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Ligue des champions: pourquoi Manchester City n’y arrive pas

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Manchester City a encore échoué à remporter la Ligue des champions, le grand objectif du club depuis l’arrivée des actionnaires émiratis en 2008. Mais pourquoi les Sky Blues déraillent-ils autant alors qu’ils semblent lancés sur la bonne voie?

Cela fait désormais onze ans que Pep Guardiola a perdu la recette. Et six qu’il se casse irrémédiablement les dents sur le grand objectif pour lequel Manchester City l’a recruté en 2016: remporter la Ligue des champions. Mercredi, l’entraîneur espagnol a bien cru s’offrir une deuxième finale d’affilé avec les Sky Blues, la quatrième de sa carrière dans une compétition qu’il a remportée deux fois avec le Barça (2009, 2011). Oui, mais voilà: il s’est heurté au baron de la C1, le Real Madrid, renversant de deux buts en trois minutes l’avantage des Anglais dans les arrêts de jeu. Le Real Madrid s’est finalement imposé 3-1 et tentera de conquérir un 14e titre dans sa compétition, le 28 mai prochain face à Liverpool au Stade de France.

Manchester City, nouveau riche du football européen depuis l’arrivée des actionnaires émiratis en 2008, la suivra en spectateur. Et cela amuse beaucoup de monde, même le Spartak Moscou. Sur le papier, City a pourtant tout pour y arriver: de l’argent, du talent et l’un des plus beaux jeux en Europe. Mais cela ne suffit pas dans ce monde de pragmatisme où le renoncement et la peur n’ont pas leur place.

"Guardiola est si soucieux du contrôle que ses équipes ne savent pas comment gérer les situations lorsqu'elles perdent ce contrôle"

Thibaut Courtois, imprenable dans le but espagnol, a bien noté cette panique dans les rangs anglais après l’égalisation de Rodrygo. Il l’avait déjà remarquée chez un autre nouveau riche du foot européen plus tôt dans la saison. "On y croit même à 1-0, a rappelé le Belge sur Canal+. On n’était pas vraiment bien, puis arrive le 1-1 et on voit qu’ils ont peur. Je ne peux pas l'expliquer, c'est incroyable. Après l’égalisation, Paris l’a eu aussi, c’était la même chose, on savait qu’on avait le momentum."

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Arsène Wenger, désormais consultant pour beIN Sports, a lui aussi remarqué cette désorganisation dans les derniers instants fatals du temps réglementaire. Une défense approximative associé au refus des Citizens de fermer le jeu. Cela a failli payer avec deux énormes occasions en fin de match. Mais, les Anglais n'ont pas conclu et se font fait punir en retour.

"Regardez à 1-1, quand Grealish est contre Carvajal, il se fait passer facilement, trop facilement, fait remarquer Wenger. Il doit absolument se battre pour arrêter ce centre! Tu ne veux pas du ballon dans la surface, tout peut arriver quand tout le monde avance. C'est là que City n'a pas sécurisé le match, dans sa manière de défendre sur les côtés. Parce qu'ils ont concédé des occasions. Même quand vous regardez la remise de Benzema (sur le but de l’égalisation, ndlr), ils n'ont pas vraiment attaqué le ballon. Ils ont fait de grosses erreurs."

Depuis son arrivée, Pep Guardiola a bien fait entrer City dans une autre dimension. Son équipe engrange les titres (10, dont trois Premier league sous les ordres de l'Espagnol) en devenant une référence dans le jeu de contrôle. Mais cette obsession de la maîtrise serait aussi son talon d’Achille. "Guardiola est si soucieux du contrôle que ses équipes ne savent pas comment gérer les situations lorsqu'elles perdent ce contrôle", analyse The Independent. Les exemples sur la scène européenne avec Pep Guardiola abondent. Le journal met ainsi en évidence ces moments de flottement qui coûtent cher chaque saison.

Chaque saison, un trou d’air fatal de quelques minutes

Il y eut ces deux buts concédés en huit minutes face à Monaco en 2017 (6-6 sur l’ensemble des deux matchs avec la règle du but à l’extérieur encore en vigueur), ces trois réalisations concédées en 19 minutes face à Liverpool en 2018 (5-1 pour les Reds), les deux en trois minutes contre Tottenham en 2019 (4-4) ou encore ces deux en huit minutes face à Lyon en 2020 (3-1). Mercredi, Manchester City a craqué trois fois en six minutes avec la faute bête de Ruben Dias sur Karim Benzema comme point d’orgue de cette fébrilité. Seule la saison dernière échappe à cette règle mais City s’était cassé les dents sur Chelsea (1-0) en finale. Guardiola avait alors été critiqué pour avoir innové dans sa composition en se passant d’un véritable six de métier. Comme si l’entraîneur, aussi, cédait à la panique.

L’élimination en 2022 conservera le goût amer d’une double confrontation qui aurait dû tourner à la démonstration. Car son équipe a manqué un nombre invraisemblable d’occasions sur l’ensemble des deux matchs. City n’a pas été assez tueur et face au Real, bête féroce, cela ne pardonne pas. Onze ans de présence consécutive dans l’épreuve-reine des clubs (dont neuf qualifications de rang pour les phases à l’élimination directe) ne suffisent pas encore à créer un socle inébranlable dans les moments de doute.

"À la 89e, on ne se voyait pas en finale", se défend Guardiola

Guardiola n’admet pas ce dernier point. Pour lui, son équipe n’a pas pêché par suffisance à Bernabeu. "En première période, on n’a pas vraiment eu le jeu et quand on l’a eu en seconde période, on n’a pas réussi à mettre le 2-0, a confié le coach espagnol à la télévision espagnole. Et puis ils ont marqué… À la 89e, on ne se voyait pas en finale, car on a de l’expérience et on savait que ce n’était pas fait. Je n’ai plus qu’à féliciter le Real et Liverpool. On prend une grande claque, c’est clair. Mais on n’a pas réussi à donner de la continuité à notre jeu en première période." La raison de ces échecs est peut-être là: City se perd quand il échoue à faire en sorte que le match ne devienne pas incontrôlable.

NC