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Zidane, Deschamps, Henry… : les petits secrets des "centenaires" des Bleus

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Ancien intendant de l’équipe de France, Henri Emile a côtoyé pendant plus de dix ans Zidane, Vieira, Thuram, Desailly, Deschamps et Henry, qui seront honorés avant le coup d’envoi de France-Brésil ce jeudi (21h). Cet historique des Bleus dévoile pour RMC Sport les petits « secrets » des six joueurs ayant dépassé les 100 sélections.

Desailly, le « canard » et les téléphones

« Je retiens l’homme, l’athlète qu’il a été. On aurait dit, puisque l’on partageait le vestiaire, quelqu’un de découpé au couteau tellement sa musculature était belle. Et il jouait de ça. Il était toujours en train de faire le "canard", comme je lui disais, au milieu du vestiaire. Toujours à montrer l’homme qu’il était. Marcel, c’est aussi cette puissance dans le jeu, cette tranquillité. C’est un peu "Monsieur Marcel". C’est aussi l’homme aux multiples téléphones portables. Comme il avait un partenariat avec une marque, ça l’aidait, mais c’est le premier que j’ai vu avec deux ou trois portables à l’époque. Et puis après le match contre le Brésil (en 1998), après qu’on ait mangé à Clairefontaine, il a voulu fumer un cigare, faire un peu le caïd, mais ce cigare a été difficile à digérer (rires) ! Il l’a mal supporté. »

Deschamps et « l’habitude » du brassard

« Didier, c’était le boute-en-train mais en même temps le leader, qui regardait le détail autour de lui, qui faisait vivre le groupe. Il y a un truc qui nous lie ensemble, c’est que je lui ai toujours mis le brassard. Il n’y a pas un match où ce n’est pas moi qui lui ai mis le brassard. Il attendait que je rentre dans le vestiaire pour lui mettre et lui donner le fanion. Même à la mi-temps, comme il changeait de maillot, il attendait que je sois là pour lui remettre le brassard. C’était une habitude, personne d’autre ne pouvait lui mettre. C’était peut-être de la superstition, on n’en a jamais parlé. Et puis il réagit très vite à tout. Je me souviens de Platini qui rentre dans le vestiaire (après la finale de 1998, ndlr) et qui lui dit : "Il a fallu que j’organise la Coupe du monde pour que vous la gagniez". Et Didier, tout de suite, répond : "Moi j’étais fait pour la gagner et toi pour l’organiser". Il aime chambrer, il ne se moquait pas du tout. »

Vieira, l’éloge de la patience

« Patrick Vieira, pour moi, c’est la patience. On avait de gros échanges parce qu’il fallait qu’il soit patient et il a su l’être. Mais je retiens de lui que cette patience lui a permis d’être plus costaud. En tant que titulaire, le jour où il a eu sa place quand "DD" (Didier Deschamps) a arrêté, il est devenu le taulier du milieu de terrain par son jeu, par les récupérations qui étaient les siennes. Ce que je regrette un peu, c’est qu’il n’ait pas été plus buteur. Dans son action offensive, quand le ballon était récupéré, il avait une force énorme pour arriver au surnombre parce qu’il se projetait vers l’avant. Il avait les aptitudes, mais je pense qu’il n’a pas assez bossé là-dessus. »

Henry dans la blanchisserie pour sentir les maillots des Bleus

« Il connait tout du football, vous n’arrivez pas à le coller. S’il y avait un jeu télévisé sur le football, ce serait le candidat idéal pour régaler les gens car il est curieux de tout et il retient tout. Et puis étant jeune à Clairefontaine, donc élève de la préformation, il faut savoir qu’il allait voir la femme de Manu De Faria (l’ancien intendant des Bleus, ndlr), Clarisse, qui s’occupait de la blanchisserie, pour sentir la sueur des maillots des joueurs de l’équipe de France qui venaient de faire un entraînement… Des choses comme ça sont des images qui montrent, en dehors de sa passion, toute la volonté de vouloir faire quelque chose dans le choix qui avait été le sien : devenir professionnel. »

Zidane, le successeur

« Avec Zizou, c’est vrai que l’on a toujours eu quelque chose qui nous attire ensemble, à travers la présence, un regard ou des propos. Zizou sait qu’il peut m’appeler et qu’il n’y aura pas de souci, je serai à son écoute et le contraire est pareil. Si j’ai besoin d’avoir Zizou, je lui laisse un SMS et dix minutes après, on est en contact ensemble. Il y a toujours eu un partage dans ce relationnel qui a été quelque chose de fort entre nous. Et j’en suis tout heureux. Quand il est revenu en équipe de France, en dehors de sa famille, j’étais la seule personne qu’il avait avertie. (…) Le jour où il succédera, je le pense, à Didier Deschamps, le plus tard possible pour ‘‘DD’’, je pense qu’il se retrouvera dans un rôle qui est fait pour lui. Il m’a dit qu’il le souhaitait. »

Thuram, le « fiston » qui a failli arrêter en 2002

« C’est le fiston. C’est-à-dire que Lilian avait l’habitude de m’appeler à onze heures du soir, régulièrement, pratiquement toutes les semaines. Il avait besoin de discuter de choses et d’autres, surtout au moment où l’on préparait un match, où l’on était proche d’un match, du moins par rapport à sa venue. Et je sais que mon épouse disait toujours : "Tiens, vu l’heure, c’est ton fils qui t’appelle !". Il avait besoin de soutien mais surtout de confiance. Il y avait des moments presque pénibles. Pendant la Coupe du monde, il commandait "X" billets mais il n’arrêtait pas de revenir dans ma chambre pour dire qu’il lui en fallait peut-être trois de moins ou quatre de plus. Et ça durait parfois jusqu’à une heure du matin. (…) En 2002, quand on est éliminé, on est les deux derniers à sortir du vestiaire. Il me retient et me dit : "J’arrête l’équipe de France". Il était tellement déçu… Mais le jeu prend le dessus et il est revenu sur sa position. Je lui avais demandé de ne surtout pas s'exprimer et de laisser passer le temps. »

la rédaction avec J.Re et J.Ri