syndicaux. On redonne une partie du chiffre d’affaires aux joueurs, ça m’a toujours paru juste. Mais je suis prêt à en discuter. 

Y aura-t-il des sanctions ?

Quatre de nos joueurs passeront devant le conseil de discipline : Ben Arfa, M’Vila, Nasri et Ménez. Il y aura un nouveau sélectionneur et je ne veux pas le priver de quelques joueurs qu’il se sent capable de manager. Ils passeront devant la Commission de discipline dans les délais les plus courts, après leurs vacances. Par nature, je n’aime pas punir et livrer une tête qu’on réclame, je suis souvent en contradiction avec l’opinion. Mais nos joueurs doivent quand même être punis. Je ne souhaite pas qu’on en fasse des victimes, ils ne le méritent pas.

« Blanc a fait progresser l’équipe de France »

Avez-vous trouvé le successeur de Laurent Blanc ?

J’ai vu ce matin que Didier Deschamps avait dit non. C’est une erreur. Je l’ai vu rapidement hier soir. Il avait la volonté de retourner dans sa famille pour réfléchir un peu. Sa famille lui conseillerait de prendre un peu de repos et la fédération était prête à lui faire à une proposition. Mais en aucun cas elle n’a été faite et n’a donc pas été refusée. Il m’a confirmé que l’équipe de France faisait partie de ses rêves. Mais il n’était pas en état psychologiquement de discuter. Deschamps, c’est un très bon choix. C’est un garçon avec qui j’aimerais travailler.

Vous êtes-vous fixé une date limite concernant la décision de Deschamps ?

Je voulais de toute façon signer un contrat avant la fin de cette semaine. Cela ne sera peut-être pas possible mais la fin de semaine est un bon délai. Si Didier Deschamps devait trop traîner, je prendrais d’autres décisions. Parmi les entraîneurs cités (Le Guen, Smerecki, Giresse, Perrin), certains sont disponibles. Tout est possible. Si Deschamps ne vient pas, c’est son problème. Entraîner l’équipe de France est très glorieux, il n’y aura pas de choix par défaut. Même les joueurs viendraient tous à pied. Au nouveau sélectionneur de prendre le groupe en main et de travailler.

Laurent Blanc a-t-il reçu une proposition de prolongation ?

Je lui ai dit que j’avais l’impression qu’on pouvait bien travailler ensemble et que j’étais prêt à aller plus loin. Et après, je ne l’ai pas vraiment senti, c’est la vie. On a eu des rapports intéressants humainement. On s’est même rapprochés pendant l’Euro. On n’était pas si éloignés. Lorsqu’il est revenu me voir, il avait déjà prévenu ses proches qu’il ne souhaitait pas continuer. En aucun cas, nous n’avons évoqué le prix et le staff. Mais je trouve qu’il a fait progresser l’équipe de France dans une période difficile.

Propos recueillis par Jean Resseguié