Sans shorts, ni chaussettes… le geste symbolique d’une équipe féminine rennaise en Coupe de France

Après un an sans championnat à cause du Covid, l’équipe féminine de Bréquigny (quartier sud de Rennes) est repartie très fort. Six matchs, six victoires, une place de leader de Régionale 1 (3e échelon) et un objectif très clair: disputer les barrages pour monter en D2, championnat quitté en 2019. En coulisses, la détermination est la même. Samedi (18h30), elles ne porteront qu’un maillot lors de leur entrée sur le terrain pour le 1er tour fédéral de la Coupe de France féminine face à Brest (D2).
La raison? Contrairement aux équipes masculines dotées de l’équipement complet par la Fédération française de football, leurs homologues féminines n’obtiennent qu’un maillot. Les joueuses de Bréquigny avaient déjà dénoncé ce traitement de défaveur l’année dernière en s’entraînant en culottes. Un an plus tard, rien n’a changé et le club a reçu les 16 tuniques (comme le nombre de joueuses sur la feuille de match) sans les shorts, ni les chaussettes. Qui resteront bien cachés au moment d’entrer sur la pelouse, samedi. "Sur le protocole, on n’a pas le droit de ne pas mettre de short, ni de chaussettes, précise Manon Tessier, milieue et capitaine de l’équipe. On va remonter les shorts à l’entrée sur le terrain pour qu’on pense qu’on n’a que le maillot pour jouer."
Le mouvement pourrait s’étendre
Elles poseront pour la photo avant le match pour dénoncer cette inégalité matérielle. Leurs adversaires – avisées de ce leurs intentions - les rejoindront peut-être sur le cliché. Le mouvement pourrait d’ailleurs s’étendre aux autres rencontres de la compétition puisque les Rennaises ont activé leurs réseaux pour faire connaître leur action. Et rendre la portée du message encore plus symbolique.
"L’année dernière, ça avait déjà fait un beau coup de com’ alors que ce n’était qu’un entraînement, précise Manon Tessier. Nous étions cinq sur la photo. Là, si on arrive à mettre en lien plus de clubs, ça pourra avoir un peu plus d’impact et se dire que c’est un problème qui a l’air facile à résoudre: rajouter des shorts et des chaussettes à une soixantaine d’équipes."
Leur petite action de l’an passé avait engendré de nombreux retours positifs de clubs et même d’entreprises se proposant comme sponsors. L’action était même remontée jusqu’aux oreilles de certaines Lyonnaises, ogresses du football féminin européen, par le biais d’une ancienne joueuse de Bréquigny y travaillant désormais. La Fédération avait aussi eu vent de cette contestation, sans parvenir à régler le problème.
Contactée par RMC Sport, la FFF évoque des problèmes de livraison
Contactée par RMC Sport, la FFF confie avoir voulu réagir, après le petit buzz de mars 2021, en admettant que la situation n’était pas acceptable. Mais elle s’est heurtée à des problématiques de livraisons dues en partie aux différents confinements. Les stocks ne sont pas arrivés en temps et en heure pour équiper tout le monde pour cette saison 2021-2022. La FFF assure que pour le début de la saison prochaine 2022-2023, toutes les équipes (masculines et féminines) engagées en Coupe de France auront une dotation complète (short, maillot, chaussettes). Elle va tenter d’ici là de trouver des solutions d’urgence en fonction de ses stocks mais sans assurance qu’elle puisse fournir les équipements cette saison.
Du côté de Bréquigny, l’heure n’est pas à la vindicte contre l’instance, dont les progrès en matière de football féminin sont loués. "La fédé fait beaucoup de choses sur la promotion du foot féminin, reconnaît Manon Tessier. Il y a de plus en plus d’action mises en place sur les jeunes joueuses, des plateaux exclusivement féminins. Le short, c’est un détail qui montre qu’il y a encore des choses à faire. On ne veut pas taper sur les doigts de la fédé. Des anciennes internationales sont au sein de la Fédé et essaient de faire bouger les choses, je fais confiance à ces personnes." Qui suivront d’un œil attentif le début de match.