Ligue 2: la descente aux enfers de Nancy, en route vers le National

La belle série de 55 années dans les deux premières divisions françaises a pris fin comme ça, subitement, lors d’un anonyme match à domicile face à Quevilly-Rouen, uniquement rendu mémorable par son interruption. Vendredi, à l’occasion de la 35e journée de Ligue 2, Nancy accueillait QRM dans un match à ne surtout pas perdre pour ne pas descendre en National. Mais les Lorrains se sont écroulés, encaissant trois buts d’entrée de match, et les jets de fumigènes par les supporters sur la pelouse ont contraint l’arbitre à mettre fin à la rencontre dès la 40e minute (0-3). Entérinant définitivement la descente aux enfers de l’ASNL.
Un rachat du club en question
Officiellement, Nancy n’est pas encore relégué et devra attendre la décision de la commission de discipline pour être certain de son sort. Mais le compte Twitter de l'équipe s'est lui-même résigné à l'issue du match, en l'assurant: "l’ASNL évoluera en National la saison prochaine". Une chute vertigineuse pour un club qui évoluait encore en Ligue 1 en 2017 et a longtemps fait l’ascenseur avec l’élite, jusqu’à ce qu’un câble casse définitivement en 2020, au moment de la revente du club.
Depuis quelques années, les Lorrains jouaient à se faire peur en Ligue 2, souffraient financièrement et avaient même frôlé une première relégation en troisième division en 2018 (17es, à deux points de la zone rouge). Mais tout devait changer avec le départ de l’emblématique président Jacques Rousselot, lassé après 27 ans à la tête du club, et l’arrivée d’un nouveau propriétaire: New City Capital, un fonds d’investissement privé sino-américain, qui a pris la tête du club le 31 décembre 2020.
Rousselot prédisait "la Ligue des champions"
Au moment de partir, Rousselot se voulait optimiste. "Leur objectif, c'est d'être en Ligue des champions dans trois ou quatre ans, c'est la raison pour laquelle je crois en ce groupe, expliquait l'ex-dirigeant au sujet de ses successeurs. Les budgets futurs tourneront autour de 100-120 millions d'euros. On passe dans une autre dimension." Le projet neuf de l’ASNL devait alors être incarné par Daniel Stendel, jeune tacticien allemand aux idées tactiques acérées arrivé l'été dernier, qui avait déjà travaillé avec le nouveau président Gauthier Ganaye à Barnsley.
Mais la mayonnaise n’a pas pris et Stendel a eu toutes les peines du monde à inculquer ses principes. Après dix journées, Nancy ne comptait que 4 points, n’avait toujours pas remporté le moindre match et c’est tête basse que l’ancien joueur d’Hanovre a été sommé de quitter le club. Pour faire le pompier sur le banc, les dirigeants ont alors fait appel à un ancien de la maison rouge et blanche: Benoit Pedretti, alors à la tête de la réserve. Censé assurer l’intérim, l’ancien international est finalement resté trois mois aux rênes de l’équipe première, avant de dire stop de lui-même.
Le président Ganaye comme bouc émissaire
Parachuté en catastrophe en janvier aux commandes de l’équipe, alors lanterne rouge, Albert Cartier n’a pas pu redresser la barre : avec cinq victoires seulement sur l’ensemble de la saison, Nancy file désormais en National et, en tribunes, la colère gronde. Elle ne cible pas tant le malheureux coach, mais bien plus les dirigeants et, en premier lieu, le président Ganaye, qui ne se montre que trop rarement au club. Son désintérêt, ses méthodes de management à distance et ses arrangements avec les autres clubs de New City, dont Ostende en Belgique, sont amplement critiquées.
Jeudi, 500 supporters nancéiens s’étaient réunis dans les rues de la ville pour une "marche funéraire", cercueils et fumigènes noirs à la main. Le slogan était limpide: "New City Capital a enterré notre club, il est désormais temps d'en faire le deuil". Ils se préparent désormais au pire, un éventuel dépôt de bilan, alors que l’avenir dans les étages inférieurs du foot français leur parait bien flou. De son côté, Ganaye l’a assuré: même après la descente, "les actionnaires ne se déroberont pas". Une promesse qui ne suffira pas pour reconquérir le cœur des supporters.