L2: Djokovic, Massa, Magnussen... Comment Le Mans FC compte gérer l'arrivée de ses prestigieux investisseurs

"Il y avait une série Netflix à faire sur ces dernières années", sourit Thierry Gomez qui entame sa dixième année comme président du Mans FC. L'entrepreneur réfléchit sérieusement à ouvrir le capital du club sarthois depuis trois ans déjà. "J'ai tout rencontré", confie-t-il à RMC Sport. "Des gens qui pensaient m'apprendre le football, des escrocs, des politiques connus voulant absolument devenir président d'un club de foot et prêts à oublier la raison en s'associant avec n'importe qui... des histoires extraordinaires." Puis est arrivé l'année dernière le groupe OutField. "Je leur ai dit que s'ils voulaient claquer de l'argent, ce n'était pas le bon club, ni la bonne personne" assure Thierry Gomez.
Le président et le groupe brésilien ont appris à se connaître, un an durant. Gomez s'est rendu au Brésil quand OutField est venu au Mans à deux reprises. "On a choisi ce club car le président est responsable" témoigne Aymeric Magne, fort d'une expérience de 5 ans au Brésil et qui siègera au conseil d'administration comme représentant d'OutField. "Il fait partie des présidents sérieux qui durent sur le long terme, cela fait 40 ans qu'il baigne dedans. On est là pour l'aider à développer le club, on va venir capitaliser sur le travail qu'il a déjà effectué pour tout simplement lui donner les moyens de son ambition."
"On ne va pas arriver et dépenser 25 millions pour acheter des joueurs"
Tout en ayant la volonté de rester "structuré, raisonné et raisonnable". Après avoir déjà investi 500 millions dont 150 sur le sport, OutField s'est crée "une réputation solide au Brésil et à Sao Paulo, capitale économique du pays" affirme-t-on outre-Atlantique. Pedro Oliveira, co-fondateur de la société, est déjà bien implanté dans le football. S'il détient des parts du club de Coritiba, actuel leader de Série B brésilienne, il opère également dans le conseil auprès des illustres clubs que sont Corinthians ou Flamengo. À ses côtés, Georgios Frangoulis, fondateur de la marque d'alimentaire-santé Oakberry, a, en l'espace de huit ans, généré plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires et s'est implanté dans 50 pays. "Avec Coritba, ils ont connu des débuts difficiles", explique Gomez. "C'est rassurant car ils connaissent le football, la fragilité du résultat, la pression, c'est un point important."
La transition se fera en douceur. "On ne va pas arriver et dépenser 25 millions pour acheter des joueurs. Il n'y aura pas non plus l'arrivée de cinq brésiliens la semaine prochaine", assure Aymeric Magne, alors que Le Mans FC, vainqueur de ses cinq matchs de préparation, s'apprête à faire signer un nouvel attaquant lundi et avance toujours sur le dossier de deux à trois défenseurs pour étoffer son effectif. "Les joueurs sont prévenus", reprend Thierry Gomez. "Je ne vais pas monter sur la table et doubler les primes. Ce serait la plus grosse erreur."
L'objectif: être stable
Des joueurs qui, justement, ont vite appris la nouvelle de l'arrivée d'investisseurs mondialement connus. "C'est une génération connectée, ils ont entendu 'Djoko', Felipe Massa, un type qui fait des centaines de millions de chiffre d'affaire... c'est une folie. Les gens se disent qu'on va devenir le PSG. Non, on ne sera jamais le PSG", assure le président. "On va d'abord réaménager nos infrastructures qui, depuis 15 ans et la liquidation judiciaire du club, ont vieilli." Le club souhaite également faire grandir l'équipe féminine après une belle dernière saison de Seconde Ligue (4e), améliorer la cellule médicale et les structures administratives. "On a déjà renforcé la direction financière, comptable et la sécurité", poursuit-il.
L'objectif avant tout: être stable à l'heure où le football français tire la langue. "Le resserement de l'élite à 18 et le problème des droits télé ont un réel impact", alerte Gomez. "L'écart entre les budgets de chaque club ne cesse d’augmenter comme celui entre le budget et les charges. Vous ne perdez plus facilement un million d'euros mais dix, quinze voire vingt millions. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation seine à tout point de vue mais j'espère que dans 40 ans le club sera toujours là, en L1 et en bonne santé."
Novak Djokovic, un investissement qui part d'un lien amical
Alors, OneField vient pour cela: apporter plus de souplesse et s'investir "dans une ville de sport qui comprend un gros club de basket, un club de football, les mythiques 24h du Mans". D'où la présence des pilotes Felipe Massa et Kévin Magnussen comme investisseurs indépendants au sein de la société. "Ils ont donné de l'argent au fonds pour que ce dernier gère leurs intêrets", explique Magne, pédagoge. "Le fait d'associer des grands champions du sport mécanique, sachant que Le Mans est mondialement connu grâce aux 24h, donne encore plus de sens à ce partenariat", se réjouit Thierry Gomez qui rappelle que "Le Mans a eu des expériences heureuses avec des Brésiliens comme Grafite ou De Melo."
Moins avec le tennis, Jo-Wilfried Tsonga étant le seul tennisman sarthois pouvant se vanter d'un palmarès mondial. "Novak Djokovic arrive au départ par amitié avec Georgios Frangulis", précise le boss du club sarthois, le PDG d'Oakberry étant le compagnon de la numéro une mondiale Aryna Sabalenka. "Il adore le foot, aime aussi y jouer. J'espère qu'on lui fera connaître la ville, il est prévu qu'il vienne dans l'année. On espère, pourquoi pas, le voir fouler la pelouse de Marie-Marvingt pour les 40 ans du club le 11 octobre en fonction de son calendrier."
"Comme Felipe ou Kevin, Novak est bien investi dans le projet, il n'a pas donnné de l'argent et c'est tout", assure Aymeric Magne. Qui poursuit: "Vous l'avez peut être vu partager une story sur son compte Instagram." Le président, lui, l'a vu. "Rien que ça, le logo du Mans sur le compte de Djokovic, c'est fou."