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Fifa - Ce que le monde du football attend de Platini

Désormais officiellement candidat pour succéder à Sepp Blatter à la présidence de la Fifa, Michel Platini va devoir peaufiner son projet. Avec pour priorité de rétablir l’image d’une instance dirigeante salie par les récents scandales de corruption. Tour d’horizon des défis qui attendent l’actuel président de la Fifa s’il est élu en février prochain.

Redorer l’image de la Fifa

Le plus gros chantier, celui qui devrait le plus s’étaler dans le temps, concerne la restauration d’une image abîmée, sinon détruite, par des années d’affaires et de scandales de corruption. L’idée d’une réforme du statut de président de la Fifa pourrait être une solution et lui offrirait une belle image de marque. Une limitation du nombre de mandats, un contrôle strict de la probité des cadres ou un encadrement des rémunérations sont des pistes évoquées. S’il arrive un peu comme le chevalier blanc au secours d’une institution en péril, Michel Platini reste toutefois un homme du système. L’ancienne star de l’équipe de France fait partie du comité exécutif de la Fifa depuis 2002. Il est donc difficile de croire qu’il ignorait tout des « méthodes » Sepp Blatter. Le divorce entre les deux hommes ne date finalement que de 2014 et de la décision de Blatter de se représenter une nouvelle fois.

Pour le Prince Ali, unique adversaire de Sepp Blatter lors de la dernière élection du président de la Fifa, le Français n’est pas le candidat idéal. « Platini n’est pas bon pour la Fifa. Les fans de foot et les joueurs méritent mieux. La Fifa est empêtrée dans le scandale. (…) La culture des arrangements en coulisses, en sous-main, doit prendre fin. La Fifa a besoin d’un leadership indépendant, lavé des pratiques du passé. » Etonnant de la part d’un candidat qui a bénéficié du soutien de Platini.

Sepp Blatter
Sepp Blatter © AFP

Collaborer avec la justice sur les dossiers en cours

Qui dit fin de la présidence Blatter ne dit pas fin des affaires à la Fifa. La justice suit son cours et les enquêtes concernant les malversations au sein de l’instance dirigeante du football mondial devraient encore durer. S’il est élu, Michel Platini devra donc collaborer avec le FBI et la justice américaine. Ce n’est qu’une fois un jugement rendu que l’actuel président de l’UEFA pourra espérer faire tourner la page Blatter à la Fifa. Une opération qui ne se fera pas sans mal puisque plusieurs cadres sont d’ores et déjà mis en cause et il pourrait y en avoir d’autres. L’élection du nouveau président se fera donc forcément dans une certaine instabilité. Mais ce n’est qu’au prix de la transparence que Platini pourra espérer installer un nouveau projet sur des bases saines. On ne bâtit pas un immeuble sur des fondations fragiles.

Régler le problème des deux prochaines Coupes du monde

Les Mondiaux en Russie en 2018 et surtout au Qatar en 2022 trainent comme une peau de banane sur la route de Platini. L’ancien sélectionneur de l’équipe de France a déjà reconnu avoir voté pour le dossier qatari. Une candidature entachée de soupçons de corruption de hauts dirigeants des instances internationales et qui intéresse également la justice. Aux problèmes judiciaires s’ajoute le fameux problème du calendrier. S’il est acté que le Mondial 2022 se jouera en hiver, le violent désaccord des championnats européens, en tête desquels la Premier League, risque d’engendrer de très longues heures de négociations.

Faire adhérer les « petits pays » à son projet

Le gros point fort de Sepp Blatter. L’ancien président de la Fifa était assuré du soutien inconditionnel des « petits pays », notamment en aidant financièrement certaines fédérations en manque de moyens. Michel Platini pourrait poursuivre sur la lancée de son projet à l’UEFA. Durant ces trois mandats, l’ancien capitaine des Bleus est parvenu à ouvrir les compétitions européennes à des championnats jusque-là mis de côté.

« Qu’il respecte les 209 pays, lui a même demandé le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët sur RMC. Les grands pays ont toujours des arguments de marketing très forts, mais il y a 209 pays qui ont envie de jouer au football. Je crois que Michel est capable de faire en sorte que le football se développe dans le monde entier et qu’il aide aussi les fédérations qui n’ont pas de grands moyens. Il faut qu’il continue à être un peu l’apôtre du football. Je pense qu’il est le seul aujourd’hui à être capable d’aimer les gens car c’est important. Oui, j’ai envie qu’il soit le patron des 209 pays. » Ce qui pourrait passer par des mesures d’ouverture, en augmentant par exemple le nombre d’équipes qualifiées pour la Coupe du monde (32 actuellement), afin d’ouvrir la porte à davantage de sélections africaines ou d’Océanie.

Trancher sur l’arbitrage vidéo

L’arbitrage vidéo, beaucoup en rêvent… mais pas Michel Platini. L’actuel président de l’UEFA s’est toujours fermement opposé à cette mesure, préférant faire monter le nombre d’arbitres sur un terrain à cinq plutôt que de céder à l’appel de la technologie. Même la goal line technology, mise en place par la Fifa lors du dernier Mondial au Brésil, ne le convainc pas.

A.Bo