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Les Peaky Blinders fans d’Aston Villa? Le débat qui divise Birmingham

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Les Peaky Blinders, gang de Birmingham devenu célèbre par le biais de la série à l’énorme succès mondial, suscitent un vif débat sur le club de football qu’ils supportaient, certains historiens mettant en garde contre de nombreux raccourcis.

Quand une ville se dispute les faveurs d’un gang sanguinaire qui a fait régner sa loi et la terreur dans ses rues. Le débat fait rage à Birmingham sur le club qu’auraient supporté les Peaky Blinders, bande violente redevenue célèbre par la série éponyme au carton mondial diffusée sur la BBC avant de se répandre à travers la planète entre 2013 et 2022. Des clichés montrent bien certains de ses vrais membres assister, en costumes et avec leurs célèbres bérets cachant une lame de rasoir avec lesquelles ils agressaient leurs victimes, à un match de football entre West Bromwich Albion, club au nord-ouest de Birmingham, et Watford en 1920.

Favorables à Birmingham City... à cause du créateur de la série?

Et Aston Villa, adversaire du PSG en Ligue des champions, mercredi (21h)? Selon les échos, les personnages originaux ayant inspiré la terrifiante famille Shelby avec Thomas, brillamment interprété par l’acteur irlandais Cillian Murphy, étaient plutôt favorables à l’autre club de la ville, Birmingham City. Au moment de la sortie de la sixième et dernière saison en février 2022, Birmingham City avait été sommé "sur ordre de Peaky Blinders" de reprendre son nom originel de "Small Heath Alliance", dans une opération de communication.

Ce qui laisserait penser que les vrais Peaky Blinders avaient choisi leur camp et que ce n’était pas celui d’Aston Villa. Mais certains historiens battent en brèche cette théorie en assurant que cette accointance supposée a été créée de toute pièce par le créateur de la série, Steven Knight, lui-même fan des Birmingham City. Les cœurs des gangsters auraient battu pour plusieurs clubs… ou plus certainement aucun.

Birmingham City renommé "sur ordre des Peaky Blinders"

C’est la théorie du professeur Carl Chinn, historien et abonné à Aston Villa. Selon ce descendant d'un vrai Peaky Blinder, le gang n'aurait soutenu aucune équipe de football… pour une question de temporalité, a-t-il détaillé dans le podcast B2B Business Club en janvier dernier. "Je pense qu'il est devenu assez dangereux qu'une rivalité se soit développée autour de l'idée que les Peaky Blinders étaient des supporters des Blues (surnom de Birmingham City). Les vrais Peaky Blinders n'existaient pas. Déconstruisons tout cela. Je ne parle pas de football, mais de faits. Il n'y avait pas de Peaky Blinders dans les années 1920."

"La série est brillante, elle a beaucoup attiré l'attention sur Birmingham, mais c'est un drame", avait-il ajouté. "Elle est basée sur un gang de Small Heath dans les années 1920. Il y avait de nombreux gangs de Peaky Blinders, pas dans les années 1920, mais à la fin du XIXe siècle, et ils n'étaient pas concentrés dans une seule zone. Les principaux gangs existaient dans les années 1890 et au début du XXe siècle." Selon lui, ces hommes ne s'intéressaient donc pas au football.

Sa théorie se heurte à un scepticisme de fans qui ont aussitôt rappelé les dates de création des deux clubs de la ville à la fin du XIXe siècle: en 1874 pour Aston Villa, en 1875 pour Birmingham City, alors appelé Small Heath, soit dans la même temporalité que les Peaky Blinders de cette fin de siècle.

"Je comprends le lien: Steven Knight est un supporter de Birmingham City et, vous savez, il faut mentionner Small Heath", a insisté Carl Chinn. "Je comprends tout cela. Mais je pense aussi qu'il faut être prudent, car je parle à beaucoup de supporters de Villa qui sont très hostiles à la représentation d'une seule équipe. Je pense donc qu'il faut être prudent, et c'est tout ce que je dis. Je ne critique pas, mais je pense qu'il faut regarder la réalité en face."

Jouer la carte Peaky Blinders est en tout cas l’assurance d’être bien vu un peu partout dans la deuxième plus grande ville anglaise. Et Unai Emery ne s’était pas gêné pour l’abattre au moment de sa signature sur le banc des Villans en novembre 2022. Moqué pour son accent anglais lors de son passage à Arsenal (2018-2019), il avait expliqué avoir révisé la langue de Shakespeare devant la série. "Je préfère regarder une série difficile à comprendre comme celle-là au niveau de la langue, cela me permet de m'améliorer plus vite et de mieux comprendre les habitants de Birmingham", avait-il souri. Il y aura peut-être quelques bérets sur les têtes des 2.000 supporters d'Aston Villa au Parc des Princes, mercredi. Mais sûrement plus pour le style que pour pérpétuer un vraie-fausse tradition héritée de Peaky Blinders.

Nicolas Couet Journaliste RMC Sport