OM: Villas Boas, fair-play financier, top 15 européen... Les mises au point d'Eyraud

L'appel à la "sérénité" avec Villas-Boas
Après la sortie médiatique remarquée d'André Villas Boas la semaine dernière, faisant comprendre qu'il n'était pas impossible qu'il quitte l'OM à la fin de la saison, une réunion a eu lieu lundi entre l'entraîneur portugais et Jacques-Henri Eyraud. Une discussion qu'il a évoquée au micro de RMC Sport, dans une interview réalisée ce mardi.
"On discute régulièrement avec André [Villas Boas] et Andoni [Zubizarreta]. Je crois que l'heure est à la sérénité et la concentration sur un objectif: bien terminer la saison. (...) Villas Boas, je l'ai choisi et je sais très bien que, comme un entraîneur de son niveau, il est là en affichant une grande ambition. Il s'est même fixé un objectif courageux: se qualifier en Ligue des champions. Donc il faut tous être derrière lui, tous l'entourer. Je suis derrière lui pour qu'il atteigne son objectif. (...) Je connais le football, je sais que rien n'est acquis. (...) On ne se projette pas encore aujourd'hui à la fin de saison. André Villas Boas a un contrat de deux ans. (...) On peut toujours s'améliorer, notamment dans la communication, qui est un exercice difficile dans le football. On en a parlé et on fera en sorte de mieux communiquer. Mais voilà, aujourd'hui le feuilleton est terminé et on est conscients des enjeux, beaucoup plus importants que nos personnes respectives".
La cohabitation entre Aldridge et Zubizarreta
Jacques-Henri Eyraud a précisé le rôle précis occupé par Paul Aldridge, dont l'arrivée au début du mois a suscité le mécontentement d'André Villas Boas. L'occasion pour le dirigeant marseillais de réitérer sa confiance vis-à-vis d'Andoni Zubizarreta: "C'est un conseiller qui va avoir une mission très délimitée, très précise, de m'aider à comprendre mieux le marché anglais, son évolution, ses acteurs et à le faire dans le respect des missions de chacun et notamment celle d'Andoni [Zubizarreta], qui reste évidemment le directeur sportif de plein exercice de ce club. Il reste l'architecte de cette équipe, sans qui aucune transaction, que ce soit une acquisition ou une cession, ne peut s'envisager".
La position pour le mercato d'hiver
Lorsqu'il lui a été demandé s'il pouvait garantir à son coach de ne pas toucher à l'effectif au cours de mercato d'hiver, Jacques-Henri Eyraud s'est montré prudent tout en se voulant rassurant: "On est toujours pragmatique dans le football. Que club est capable de dire que personne ne partira si une offre qui ne se refuse pas arrive? [André Villas Boas] le sait, on en a parlé ensemble. Ce qu'il sait aussi, c'est ma ferme intention de ne pas affaiblir l'équipe et de ne pas casser la dynamique actuelle parce qu'elle est si importante et elle peut être fragile aussi".
Il en a profité pour nier toute volonté, avec l'arrivée de Paul Aldridge, de démanteler l'effectif en essayant de réaliser plusieurs coups en vendant des joueurs en Angleterre: "Est-ce que vous pensez une seule seconde que j'aurais recruté un conseiller spécial le 2 janvier, en lui confiant la mission de céder des joueurs le 15, 20 ou 30? On ne travaille pas comme ça à l'Olympique de Marseille".
Les obligations pour le fair-play financier
Jacques-Henri Eyraud a rappelé que le club ne pouvait dépenser à outrance, après plus de 300 millions d'euros d'investissements réalisés par le propriétaire Frank McCourt: "Il va falloir que l'on respect notre engagement vis-à-vis du fair-play financier. Ça va se faire sur la durée. (...) Les règles sont claires: il y a aujourd'hui un plafond de pertes de 30 millions d'euros sur trois ans. Il va falloir qu'on arrive assez vite à l'équilibre pour qu'on rentre dans les clous, c'est fondamental pour nous. On doit respecter notre engagement et c'est aussi une contrainte qui est évidemment la mienne. J'ai parfois le mauvais rôle. (...) On doit absolument viser très haut en matière de performance sportive, tout en devenant une entreprise pérenne d'un point de vue économique".
