Aulas-Labrune : la lettre de Le Graët qui a mis le feu aux poudres

- - -
Le courrier de Le Graët met le feu aux poudres
Tout est parti de la plume de Noël Le Graët. Le 19 mars dernier, le président de la Fédération française de football envoie deux lettres, qu’RMC Sport s’est procurées. La première est destinée aux arbitres pour leur apporter son soutien face aux « graves dérives comportementales dont certains d’entre vous ont été victimes ». La deuxième, en forme d’avertissement, est adressée aux présidents des clubs de Ligue 1. Ces derniers sont invités à calmer le jeu quatre jours après la sortie incendiaire de Zlatan Ibrahimovic en marge de Bordeaux-PSG.
« Il m’est apparu nécessaire de revenir vers vous en raison d’une actualité récente ayant mis en évidence des attitudes et propos déplacés, voire outrageants, à l’encontre du corps arbitral (…) Il est de la responsabilité de tous et de chacun de mettre fin aux dérives verbales constatées qui abaissent autant ceux qui en sont à l’origine, que ceux qui le subissent (…) Le respect de l’autorité et de l’intégrité des arbitres n’est pas négociable », peut-on lire. Un rappel qui passe très mal auprès de plusieurs présidents de clubs. Et notamment de Vincent Labrune. Le boss de l’OM et ses collègues estiment que Le Graët met tout le monde dans le même panier alors qu’à leurs yeux, le seul fautif est Jean-Michel Aulas, le patron de Lyon, qui en fait trop dans les médias et sur Twitter.
Labrune mène la riposte et cible Aulas
Fort du soutien de plusieurs de ses homologues, Vincent Labrune prend la décision d’envoyer son fameux dossier contre Jean-Michel Aulas le 25 mars. Le document de plusieurs pages, signé du directeur juridique de l’OM, compile toutes les déclarations du président de l’OL envers les arbitres durant les seize dernières années. Une initiative très mal vécue par JMA, qui s’en prend depuis avec acharnement à celui qu’il appelle « la Brune » sur Twitter, invitant les médias à s’insurger contre cette situation.
Aulas va devoir s’expliquer devant le CNE
Le timing choisi par Labrune pour envoyer son dossier à charge est tout sauf anodin. Son initiative intervient quelques jours après la convocation d’Aulas par le Conseil national de l’éthique. Le président de Lyon est attendu mardi prochain à 16h pour s’expliquer concernant ses déclarations sur les arbitres. Il devra également répondre d’un tweet dans lequel il a qualifié des supporters de Saint-Etienne d’« autistes ». Le courrier de Labrune sera évoqué à cette occasion mais difficile de savoir s’il peut être considéré comme un complément du dossier. Le CNE, avec sa vocation pédagogique, va engager un dialogue avec JMA pour comprendre ses contestations permanentes de l’arbitrage et ses prises de position sur Twitter.
Une légère sanction pour Aulas
Jean-Michel Aulas devrait être sanctionné pour son comportement. Le CNE doit montrer l’exemple et compte bien assoir son autorité, même si le panel des sanctions n’est pas énorme. Le boss rhodanien risque une amende de 1500 euros et plusieurs matches de suspension de toute fonction officielle. Une sanction qui ne l’empêchera pas de se rendre au stade pour assister aux matches de son équipe. En revanche, s’il est suspendu, JMA n’aura plus accès aux vestiaires des joueurs et des arbitres.
Louvel appelle au calme
Joint ce mardi par RMC Sport, Jean-Pierre Louvel, le président de l’UCPF, le syndicat des clubs, demande à tous les parties prenantes de cette affaire de ne pas envenimer la situation. Et de cesser de s’exprimer dans les médias. « A l’occasion de notre prochain comité exécutif, j’appellerai tous les présidents au calme et à la discrétion. On peut avoir des choses à dire, mais il faut le faire à l’intérieur de nos instances et pas par presse interposée, explique-t-il. Que les choses soient claires. Je n’ai de leçon à donner à personne, je n’ai pas non plus de leçon à recevoir. Je pense qu’à chaque fois qu’on s’exprime dans la presse en s’invectivant, on fait du mal au football et uniquement au football. Je ne prends pas partie, ni dans un sens, ni dans l’autre. Ce n’est pas mon propos, parce que je ne voudrais pas non plus alimenter la polémique. Je dis seulement : « Messieurs, restons calmes, et revenons à des discussions à l’intérieur de nos instances. » »