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Incidents en Ligue 1: "Une reprise mouvementée" était crainte par la DNLH

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Thibaut Delaunay, patron de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), reconnaît avoir alerté les pouvoirs public de possibles débordement de supporters en début de saison. Mais il ne s’attendait pas à une telle violence.

La frustration de la crise sanitaire redoutée

Thibaut Delaunay, patron de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), craignait des difficultés lors du retour des supporters dans le stade après la crise du Covid. Mais pas aussi importantes.

"Le sentiment général qui domine, c’est déjà de la tristesse, parce qu’on ne s’attendait pas à un retour aussi violent dans les stades, explique-t-il à RMC Sport ce vendredi. Non pas qu’on ne l’avait pas anticipé puisqu’on savait que la frustration de la crise sanitaire allait engendrer des comportements peut-être déviants et des réactions exagérées, mais de là à en arriver à un tel niveau de violence dans plusieurs stades depuis le début de la saison… J’aurais préféré une autre reprise, dans un esprit plus festif."

Les pouvoirs publics étaient en alerte

Thibaut Delaunay assure ne pas avoir eu connaissance de l’existence d’une éventuelle note des services de renseignements français (DGSI) sur les craintes de violence avant le début de saison. De son côté, la DNLH avait mis en alerte les pouvoirs publics: "En amont de la saison, nous avions adressé à l’ensemble des directions territoriales une lettre de reprise et on les avait alertés sur le fait qu’on pouvait s’attendre à une reprise mouvementée et qu’il faudrait être particulièrement attentifs".

Les clubs poussés à utiliser la loi 2016

"Tous les outils sont complémentaires mais les interdictions de stade sont des outils qui sont attendus et importants, assure Thibaut Delaunay. Cela demande un temps d’investigation. Les temps judiciaire et médiatique ne sont pas les mêmes. L’utilisation de la vidéo pour identifier les individus, ça demande un long travail d’exploitation, d’identification, puis d’interpellation et de présentation à la justice pour enclencher les demandes d’interdiction judiciaire de stade. On a à notre main aussi les interdictions administratives de stade pour prévenir des troubles à l’ordre public et qui sont à la main des préfets. Il est nécessaire que les préfets s’appuient sur cette disposition."

"Nous avons des dispositions collectives: la restriction, l’encadrement ou l’interdiction de déplacements des supporters, même si nous préférons des sanctions individuelles, des dissolutions de groupes de supporters… Après, les clubs ont à leur main une disposition de la loi 2016 qui leur permet de retirer les abonnements ou d’interdire la vente de billets à des individus qui auraient été contraires aux règlements du stade. C’est une disposition forte qu’ils ont appelé de leurs vœux et je les invite à s’en servir plus fermement encore. Et puis, la Ligue, dans le cadre de la commission de discipline, peut aussi envoyer des signaux forts par les sanctions qui seront prises."

Les interdictions de déplacements préconisées

"Ce n’est pas la DNLH qui prononce les interdictions de déplacement, rappelle Thibaut Delaunay. Nous sommes un organe d’analyse et de conseil aux préfets et directions territoriales. Les préfectures prennent ensuite des arrêtés d’encadrement ou d’interdiction ou le ministère de l’Intérieur qui prend un arrêt ministériel d’interdiction de déplacement. Au vu de l’analyse des risques que nous faisons, nous pouvons inciter les préfets à prendre de telles mesures. Les interdictions de déplacements ne doivent pas être la règle mais je ne m’interdis pas de la préconiser dès que ce sera nécessaire. Sur les journées à venir, des matchs vont faire l’objet de telles mesures mais je pense qu’il faut quand même rassurer les supporters, et là je parle des vrais supporters, ceux qui vont au stade pour passer un bon moment, ils peuvent accéder au stade dans de bonnes conditions de sécurité. Et l’autre message qu’il faut envoyer, c’est un message de fermeté à l’encontre des individus violents, qui n’ont pas leur place dans les tribunes."

Qu’attendre de la réunion avec les quatre ministères?

"L’idée est de réunir des représentants des ministères concernés sur ces sujets des violences autour des matchs de football de manière à faire un point de situation, à réaffirmer la nécessité d’une réponse ferme, concertée et immédiate, souligne Thibaut Delaunay. Nous ferons le point de tous les outils que nous avons à notre disposition et décider de leur mise en œuvre et évoluer si des évolutions législatives sont nécessaires si des nouveaux modèles peuvent être imaginés. L’idée va être de trouver des solutions pour aider les clubs à organiser au mieux la sécurité dans leur stade. Cela relève de leur responsabilité, ils ne peuvent pas le faire tout seul et ont besoin de l’aide des pouvoirs publics. Nous allons les accompagner dans la mise en place de dispositif de sécurité lorsque c’est nécessaire et de sanctions contre certains supporters."

NC avec LB