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"Un sentiment de dégoût": le maire de la ville natale de Sala réagit au chant niçois

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Daniel Ribero, maire de Progreso, ville natale d'Emiliano Sala, confie pour RMC Sport son émotion et celle de sa commune après les chants moqueurs entonnés par certains niçois ce mercredi. Au cours de la rencontre contre Saint-Etienne, l'accident tragique de l'attaquant argentin décédé en 2019 a été tourné en dérision par certains supporters des Aiglons.

Daniel Ribero est le maire de Progreso, une petite commune agricole de 3000 habitants située dans la province de Santa Fe à plus de 500 km au nord de Buenos Aires. C’est ici qu’est né Emiliano Sala. Sa famille y réside encore. Le 16 février 2019, les obsèques de l’ancien attaquant nantais avaient eu lieu au siège de son club formateur, San Martin de Progreso. Daniel Ribero était le président de l’institution jusqu’en 2021. C’est lui qui a fait renommer le stade au nom d’Emiliano Sala et fait peindre deux fresques géantes à la mémoire du joueur sur les murs du club. Très proche de la famille et surtout de Dario, le frère du buteur, il témoigne de l’indignation à Progeso à la suite du chant des supporters niçois.

Comment avez-vous réagi au chant entendu à Nice ce mercredi ?

On a découvert ça en lisant les sites d’information. Pour nous, ça a été beaucoup de tristesse et un sentiment de dégoût. La réaction de cette minorité de supporters est inexplicable. La disparition d’Emiliano a été vécue avec beaucoup de peine dans notre commune et, je crois, dans le monde entier. Que quelques supporters réagissent comme ça nous attristent terriblement et nous procurent aussi de la pitié. Cela montre malheureusement la misère humaine.

Les habitants sont choqués ?

Dans notre commune, on avait apprécié l’hommage des Nantais pour Emiliano lors de la finale. On était vraiment heureux de voir qu’ils continuaient de se souvenir d’Emiliano de cette façon. Mais on est passé de ce moment de joie à celui d’hier. C’est vraiment regrettable. Je suis sûr que la grande majorité des supporters de Nice condamne ce qu’il s’est passé. On a entendu les excuses de l’entraîneur et du maire de Nice. Mais tout cela est très triste. Je n’ai pas encore pu échanger avec sa famille mais je parle régulièrement avec son frère. La douleur qui les accompagne encore pour la disparition physique d’Emiliano s’est sûrement aggravé à cause des évènements d’hier. Ce genre de choses fait que la blessure se rouvre et vous fait mal à nouveau. L’hommage des Nantais avait été très réconfortant. Ce qu’il s’est passé hier est tellement triste que cela ravive forcément la douleur.

Vous espérez des sanctions ?

J’espère qu’il va y en avoir. On ne peut pas permettre ce genre de choses. On ne peut pas jouer avec la douleur. On sait tous qu’il y a un "folkore" qui existe dans le football. On peut provoquer le rival parce qu’on l’a battu, parce qu’on lui a mis plein de buts. Mais sur ce genre de choses, c’est complètement invraisemblable d’agir comme ça. Il faut le condamner.

La mémoire d’Emiliano est encore vive à Progreso ?

Sur les murs du gymnase du club, on a peint une grande fresque murale à la mémoire d’Emiliano et il y a une deuxième près de la piscine. Le week-end dernier, j’ai encore vu beaucoup de gens qui regardaient son visage avec beaucoup de tristesse. On repense toujours à lui. Pour la joie qu’il nous a procuré. Pour la peine de l’avoir perdu d’une manière si tragique. On ne l’oubliera jamais. On essaie de transmettre aux jeunes qui ne l’ont pas connu ce qu’était Emiliano. Parce qu’au-delà du footballeur, c’était un bon garçon avec des valeurs. C’est pour ça aussi que notre stade porte également son nom. On va sûrement encore lui rendre hommage ces prochaines années. On veut que son nom soit présent chez tous les habitants de Progreso.

Propos recueillis par Georges Quirino Chaves