"Il faut un alignement des planètes": pourquoi le projet de nouveau stade du PSG est toujours une chimère

8 février 2024, dans les couloirs du congrès de l’UEFA à Paris, Nasser Al-Khelaïfi lâche au micro de RMC: "Le Parc c’est fini." Rebelote jeudi soir, lors de l’inauguration du Campus PSG à Poissy, avec une nouvelle sortie du président parisien. Les mêmes propos sont diffusés dans l'émission Rothen s'enflamme, sur RMC: "Si j'écoute mon cœur, on ne part pas. Mais aujourd’hui, tout le monde en Europe a des stades de 100.000, 80.000, 90.000 places... On en a besoin, sinon on est morts. (…) Si on veut être au même niveau que les autres clubs, et sur le fair-play financier… On a besoin de notre stade. On n’a pas d’autres solutions."
La communication du président parisien ne bouge pas. Et ce dossier, malgré la mobilisation de plusieurs cabinets d’étude, n’a que très peu évolué ces dernières semaines. Des options sont sur la table des dirigeants parisiens pour présenter courant 2025 un projet de grand stade dans la région parisienne, normalement à l'Ouest. Et même si plusieurs acteurs publics soutiennent le club de la capitale dans cette volonté de déménager, les contraintes sont nombreuses et le foncier disponible se fait rare, très rare. Le Paris Saint-Germain dispose actuellement d’un bail jusqu’en 2043 sur l'occupation du Parc des Princes.
Plusieurs lieux ont filtré pour construire cette nouvelle enceinte: Poissy, Saint-Quentin-en-Yvelines ou encore la ville d'Aulnay-sous-Bois, qui se montre offensive afin de séduire les décideurs parisiens. Tous ces noms présentent des avantages et des inconvénients. Les gestions des flux de circulation, routiers et dans les transports en commun, seront particulièrement scrutées par les services de l’État en cas d’avancement d’un dossier dans les prochains mois. En attendant, les villes candidates patientent. "Le PSG mobilise des gens de très haut niveau pour travailler sur ce projet avec différentes études", explique un représentant d’une mairie concernée. "Les points avec les équipes du PSG sont affinés, maintenant il faut voir qui sera choisi entre les différents candidats."
À Poissy, par exemple, la décision dépend de plusieurs facteurs. Un lieu, propriété du constructeur automobile Stellantis, est visé. Cette friche industrielle est assez grande pour accueillir le nouveau stade du club parisien, ainsi que son projet de "PSG Land". Mais à l’instant T, c’est Carlos Tavares, le patron de Stellantis, qui possède le dernier mot dans ce dossier. Un proche du dossier fait savoir que "ces derniers temps, Stellantis a cédé beaucoup de foncier". Cela ne veut pas dire que cette partie sera vendue avant le début de l’année 2026.
Les municipales 2026 à Paris, un tournant ?
Sur ce sujet du Parc des Princes, c’est silence radio du côté de la mairie de Paris. Les discussions sont toujours au point mort avec le PSG. Plusieurs proches du dossier rappellent que "rien n’a changé". Mais au-dessus de ce dossier plane l’ombre des municipales 2026 à Paris. Plusieurs interlocuteurs avancent l’idée qu’un changement de majorité pourrait permettre un achat du Parc des Princes juste après cette étape électorale. Dans les prochaines semaines, les différents candidats, déjà déclarés, devraient clarifier leurs positions à ce sujet. La présence de Rachida Dati, jeudi soir, à l’inauguration du Campus PSG n’est pas passée inaperçue chez les élus parisiens. "Le PSG doit rester à Paris", a lâché la ministre de la Culture sur X.
"Ça fait juste beaucoup de bruit dans les médias, avec une volonté de communication du PSG pour pas grand-chose de concret depuis deux ans", concède un élu de la majorité parisienne. Dans ce dossier, il ne faudra pas oublier l’avis des supporters. Une frange assez importante des fans parisiens ne veut pas quitter le Parc des Princes. Ils sont nombreux à demander une reprise des discussions entre la mairie de Paris et la direction parisienne, sans impact immédiat.
Un stade en trois ou quatre ans? Pratiquement impossible
L’autre argument avancé par le président parisien est la construction rapide de l’enceinte. L’ensemble des interlocuteurs sondés à ce sujet sont unanimes. C’est pratiquement impossible de construire en France un stade de 80.000 à 90.000 places en trois ou quatre ans. Certaines sources prennent l’exemple du Campus PSG. Entre le lancement du projet en 2016 et l’arrivée de l’équipe première en 2023, sept années se sont écoulées. "Il faut que les gens qui gèrent ce dossier prennent conscience qu’il y a énormément de règles en matière d’urbanisme sur le sol français", souffle un élu concerné par ce dossier. Des oppositions pourraient aussi se construire et retarder le projet du nouveau stade parisien.
"Il faut un alignement des planètes pour la réussite d’un projet aussi important", concède un autre. Qui poursuit: "Avec le lancement des campagnes électorales pour les municipales dans quelques mois, je ne vois pas ce projet débuter avant fin 2026. Vous imaginez les maires qui sont en route pour une réélection présenter ce projet à leurs administrés, alors que la France est en pleine crise et que les caisses des municipalités sont vides..." Et pour le moment, les planètes ne sont pas alignées.