Disparition d'Emiliano Sala: un attaquant déterminé, "charmant garçon", à l'efficacité reconnue

Ils étaient nombreux à s’être donné rendez-vous dans le centre-ville de Nantes ce mardi soir, pour afficher leur soutien aux proches d’Emiliano Sala, dont l’avion a disparu lundi soir au large des Iles anglo-normandes. L’attaquant argentin, qui venait de faire ses adieux à ses anciens coéquipiers du FC Nantes, devait rejoindre Cardiff, son nouveau club, et préparer ses grands débuts en Premier League. Les recherches, suspendues pour la nuit ce mardi, ne laissent guère de place à l’espoir.
Repéré en Argentin par les Girondins
Le joueur de 28 ans a marqué les cœurs de supporters canaris, qui en avaient fait leur nouvelle idole. Mais avant d’afficher des statistiques affolantes cette saison avec le FCN (12 buts et deux passes décisives en 19 matchs de Ligue 1), le natif de Cululu a galéré et fait un petit tour de France.
Formé à l’académie Proyecto Crecer, partenaire des Girondins en Argentine, Emiliano Sala avait rejoint Bordeaux en 2010, à l’âge de 20 ans. "Je me souviens très bien de notre premier contact, raconte à Goal Pierre Labat, ancien formateur bordelais. J'ai bien vu que psychologiquement, il était prêt pour le grand saut vers l'Europe. Il avait une telle détermination à réussir malgré des lacunes techniques. Il a vite corrigé cela en France, avec une adresse assez étonnante devant le but. Toutes proportions gardées, il me rappelait Jean-Pierre Papin dans ses jeunes années à Valenciennes."
Des prêts en National et Ligue 2
Il intègre la réserve, passe professionnel en 2012 mais ne s’imposera jamais en Gironde. Le club le prête successivement à Orléans en National (2012-2013), Niort (2013-2014) puis Caen, après une dizaine de matchs avec les Girondins. "C’est quelqu’un qui peut nous marquer entre 12 et 15 buts, espérait alors le coach des Chamois Karim Fradin dans un reportage sur France 3. En tout cas en termes d’état d’esprit, c’est un charmant garçon qui ne fait pas de vagues, toujours motivé dans le travail." Il signera 18 buts avec Niort.
Un meilleur ratio que Messi
C’est finalement Nantes qui tente le pari et le fait signer en 2015… pour un million d’euros. Avec une clause ajoutée par les Girondins pour récupérer 50% sur l’éventuelle plus-value d’une revente. Souvent raillé pour ses ratés et son profil peu technique, l’Argentin a su se faire adopter. Et marquer des buts importants. Six buts et trois passes décisives pour sa première saison, le double de réalisations les deux saisons suivantes, 12 encore depuis le début de la saison en 19 rencontres… Au point d’avoir même affiché un meilleur ratio que Lionel Messi en fin d’année, pour s’ériger en attaquant le plus efficace d’Europe en novembre dernier.
Un buteur et un "bon garçon" de l’aveu de tous, qui venait donc de signer à Cardiff. Montant de l’opération: 17 millions d’euros, pour un salaire six fois supérieur, censé lui permettre de mettre les siens à l’abri. Et une découverte de la Premier League qui s’annonçait, pour celui qui aura mis du temps à percer. Ce transfert, au départ, il n’en voulait pas tellement, l’entraîneur non plus, les supporters encore moins. Mais la réalité économique avait rattrapé la direction. C’est une autre réalité qui aura rattrapé le joueur, après des adieux émouvants avec le vestiaire nantais.