
Manchester United-PSG: De Gea, quand un gardien peut tout changer
Ne dit-on pas toujours qu'on ne remarque un gardien que lorsqu'il fait une bourde? Si l'adage est généralement vrai, quelques exceptions demeurent. Elles sont parfois chiffrées et les statistiques, rarement impériales pour traduire une impression laissée par un joueur durant une rencontre, sont tout de même parfois parlantes.
Le chef d'oeuvre face aux Spurs
Le 13 janvier dernier, David De Gea rappelait brillamment, à ceux qui en doutaient, qu'il possédait toujours sa place dans la hiérarchie des meilleurs gardiens d'Europe en livrant un chef d'oeuvre de prestation contre Tottenham. 11 arrêts au total - certes pas tous aussi spectaculaires que son arrêt réflexe du pied gauche sur corner à la 70e ou du droit quelques minutes plus tôt face à Dele Alli - soit un record dans un match de Premier League cette saison.
Quatre parades de plus et le portier espagnol battait son propre record du 3 décembre 2017, avec 14 arrêts contre Arsenal (3-1). C'est toutefois son nouveau record sans encaisser le moindre but. Avec également le plus grand nombre d'arrêts au pied pour un gardien (quatre) depuis la saison 2008-2009. Un mur.
>>> Profitez de nos offres pour vous abonner à RMC Sport
Un Mondial raté, un début de saison compliqué
Ce match est le symbole d'une renaissance, de la part d'un David De Gea sorti d'un été cataclysmique. La faute à une Coupe du monde complètement ratée avec l'Espagne, compétition durant laquelle il n'aura signé qu'un seul arrêt en quatre matches - séance de tirs au but incluse. Quelques jours avant le début de ce Mondial, le portier espagnol faisait face à des accusations de scandale sexuel depuis tombé dans l'oubli.
Deux facteurs qui expliquent sans doute en partie ses doutes et contre-performances de sa première partie de saison en club, tout comme ces incessantes rumeurs autour de sa prolongation ou non (il est sous contrat jusqu'en 2019 mais avec une année supplémentaire activable).
Le "meilleur gardien du monde", selon son très objectif coéquipier Ashley Young, avait parfois signé quelques brillants sursauts. Comme ce miracle sur sa ligne à la 71e minute du match contre les Young Boys en novembre dernier (sur une frappe de Fassnacht déviée par le dos de Mbabu), cet arrêt réflexe sur une frappe de Cuadrado déviée par le genou de Matic lors de la victoire contre la Juve (2-1), ou en fin de match pour sauver le nul contre Arsenal en décembre (2-2). Des éclaircies avant un brillant anticyclone.
L'homme-clé de la saison dernière
La saison dernière, David De Gea a rapporté à lui seul ou presque 14 points à son équipe. 14 points, un monde, qui a permis à José Mourinho de rappeler avant son licenciement que le club mancunien aurait été champion avec ce total de points (81e) en 2016 par exemple.
"Il a été joueur de l’année par les supporters quatre fois lors des cinq dernières saisons, rappelle notre consultant Julien Laurens. L’année dernière, il a gagné 14 points à lui tout seul sur la saison. Ce qui est énorme pour un gardien de but, derrière une défense aussi poreuse, ce qui était le cas l’année dernière. C’est grâce à lui que Manchester United avait une des meilleures défenses de la saison et qu’ils ont fini deuxièmes du championnat."
Elu "Gants d'or" l'an dernier, l'ancien joueur de l'Atlético avait achevé l'exercice avec 18 clean sheets dans sa besace. Quand on évolue derrière une défense faite de joueurs tels que Phil Jones ou Chris Smalling, c'est une performance.
Redevenu un mur?
Pour donner une idée du différentiel avec son début de saison, avant la nomination d'Ole Gunnar Solskjaer, il n'en avait signé... que deux en championnat depuis la reprise estivale (2-0 à Burnley et 0-0 face à Crystal Palace). Depuis le changement d'entraîneur... il en a signé quatre, au coeur de la série d'invincibilité des Red Devils.
"Dans l’ensemble, il est quand même solide même s’il est très de son total de clean sheets par rapport à l’année dernière, précise Julien Laurens. Il est derrière une défense plus instable. Cette année, il y a beaucoup de changements devant lui, il reste à un niveau impressionnant même s’il a connu quelques matchs difficiles, notamment contre Southampton. Il y a des matchs où il a fait des erreurs, il ne pourra pas rééditer ce qu’il a fait l’année dernière. Pour moi, c’était le meilleur gardien du monde, sans aucun doute."
Il est peut-être en train de le redevenir... grâce à un sourire retrouvé, aux côtés de celui qu'il avait connu à son arrivée. "Peut-être que c’est l’entraîneur qui nous transmet cette sensation de bonheur, estimait-il sur RMC Sport fin janvier. Il est toujours souriant, toujours heureux. Il nous donne envie d’aimer le football. C’est ce que nous faisons. Tout le monde est heureux, nous jouons bien. Nous gagnons, ce qui est primordial. On est plus en confiance grâce aux victoires. Nous sommes heureux, espérons que ça continue."
Pas d'équivalent côté parisien
Le PSG devra composer sans Neymar, ni Edinson Cavani et fait face à un casse-tête devenu récurrent au milieu de terrain. Mais sur le plan individuel, hormis ce Paul Pogba étincelant depuis plusieurs semaines, un seul joueur de Manchester United semble supérieur à son ou ses homologues parisiens. Et puisque deux choses rapportent des points dans un match - les buts et les arrêts - c'est un vrai casse-tête à résoudre.
Un gardien... de futsal?
D'autant que l'Espagnol tiendrait plutôt du profil de gardien de handball ou de futsal. "De Gea y va avec ses pieds deux ou trois fois plus que n'importe quel gardien de Premier League", analysait sur Sky Sports l'ancien gardien de Watford, Richard Lee, il y a quinze jours. Ce qui lui permet, par ce réflexe, de gagner de précieux centièmes en temps de réaction et donc d'intervention. Une technique de pied qui, selon le portier retraité, le fait parfois ressembler à un "danseur de ballets russes".
Joueur de champ jusqu'à ses 14 ans, David De Gea a longtemps pratiqué le futsal en Espagne et est parvenu à assimiler certaines techniques pour les retranscrire sur le rectangle vert. En Angleterre, la chose était une curiosité mais est en train de devenir une hype... avant de se faire norme? Les recrutements d'Ederson à City ou d'Alisson à Liverpool vont en ce sens.
Un temps dans le viseur du PSG - qui a récemment fait prolonger Alphonse Areola jusqu'en 2023 - David De Gea a quelques comptes à régler. Avec un club qui le courtisait et semble finalement s'en être désintéressé. Mais surtout avec des moqueurs qui faisaient de son creux estival un déclin définitif. Sans doute un peu tôt. La Juve en avait fait les frais alors même que son renouveau ne faisait que commencer.