Bordeaux-Rodez arrêté: "On ne peut pas être la victime de ce match", déplore le président d'Annecy

Pouvez-vous nous expliquer votre ressenti par rapport à la situation?
SEBASTIEN FARAGLIA. C’est un scenario tellement improbable et incroyable qu’on a du mal à réaliser la situation. La commission de discipline s’est positionnée, elle a statué sur l’intrusion du spectateur. Voilà, il n’y a pas à en remettre une couche, elle a fait son travail, elle a sanctionné Bordeaux, le spectateur va être jugé, ça c’est fait. Mais nous ne dérogeons pas de la posture initiale depuis le départ. Ce que l'on dit, c'est que dans ce scénario incroyable, Annecy ne peut pas être la victime de ce match. Pas dans ces conditions. Ce n'est pas possible. On est dans la suite logique tout simplement de ce qu'on a déjà écrit et ce qu'on vous a dit il y a quelques jours, quelques semaines. C'est que dans un scénario qui nous semble irréel, tellement il serait injuste, on liste la somme des actions qu'on va entamer dès demain.
Justement, une part de l’injustice vient du fait que vous n’êtes pas impliqué dans le match en question ?
On n’a rien à voir avec ce match. Dès le départ, on souhaitait qu’il se rejoue rapidement. On a bien compris que ce n’était pas possible, le règlement ne le permettait pas. Ok, on passe à autre chose. Mais on est dans une situation tellement unique: un match qui s’arrête à la 23e minute, à la dernière journée de championnat dans des conditions que tout le monde connaît. Je pense que tout le monde a vu les images, donc ça laisse place quand même à beaucoup d’interprétations diverses et variées. Non, on ne restera pas dans notre canapé à attendre la sentence. Et si Annecy devait se retrouver relégué en National, on ira au bout de nos actions parce qu’il y aura un réel préjudice pour notre club et notre projet.
"Ce n’est pas possible qu’on subisse une injustice de la sorte"
Quelles sont vos actions dans l’immédiat?
Les actions sont simples, elles sont toutes listées précisément [dans le communiqué publié mardi]. On va saisir la commission de compétitions pour voir sa position sur l’homologation du classement, parce que c’est quand même cette commission qui doit acter le classement à la fin du championnat. Et à l’heure où on se parle, Annecy n’est pas en National. Personne ne nous a dit qu’on était relégué en National. Dans la foulée, on va saisir la commission juridique. Autant on n’a pas à juger la violence, l’introduction, la rentrée du supporter, la bousculade... Ça n’est pas un sujet, il faut le condamner violemment. Pour autant, ce qu’il s’est passé après, pour nous c’est très suspicieux. Donc on va saisir la commission juridique pour aller au bout de ce processus. (...) On ira au bout de nos démarches, c’est certain.
Vous appelez dans le communiqué à respecter le statut de la LFP. Qu’est-ce qui vous fait dire que le statut n’est pas respecté?
Quand le président de Rodez fait un communiqué en annonçant qu’il est maintenu en Ligue 2, c’est très bien mais ça n’est pas lui qui va décider ça. C’est la commission des compétitions. Je lui souhaite de se maintenir en Ligue 2, mais en tout état de cause s’ils doivent se sauver ça ne sera pas au détriment d’Annecy. C’est ce qu’on dit depuis le départ. On souhaite qu’une chose, c’est de repartir en Ligue 2. D'ailleurs, on le propose dans ce communiqué. On va solliciter les deux représentants des clubs de Ligue 2 qui siègent au conseil d'administration de la LFP. Peut-être qu’il y a une démarche à faire pour proposer une Ligue 2 à 21 au nom de l’équité sportive. On ne peut pas se retrouver lésé à ce point. Ce n’est pas possible.
Ça vous semble envisageable un championnat avec une équipe en plus?
Ce qui me semble inenvisageable, c’est qu’Annecy soit relégué en National. (...) Aujourd’hui, on ne fait que revendiquer l’intérêt de notre club au nom de l’équité sportive. Ce n’est pas possible qu’on subisse une injustice de la sorte. Et on voit bien tous les messages qu’on a. Il y a l’unanimité autour de notre cause. Ce n’est pas Annecy contre Bordeaux, Annecy contre Rodez ou Annecy contre je ne sais qui. C’est Annecy ne peut pas se retrouver dans cette situation là. C’est impensable.
Pour vous, ce soutien est la preuve que vous êtes dans le vrai?
