"Ça va être un peu difficile": pour Rabiot, comment gérer le Classique contre le PSG sous le maillot de l’OM?

Le titi parisien Adrien Rabiot a forcément regardé la date du Classique lors de son arrivée à l'OM, pour les retrouvailles avec son club formateur. Il a grandi au PSG et même si le milieu de terrain est passé par la Juventus pendant cinq ans avant de rejoindre Marseille, la rancœur est grande côté parisien. Alors comment gérer ces retrouvailles?
Ils sont plusieurs à avoir fait le trajet Paris-Marseille, certains ayant été formés dans la capitale comme Rabiot (Fabrice Abriel, Jérôme Leroy, Lorik Cana). "Le premier Classique avec l’OM était assez particulier", se souvient Cana, olympien de 2005 à 2009, après cinq ans dans la capitale. "Tu viens d’arriver… Les gens aussi m’avaient plutôt bien accueilli et une victoire te permet, au niveau de la confiance, d’être ensuite en roue libre (sic) avec les supporters."
Comme lui, Rabiot a été vite adopté par le peuple olympien. L’ex-titi a été immédiatement applaudi, comme s’il était une "prise de guerre" marseillaise. Un succès ce dimanche lui permettrait de rentrer définitivement dans les cœurs, d’autant que la cité phocéenne attend une victoire contre l’ennemi depuis 2020 en championnat, et n’a même plus gagné à domicile contre Paris en L1 depuis 2011. Tout cela rend le contexte particulier.
>>> Les dernières infos avant OM-PSG
"C’est lui qui devrait avoir plus de rancœur envers Paris que l’inverse"
"Ce n’est pas évident à aborder, c’est vrai", se souvient Jocelyn Angloma, Marseillais de 1991 à 1994, après un an à Paris. "Pour ma part, je m’étais ancré rapidement dans le projet marseillais et ça s’était plutôt bien passé. Rabiot, ça va être un peu difficile pour lui, il a vécu tellement d’années à Paris, son enfance… Ce sera spécial même s’il est passé par la Juve. Mais je ne pense pas qu’il faut être inquiet pour lui, le public marseillais va le pousser."
Et lui-même a dû se motiver, pense Daniel Xuereb. Lui est arrivé à l’OM au tout début de la rivalité, en 1991, après avoir passé trois saisons au PSG: "Jouer contre son ancien club, c’est un match que l’on souligne avant, un match important à tes yeux. Rabiot est un joueur parti de Paris pour aller à la Juve, on ne peut pas dire qu’il ait été bien traité à Paris, c’est lui qui devrait avoir plus de rancœur envers Paris que l’inverse. Beaucoup de choses ont changé pour lui, le public parisien (absent au Vélodrome) va certainement le prendre en grippe comme ça a toujours été le cas comme pour les anciens. Mais je ne pense pas qu’il va être touché par tout ce qui va pouvoir se dire contre lui."
Sur le terrain, quelques duels musclés
Et les joueurs sur le terrain, comment vont-ils se comporter? De l’époque Rabiot, il ne reste plus que Marquinhos (ainsi que Kimpembe, en rééducation). Les temps ont changé, mais beaucoup gardent en souvenir le tacle très musclé du parisien Sylvain Armand - expulsé - en 2004 sur Fabrice Fiorèse, qui venait de passer du PSG à l’OM.
"Je ne suis pas resté longtemps sur le terrain", se souvient l’ex-défenseur. "Le départ de Fiorèse, les gens m’en avaient parlé beaucoup dans la semaine et je pense que malheureusement ça a joué sur cette faute restée un peu mythique. Ce n’était pas méchant et je ne voulais pas être agressif. Mais toute l’animosité cette semaine-là m’avait fait inconsciemment fait faire ce geste-là. Quand je suis ressorti dans la rue à Paris, les gens m’adulaient car j’avais taclé Fiorèse."
Nos interlocuteurs imaginent mal une telle scène aujourd’hui, même s’il y aura de la tension autour du joueur. "Ce type de match est coché depuis le début de la saison, on a envie de le jouer, vous sentez que ça monte crescendo médiatiquement. Ça monte en puissance entre supporters, dans les médias, entre supporters et présidents. La rivalité reste mais ça reste des joueurs de foot de deux grandes équipes qui s’affrontent, normal que ça se rentre dedans", pense Angloma.
À l’inverse, Rabiot peut-il se surpasser? "On veut bien faire, je suppose que Rabiot dans sa tête veut faire un grand match, il a été jeté comme un malpropre, c’est anormal et injuste", pense Xuereb. "Si un doit avoir de la rancœur, je pense que c’est plutôt lui."