Ligue 1: Ben Arfa serait-il vraiment une bonne pioche pour Nantes?

Alors que Jean-Pierre Rivère a confié sur RMC qu’un retour d’Hatem Ben Arfa à Nice ne lui déplairait pas, le FC Nantes songe également à enrôler l’ancien Rennais. La qualité de son pied gauche pourrait faire un bien fou à des Canaris peu inspirés offensivement depuis le début de la saison. Mais sa condition physique pose question.

Il aspire toujours à faire de gros coups. De faire parler de son FC Nantes, et en même temps le faire progresser, en attirant un nom prestigieux dans son effectif ou sur son banc. C’est ce qui l’a poussé par le passé à faire venir des entraîneurs comme Sergio Conceição ou Claudio Ranieri. C’est aussi avec cet objectif en tête qu’il a tenté ces dernières années de recruter Salvatore Sirigu, Lucas Moura ou Adel Taarabt. C’est encore dans cette optique qu’il cherche aujourd’hui à enrôler Hatem Ben Arfa. Waldemar Kita est comme ça. Déterminé et ambitieux.

Comme le rapportent ce vendredi L'Equipe et Ouest-France, le président du FCN s’est mis en tête de devancer l’OGC Nice sur ce dossier. Il a rencontré l’international français de 32 ans, libre depuis son départ du Stade Rennais l’été dernier, et lui a transmis une proposition. Ce n’est pas la première fois que Kita cherche à engager l’ancien Niçois. Il était déjà sur le coup à l’été 2017. Sauf que Ben Arfa avait décidé de rester au PSG, où il ne jouait pourtant plus. Deux ans après, Kita pourrait donc parvenir à ses fins. Mais Ben Arfa serait-il vraiment un renfort intéressant pour les Canaris? Ont-ils besoin d’un élément offensif?

La même conception du jeu que Gourcuff

Ceux qui ont regardé le carton des hommes de Christian Gourcuff cette semaine en 16es de finale de la Coupe de la Ligue face au Paris FC (8-0) seront peut-être tentés de répondre par la négative. Même avec leur artificier en chef sur le banc au coup d’envoi (Kalifa Coulibaly), les Nantais ont prouvé qu’ils pouvaient faire parler la poudre. Entre Moses Simon, Ludovic Blas et les jeunes pousses issues du centre de formation (Imran Louza, Elie Youan), le FCN ne manque pas d’atouts.

Ce récital face à la lanterne rouge de Ligue 2 ne doit pourtant pas faire oublier que le club des bords de l’Erdre n’a inscrit que neuf buts lors des onze premières journées de Ligue 1. Seuls Strasbourg (sept buts) et Dijon (cinq) présentent un plus mauvais bilan. Certes, cela n’a pas empêché les Nantais de s’installer à la deuxième place du classement derrière le PSG. S’ils marquent peu, ils font preuve d’un réalisme extrême et peuvent compter sur leur défense pour réussir un très bon début de saison. Mais les derniers revers à Metz (1-0) et contre Monaco (1-0) ont aussi mis en avant les difficultés du FCN à la construction du jeu, avec un déchet important au moment de basculer entre le milieu et l’attaque.

"En foot, il faut savoir jouer juste, être plus sûrs dans nos transitions, pour mieux contrôler la partie", pointait Gourcuff vendredi dernier après la défaite face à Monaco. Dans ce registre, un joueur aussi technique que Ben Arfa pourrait apporter une plus-value évidente. S’il était parfois branché sur courant-alternatif, il a prouvé la saison dernière à Rennes qu’il savait toujours aussi bien faire jouer ses partenaires et casser les lignes sur une accélération ou une ouverture avec sa patte gauche.

Avec sept buts en 26 matchs de Ligue 1, il a aussi affiché une efficacité qui ne serait pas de trop à Nantes. La magie qui anime ses pieds a souvent régalé le Roazhon Park. Elle enflammerait à coup sûr la Beaujoire. Aux côtés de manieurs de ballon comme Blas et Louza, Ben Arfa pourrait se régaler et distribuer du caviar pour un Coulibaly en panne de buts depuis un mois. Dans le schéma en 4-2-3-1 régulièrement mis en place par Gourcuff, Ben Arfa aurait tout le loisir d’évoluer en numéro dix, sa position préférentielle. Niveau philosophie, celui qui a souvent pesté la saison dernière contre le contenu proposé par le Stade Rennais n’aurait aucun mal à s’entendre avec un technicien qui a érigé la qualité de jeu comme priorité lors de sa présentation à Nantes.

Une condition physique qui pose question

Encore faut-il avoir la condition physique nécessaire pour produire ce beau jeu. Et quand on évoque Ben Arfa, il faut évidemment rappeler que le joueur n’a plus foulé un terrain depuis le 12 mai. En Bretagne, il lui avait fallu plusieurs semaines pour retrouver toutes ses sensations après une année blanche au PSG. Le principal intéressé l’avait lui-même reconnu dans un entretien à L’Equipe en avril: "Il a fallu se remettre en jambes, puis ce fut compliqué vers novembre, je ne jouais presque plus."

Pour Willy Sagnol, membre de la Dream Team RMC Sport, Ben Arfa aurait à nouveau besoin de beaucoup de temps pour pouvoir espérer enchaîner les matchs. "Ça doit faire trois ans qu’il n’a pas fait une vraie préparation physique. Et depuis cinq mois, il ne fait pas d’entraînement collectif. Même s’il travaille avec un préparateur physique, ça ne remplace pas les entraînements. Si tu le prends aujourd’hui, tu sais qu’il ne sera pas prêt avant janvier", estime-t-il.

Reste à savoir aussi comment Ben Arfa parviendrait à s’intégrer dans le vestiaire nantais. A Rennes, certains épisodes ont quelque peu terni son passage, comme une mise au vert manquée avant une rencontre face à l’OM, ses déclarations très critiques sur la qualité de jeu de son équipe et cette supposée altercation avec Benjamin Bourigeaud à l’entraînement rapportée par L’Equipe. A sa décharge, il a toujours été défendu par Olivier Létang.

Ben Arfa et Pallois © ICON

"Hatem a été irréprochable dans le vestiaire, dans les attitudes. Il y a eu un événement, qui est celui de la mise au vert avant le match de Marseille. Il était très fatigué après le match précédent. Il ne faut pas simplement résumer sa saison à cet épisode. Il a été un leader. A son arrivée, tous les joueurs ont été surpris par son intégration, son adaptation, de sa facilité à se mettre au service des autres et du club", avait déclaré le président rennais début mai dans l’émission Team Duga sur RMC.

Une bonne manière de répondre aux critiques de ceux voulant toujours voir une forme de dilettantisme ou un manque d’implication chez Ben Arfa, qui avait aussi su séduire les supporters bretons par son caractère et ses sourires traduisant une recherche perpétuelle d’amusement. "Si je ne trouve pas un truc bien, je peux arrêter. S’il n’y a pas un truc qui m’excite. Sinon, je continue, je marche au plaisir", avait-il glissé en avril en réponse aux questions sur son avenir. Bonne nouvelle pour lui : s'il y a bien un terme qui revient en boucle dans les discours de Gourcuff depuis son arrivée à Nantes, c'est bien "plaisir".

Rodolphe Ryo