Sa relation avec McCourt et les rumeurs de revente
À propos de sa relation avec l'actionnaire Frank McCourt, très discret médiatiquement, Jacques-Henri Eyraud a assuré que tous les voyants étaient au vert: "Notre relation n'est pas frappée du sceau de l'agacement. Elle est particulièrement proche et professionnelle. On se parle très souvent, plusieurs fois par semaine. Il suit de façon très précise l'évolution, les progrès et les challenges qui sont les nôtres. Il est très impliqué. Il a fait beaucoup d'efforts pour comprendre ce qu'est l'OM".
Quant aux rumeurs évoquant un lassitude de l'homme d'affaires américain et des velléités de revente, le président marseillais a assuré qu'aucun désengagement n'était envisagé: "Ce n'est pas un dirigeant d'un fonds d'investissement. Il a bâti avec ses ancêtres une entreprise familiale qui s'est développée de façon extraordinaire aux États-Unis et dans le monde entier. Il a une vision très familiale de l'investissement. (...) Évidemment que toute cession n'est pas à l'ordre du jour. Malheureusement, dans notre secteur, on a des rumeurs régulières au gré de l'actualité. C'est dommage, il faut vivre avec".
Les menaces de mort dont il a fait l'objet
Jacques-Henri Eyraud a porté plainte la semaine passée, après avoir fait l'objet d'une menace de mort sur les réseaux sociaux. Un épisode qui l'a particulièrement touché: "C'est misérable et extrêmement lâche. Ce sont toujours des menaces anonymes. Que dire de plus, si ce n'est que c'est vraiment quelque chose qui touche quand ça nous arrive, injuste pour ma famille qui n'a rien demandé et certainement pas que notre domicile soit protégé. Je suis vraiment effaré devant la violence de ces réseaux, le déferlement de haine gratuite et anonyme qu'on peut y trouver. C'est une honte et ça ne grandit pas les auteurs de ces actes qui, je l'espère, seront identifiés et poursuivis. En ce qui me concerne, je ne cesserai de refuser la banalisation et de lutter coup pour coup contre ceux qui se permettent ce genre d'extrémités".
Son avenir à la tête du club
S'il admet qu'être président de l'Olympique de Marseille implique de mener une "vie sans répit", l'homme de 51 ans assure n'avoir aucune intention de s'en aller: "Diriger l'OM, c'est quelque chose qui est très fort, très intense, intellectuellement mais aussi physiquement. (...) Je suis un combattant ; les sports de combat ont représenté sept années de ma vie durant lesquelles je ne faisais que ça. J'ai l'habitude de ces environnements à très haute intensité. (...) J'ai une mission, je continue et il y a encore beaucoup de choses à faire".
Ses "erreurs" commises depuis son arrivée
"Bien sûr que j'ai fait des erreurs, reconnaît-il. Mais je vais continuer à en faire, même si j'espère que les succès seront au rendez-vous et qu'elles pèseront davantage que les erreurs. On en fait dans le recrutement, qui est un travail extraordinairement difficile. Je ne voudrais d'ailleurs pas qu'on se focaliser sur un joueur qui est un immense professionnel. Oui, j'ai fait des erreurs, mais l'heure n'est pas au bilan. On pourra le faire à un autre moment. Je sais très exactement ce que j'aurais fait différemment".
L'ambition "top 15 européen" de l'OM
Au sujet des objectifs sportifs de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud se montre assez confiant: "Si les choses continuent sur ce rythme, on a une bonne chance de renouer avec les plaisirs, l'ambiance, l'atmosphère et les émotions de la Ligue des champions. Ce sont des choses qui mettent du temps. J'ai peut-être sous-estimé ce temps nécessaire à la reconstruction pour être plus compétitif. Aujourd'hui, on y est, le classement le montre. (...) Mon ambition, mon obsession, c'est que ce club retrouve le peloton de tête du top 15 européen. L'une des conditions, c'est un minimum de sérénité et de calme".