Si vous voulez, quand la cause est juste, généralement elle mobilise les gens. Vous avez certainement un avis sur la situation. Depuis que je suis interviewé, je pose tout le temps la même question: vous avez un avis sur la situation, quel est-il? Et je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu'Annecy ne peut pas se retrouver en National l’année prochaine.
Vous citez et interpellez la ministre des Sports dans le communiqué. Avez-vous l’espoir que la classe politique se saisisse aussi de cette question et en particulier qu'Amélie Oudéa-Castéra puisse avoir un rôle à jouer dans cette situation ?
La ministre des Sports a été très claire: il faut condamner la violence dans les stades, dans le sport en général. La violence tout court doit être condamnée, ça ne fait pas débat et la commission de discipline a tranché là-dessus. Par contre, ça ne doit pas être au détriment de l’équité sportive et on ne peut pas être le dindon de la farce à la fin de la séquence. Donc effectivement, on s’agite beaucoup en ce moment pour faire valoir nos droits et dans la seule démarche de dire que Annecy doit repartir en Ligue 2, point.
"Il y a eu un certain nombre de faux témoignages"
Vous dites que vous préparez déjà la saison comme si vous étiez en Ligue 2. Quelle est l’ambiance au sein du club, comment fait-on pour se préparer tout en faisant face à ce flou immense?
Vous savez, la situation est très anxiogène. Une relégation de Ligue 2 en National… je ne vais pas vous faire un dessin, mais le préjudice serait terrible. On a des joueurs sous contrat qui se retrouveraient libres. C’est tout une économie qui en dépend, c’est tout un projet, c’est 10 ans de boulot. Alors effectivement, on a pris la posture de dire qu'on se met en ordre de marche pour repartir en Ligue 2. Parce qu’on pense avoir assez d’arguments pour justifier de repartir en L2. On n’imagine évidemment pas le scénario catastrophique où nous serions relégués en National. Encore une fois, si tel était le cas on ira chercher les coupables et on demandera réparation pour l’ensemble des préjudices. Et là, ça va faire beaucoup beaucoup de bruit.
Pour notre club, comme pour tous les autres, une relégation c’est terrible. Je ne vais pas vous dire à combien on estime ce préjudice, parce que ce n’est pas le débat du jour. Pour l’instant, on saisit la commission des compétitions et la commission juridique pour avancer et après on soumet l’idée à nos représentants de Ligue 2 au sein du conseil d'administration de dire que le bon sens peut gagner et qu'on peut partir à 21. Après, par contre, on se met en ordre de marche pour d’autres actions, car on ne peut pas attendre sur le canapé le verdict final. On est plus que déterminé pour aller au bout de ce qu’on a dit.
Dans le communiqué, vous parlez aussi d’une simulation du joueur de Rodez. Pourquoi avez-vous tenu à souligner cela et pourquoi estimez-vous qu’il a simulé au moment de l’incident?
Parce que j’ai des yeux déjà, j’ai vu! (rires) Il y a eu un certain nombre de faux témoignages. La déclaration du procureur adjoint est très éloignée de ce qu’on entend la veille sur les différentes déclarations des protagonistes qui étaient au match Bordeaux-Rodez. Et puis nous avons fait un certain nombre de recherches. Ce n’est pas aujourd’hui ni ici qu’on doit parler de cela. Si on doit amener des arguments, on le fera auprès de la commission juridique. Mais si on lance ce genre de sujet, c’est qu’on a des arguments pour valider tout ce qu’on dit.
Avez-vous l’impression que Rodez ne joue pas le jeu?
J’ai l’impression que tout le monde a [cette impression]. Si vous n’avez pas eu la chance de voir les images, regardez-les et vous verrez que votre question vous la reformulerez! (rires)
Un dernier mot sur votre ressenti. Évidemment, on a vu la superbe épopée d’Annecy en Coupe de France. On vous retrouve quelques mois après dans cette situation compliquée. Comment vivez-vous de passer d’un moment si haut à un bas si compliqué ?
C’est un peu les montagnes russes mais c’est aussi le propre du foot, du sport. Cest pour ça qu’on aime ça. Mais c’est sûr qu’on aurait aimé avoir un point de plus, ne pas être relié à ces incidents de match. C’est comme ça. On a démarré la saison en étant promus, plus petit budget. On va finir avec 45 points acquis sur le terrain. C’est une réelle performance, vraiment. On estime que ces 45 points acquis sur le terrain justifient notre place l’année prochaine en Ligue 2. Je ne suis pas là pour juger si Rodez doit y être ou pas attention. Je parle d’Annecy. Annecy doit être en Ligue 2. Si Annecy n’y est pas au détriment de Rodez, on actionnera tout ce qu’on a dit.